SDIS 13 : les 700 000 euros de paiements irréguliers ne seront pas remboursés

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le 24 Oct 2014
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SDIS 13 : les 700 000 euros de paiements irréguliers ne seront pas remboursés
SDIS 13 : les 700 000 euros de paiements irréguliers ne seront pas remboursés

SDIS 13 : les 700 000 euros de paiements irréguliers ne seront pas remboursés

En décembre dernier, la chambre régionale des comptes mettait l'ancien trésorier payeur départemental en "débet" vis-à-vis du service départemental d'incendie et de secours. Le fonctionnaire des finances, alors à la retraite, était condamné à verser plus de 700 000 euros au SDIS 13. Pour une petite part, cette somme concernait des vacations de pompiers volontaires versées de manière indue et que le fonctionnaire de Bercy a validé un peu rapidement. Mais l'essentiel du montant concerne deux marchés directement liés au Cireex, un centre d'entraînement fosséen dédié aux entreprises et créé par le SDIS dans le cadre d'un partenariat public privé aux contours nébuleux.

Déjà, en décembre, nous expliquions que le fonctionnaire avait peu de chance de sortir ces sommes énormes de sa poche. En effet, ces trésoriers-payeurs bénéficient d'assurances professionnelles dédiées. Le ministère des finances, son administration de tutelle, fait généralement preuve de mansuétude en lui accordant une remise gracieuse (limitée au versement d'une somme modique) à condition que la collectivité qui a subi le préjudice l'y autorise. Le 25 juin dernier, le conseil d'administration du SDIS 13 a ainsi été saisi d'une demande en ce sens et a voté sans barguigner.

"Sus à l'élu"

Son président Jean-Noël Guérini en a profité pour se payer une longue sortie sur les méthodes de la chambre : "Monsieur le préfet, nous voulons être contrôlés par la chambre régionale des comptes, par la Cour des comptes, par tous les organismes. Mais la majorité des contrôles se font « sus à l'élu ». C'est-à-dire que les élus sont tous des bandits et font n'importe quoi, etc. Ce n'est plus possible. Nous sommes en République".

Dans le procès-verbal de la séance, que nous nous sommes procurés, il poursuit par un touchant plaidoyer pro domo : "Aujourd'hui, gérer une commune, c'est une dévotion fabuleuse, au détriment de sa propre vie de famille. Si l'on ne peut plus rien faire, ce n'est plus possible, on n'a qu'à rentrer chez nous." Le directeur de cabinet du préfet tousse et le conseiller général UMP, Maurice Rey tente une sortie : "On ne peut pas taper sur le payeur. Mais 700 000 euros, ce n'est pas une somme anodine. Nous en avons discuté, et je pense que cela fait quand même quelques moyens supplémentaires qui pourraient profiter au Sdis, si l'on ne faisait pas cette remise".

"Nous n'encaissons pas"

Cette sortie lui donne droit à une vraie tombée de herse de la part des autres administrateurs. Le président Guérini : "Le SDIS n'a pas eu de préjudice". Puis le conseiller général de Lambesc, Jacky Gérard, d'ordinaire peut disert enchaîne : "Même s'il paie, nous n'encaissons pas". Du coup, le conseiller général UMP de Montolivet range gentiment son argumentaire : "J'ai bien fait de poser la question. Je vais m'abstenir au lieu d'être contre, parce que je pensais que cet argent revenait au SDIS".

Du coup, le président Guérini remet une couche : "On reproche plus des jeux d'écriture, des imputations, etc. Le SDIS n'a pas perdu d'argent". Ah bon ? Du coup, le remplaçant dudit trésorier payeur qui assiste aux séances du conseil d'administration se permet une intervention : "La dépense a été payée, le SDIS a déjà supporté la charge", tente-t-il d'éclairer.

Effectivement, les sapeurs-pompiers ont payé ces charges afférentes à la construction du Cirex. C'est d'ailleurs là que réside le préjudice subi puisque le trésorier payeur aurait dû refuser de décaisser ces sommes en l'absence de pièces justificatives lui permettant de le faire. C'est ce que le président de la chambre, Louis Vallernaud indiquait quand nous l'interrogions en janvier dernier : "Dans le cas d'un marché, nous regardons si la dépense a été régulière, c'est-à-dire si le paiement a été effectué avec toutes les pièces justifiant cette dépense. En l'occurrence, il a payé irrégulièrement sans avoir toutes les pièces nécessaires ou en ayant des pièces contradictoires. Il est donc considéré débiteur des sommes versées car il y a préjudice pour la collectivité pour quatre des cinq charges."

Sans respect des règles

Il ne s'agit donc pas de "jeux d'écriture" mais d'argent public dépensé dans le cadre de procédures jugées irrégulières par la chambre régionale dans son rapport définitif rendu public en septembre 2013. 202 000 euros correspondent au coût des travaux payés du partenaire privé, pris en charge par le SDIS. La CRC considérait qu'il s'agissait là d'un "marché public passé sans respecter les règles de liberté d’accès et d’égalité des candidats". Quant aux 500 000 euros restants, ils correspondent au prix payé par le SDIS pour le rachat des installations dudit centre de formation. Une reprise effectuée sans que la chambre ne trouve la moindre trace d'un "document, procès-verbal de réunion, relevé de décisions faisant état de négociations entre les parties et des arguments avancés". C'est ce qui s'appelle payer rubis sur l'ongle.

Un peu plus tard, lors du même conseil, le colonel Jorda évoque les caméras de surveillance de feu de forêt dont le marché avait suscité une visite de l'office anti-fraude de la commission européenne, il y a tout juste un an. En juin de cette année, l'Olaf recommandait à la commission d'opérer au recouvrement de plus de 200 000 euros de subventions. Quelques jours après cette décision, le quasi retraité colonel Jorda commente ce fait devant le conseil d'administration d'une formule évasive : "Les caméras ont été assez décriées". Un feu de paille assurément.

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Commentaires

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  1. JR Laplayne JR Laplayne

    Le trésorier payeur general n’est il pas un ami personnel du Conducator de Calenzane?

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  2. Marcelle Marcelle

    C’est le même Guérini qui explique qu’il vient bénévolement au SDIS. Sa fiche à la Haute Autorité pour la Transparence de la vie Publique (HATVP)mentionnait 15700 € de rémunération comme président du SDIS pour l’année 2013. On attend la suivante pour connaître ses petits avantages de 2014 suite à son élection bénie avec l’aide aux communes.

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  3. Anonyme Anonyme

    Ces gens là se disent responsables mais quand il s’agit d’assumer ses responsabilités il n’y a plus personne, c’est déplorable, ils se tiennent tous et se soutiennent tous au détriment du peuple car c’est toujours nous qui payons au final.

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  4. Hellef13 Hellef13

    Cet article est incompréhensible. Ne distingue pas la forme – les procédures administratives – et le fond: y-a-t-il eu concussion? A mon avis, non.

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  5. Citoyen, de L'Estaque Citoyen, de L'Estaque

    peu disert…

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  6. Eric13 Eric13

    association de malfaiteur “présumé innocent”…

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  7. Prends du cacao mon frere. Prends du cacao mon frere.

    Plus c est gros…….moins il y a de responsable.
    Plus c est administratif……….moins il y a de responsables et de juges d instructions.
    Il est bien plus simple de taper sur un entrepreneur,sur un délinquant,sur un chauffard qui roulait à 52 kmh.(et ce n est pas du populisme que de le dire même si je force le trait).
    Ce dossier est signalé par la CR des C,pourquoi le parquet ne demande t il pas une enquete préliminaire?
    Guerini est souvent ennnuié pour moins que çà non?
    Et bien parce que là il y a des fonctionnaires et qu in finé cela va nuire aux plans de carrières des magistrats qui tenteraient l aventure,c est la meme tribu,des cousins.
    Pour Ciot est près de 70 000€ on a vu débarquer la presse,la justice,les gendarmes,là non et pour cause.

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  8. Anonyme Anonyme

    encore un tpg en faute, c’est bercy et cette caste du trésor qu’il faut réformer en urgence

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  9. jacko jacko

    Et. Guerini et ses amis

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  10. jacko jacko

    Et. Guerini et ses amis

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