SNCM : le PDG de Veolia s'engouffre dans la voie d'eau ouverte par l'Etat
SNCM : le PDG de Veolia s'engouffre dans la voie d'eau ouverte par l'Etat
L'Etat s'abstient et l'actionnaire Veolia s'engouffre dans la brèche. Mardi, lors du dernier conseil de surveillance, la représentante de l'Etat a fait le choix de ne pas donner mandat au directoire de la SNCM pour entamer des discussions avec le chantier naval STX à Saint-Nazaire, en vue de la commande ferme de quatre nouveaux navires. Dans la foulée, l'actionnaire privé Veolia Transdev a voté contre, entraînant l'ajournement de la séance, reportée au 7 mars prochain.
Jeudi, lors de la présentation des résultats annuels du groupe, le PDG de Veolia, Antoine Frérot, est revenu sur le dossier de la SNCM en demandant "la mise sous protection" de la compagnie par le tribunal de commerce de Marseille sans préciser le choix de la procédure – sauvegarde ou redressement judiciaire et "pas forcément une cessation de paiement ou un dépôt de bilan", a rapporté l'AFP. Les dirigeants de la SNCM, Gérard Couturier pour le conseil de surveillance et Marc Dufour pour le directoire ont aussitôt dénoncé "l'impact commercial et social extrêmement préjudiciable" créé par de telles déclarations. Ils contestent également la nécessité d'une protection du tribunal de commerce : "Il n'existe à ce jour aucune raison ni économique ni juridique" qui pourrait les contraindre à se placer sous le parapluie protecteur du tribunal de commerce.
Mettre la compagnie "à l'abri"
Par cette oukase, Antoine Frérot a profité du coin enfoncé par l'Etat pour rappeler les urgences vitales que la compagnie doit affronter dans un avenir immédiat. Et sa lecture du dossier est loin de suivre la feuille de route du plan long terme, bréviaire commun de la direction et des syndicats. Pour lui, il s'agit de mettre la compagnie "à l'abri des lourds remboursements d'aides exigés par la justice européenne". Dufour et Couturier ont beau rappeler que ces demandes de l'Europe sont contestées "aussi bien par l'Etat français que par la SNCM", elles relèvent de décisions de justice que la seule contestation politique ne suffira pas à rendre caduques.
Or, le président de l'exécutif corse, Paul Giacobbi a promis qu'il serait prêt à remonter jusqu'à Veolia pour obtenir le remboursement des 220 millions d'euros liés au contrat de délégation de service public. Pour les 220 autres millions liés cette fois-ci aux conditions de privatisation de la compagnie, là encore Veolia est au milieu du jeu puisque lié par une clause de revoyure inscrite dans son contrat. Difficile donc pour l'Etat d'avancer sur le dossier SNCM sans négocier avec son partenaire privé afin de trouver une solution au paiement même partiel de la double amende bruxelloise.
Du côté des syndicats, au nom de la CFE-CGC, Maurice Perrin a rappelé la nécessité de faire évoluer l'actionnariat en même temps que la commande des navires et les autres étapes du plan long terme : "Plus que jamais, la question de l'actionnariat doit être traitée en tout premier lieu et les conditions de sortie de Veolia et de Transdev, doivent être négociées immédiatement", martèle-t-il dans un communiqué. Au-delà de la position des dits actionnaires, le syndicaliste pointe "le double langage d'une partie de l'Etat". Depuis le 8 janvier, date de la réunion au ministère des transports qui a permis de mettre fin à la grève, le syndicaliste tape dès qu'il le peut sur le directeur de cabinet de Frédéric Cuvillier, Emmanuel Kesler, accusé d'être partisan de la ligne dure auprès du ministre.
"Vies parallèles de Plutarque"
Mais, au sein du cabinet de Cuvillier, il ne semble pas y avoir de ligne de fracture entre les tenants d'une disparition de la SNCM et ceux d'un maintien coûte que coûte de la compagnie dans sa forme actuelle. Au contraire, l'équipe du ministre tente d'avancer sur tous les aspects du dossier en même temps : "Cela ressemble aux Vies parallèles de Plutarque, glisse-t-on dans les couloirs du ministère. Il nous faut régler en même temps le contentieux européen, la relation avec les syndicats, celle avec la Corse, l'évolution de l'actionnariat…" A cette liste, il faudrait ajouter la relation avec les collectivités locales et les élections municipales en cours. Dans cette gestion en parallèle, aucun scénario n'est réellement écarté.
En marge du conseil des ministres des transports européens, le 5 décembre 2013, le ministre Cuvillier avait martelé sa volonté de sauver "l’emploi des marins français". Cela ne signifie pas forcément sauver la SNCM en tant que société. Antoine Frérot ne dit pas autre chose quand il dit dans Les Echos vouloir extraire de la SNCM actuelle les activités viables et "les loger dans une nouvelle entité, qui pourra alors trouver des repreneurs, car il lui faut de nouveaux actionnaires, sachant que Veolia ne la reprendra pas".
Voilà qui redonne du corps au projet de société d'économie mixte régionale porté en Corse par par Paul Giacobbi et réveillera les appétits jamais éteints parmi ceux qui attendent la fin de la SNCM pour s'en partager les restes. À moins de la malédiction bruxelloise ne poursuive tout successeur de la SNCM. En 2012, la Commission européenne a indiqué à propos du transporteur Sernam que "l’obligation de récupération [d'aides illégales] peut être étendue à une nouvelle société" en cas de "continuité économique entre les deux sociétés". Cela concernerait directement une société qui reprendrait la délégation de service public vers la Corse avec les navires et les marins de la SNCM. Mais l'État veut croire qu'une jurisprudence SNCM pourrait succéder à l'interprétation développée dans le cas Sernam.
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On voit tourner des vautours au dessus des navires de la SNCM amarrés dans le GPMM. Des vautours jaunes et blancs du Panama avec une tête de maure sur le flanc. Bientôt nous n’aurons plus le choix, il nous faudra embarquer dans des poubelles aux couleurs des vautours. Jaunes, du Panama. dib
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UN SCANDALE D’ÉTAT
VEOLIA et L’État savent qu’un redressement judiciaire mène au naufrage. Les solutions existent, mais les représentant de l’État sabotent toute solution. Pour comprendre tout cela:
http://alainverdi.tumblr.com/post/78108974528/sncm-le-naufrage-comme-therapie-une-potion-mortelle
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« La position des actionnaires de la SNCM (Transdev 66 %, État 25 % et salariés 9 %) pourrait s’assouplir ce vendredi lors du conseil de surveillance de la compagnie maritime. Mercredi, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a indiqué dans Les Échos qu’il demanderait «aux représentants de l’État de voter en faveur d’un mandat au directoire pour que puisse être négociée une lettre d’intention avec un chantier naval pour la construction des navires».
http://www.lefigaro.fr/societes/2014/03/07/20005-20140307ARTFIG00012-la-sncm-en-quete-d-argent-pour-acheter-deux-nouveaux-bateaux.php
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La SNCM va pouvoir acheter 4 navires. Heureux hasard, le chantier STX de St-Nazaire serait préféré à l’italien Fincantieri. Le premier navire devrait être livré avant les vacances d’été de 2016.
http://www.boursier.com/actualites/economie/la-sncm-obtient-un-feu-vert-pour-l-achat-de-quatre-navires-23271.html?sitemap
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