Sarkozy au Mucem sur la culture : un bilan et des chantiers

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le 25 Jan 2012
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Sarkozy au Mucem sur la culture : un bilan et des chantiers
Sarkozy au Mucem sur la culture : un bilan et des chantiers

Sarkozy au Mucem sur la culture : un bilan et des chantiers

En organisant une conférence de presse à Marseille quelques heures avant les vœux à la culture délivrés mardi midi au Mucem par Nicolas Sarkozy, le PS ne pouvait forcément pas répondre à son discours. C’est donc un « bilan des annonces et propositions des vœux précédents » auquel s’est livré Frédéric Martel, auteur de « J’aime pas le sarkozysme culturel », conseiller de Martine Aubry et accessoirement journaliste à La Marseillaise dans sa jeunesse.

RIP le « Conseil de création artistique confié à Marin Karmitz, aujourd’hui dissous« , diminuée la « gratuité des musées nationaux » et la « suppression de la publicité dans l’audiovisuel public » promise un temps par Nicolas Sarkozy, pas tellement une réussite la « carte musique pour les 12-25 ans » ou « l’abonnement gratuit à un quotidien »

Quant à Hadopi, celui qui tient un blog sur l’Express.fr lance une formule très geek : ce « dispositif répressif disproportionné » est « à lui seul une erreur 404 : technique, politique et juridique ». Et d’expliciter – entre deux critiques de cette loi contre le piratage et du concept de « culture pour chacun » porté par le ministre Frédéric Mitterand – sa définition du sarkozysme culturel :

Ainsi habillé pour l’hiver, Nicolas Sarkozy a lancé sous un mistral battant quelques annonces, comme un passage obligé. Il faut une « loi-cadre » sur la diffusion du spectacle vivant : « sans diffusion, la création n’existe pas », a-t-il lancé. Là où François Hollande rappelait le 19 janvier à Nantes son engagement à faire voter « une loi d’orientation » pour pallier la même insuffisance de nombre de représentations par spectacle. Autre info : la création « dès le mois de février, d’un système qui s’inspire de la taxe cinéma pour soutenir la musique ». C’est le fameux Conseil national de la musique, chantier de longue date qu’Hollande parlait de « reprendre  (…) pour en faire un outil au service de la diversité culturelle et de l’ensemble du spectacle vivant, et pas seulement de la musique enregistrée ».

« Un bien de première nécessité »

Autre thème : l’accès à la culture. « La spécificité de la France, c’est que nous considérons que les biens culturels sont des biens de première nécessité au même titre que l’eau que l’on boit, la nourriture que l’on mange », a assuré Nicolas Sarkozy. Avec l’avantage de livrer au passage une déclaration d’amour à un monde qui ne lui rend pas toujours. Mais sinon, comme faire en sorte que tous aient les moyens d’accéder à l’opéra, au musée, et même plus simplement à la musique et au cinéma ? Le président a cité la gratuité dans les musées nationaux sans laquelle « 3 millions de jeunes de 18 à 25 ans et 500 000 enseignants ne seraient pas venus ». Mesure qui on l’a vu a été rabotée par rapport à son ambition du programme du candidat de 2007.

Pas grand chose d’autre si ce n’est l’exemple du Centre Pompidou Mobile, qui sera – mais il ne l’a pas noté – à Aubagne lors de Marseille Provence 2013, pour illustrer l’aspect géographique de ce thème : « 70% des Parisiens fréquentent les établissements culturels (théâtres, musées…) contre seulement 14% dans des villes de moins de 20 000 habitants ». Voisinant, là encore indirectement, avec le candidat socialiste, qui souhaitait « qu’en matière culturelle comme ailleurs, l’équilibre territorial soit la garantie de la justice et de la solidarité », affirmant vouloir « irriguer tous les territoires oubliés, les zones abandonnées de nos régions, les quartiers délaissés de nos grandes villes ».

Mais c’est sur « un sujet qui [lui] tient à cœur, celui de l’Internet », que le président qui n’a pas d’ordinateur sur son bureau a le plus frontalement répondu à un adversaire qu’il n’a jamais nommé. Hadopi devait « susciter une prise de conscience chez le grand public et stimuler l’offre légale ». Processus en cours de réussite, estime-t-il. Il se dit donc « sidéré d’entendre certains dire que la loi Hadopi doit être abrogée et que – bien – après on verra si on peut trouver une solution consensuelle ». Cette idée, défendue par Hollande à Nantes, étant qualifiée de « désarmement unilatéral à l’égard du piratage ».

Hugo à la rescousse d’Hadopi

Et de se faire plus violent à l’égard du Corrézien, accusé de ne vouloir que faire plaisir aux jeunes : « C’est simplement la facilité, toujours la facilité de dire oui, oui. Car pour dire non il faut un minimum de courage ». Tandis que lui a « fait du respect du droit d’auteur la base de [sa] politique culturelle ». Et pour cela, après le fondateur du parti communiste italien Gramsci, c’est Hugo qu’il appelle à la rescousse avec « ce sophisme singulier, qui serait puéril s’il n’était perfide : la pensée appartient à tous, donc elle ne peut être propriété, donc la propriété littéraire n’existe pas ».

Le grand auteur parlait du système des pensions royales qui consiste, disait-il, repris par Sarkozy, à « prendre tout et rendre un peu. Spoliation et sujétion de l’écrivain. On le vole, puis on l’achète. » Pour le chef de l’Etat, « ce « sophisme singulier » connaît un avatar moderne. Il s’intitule « licence globale » ». C’est-à-dire un forfait permettant d’accéder à des contenus qui individuellement seraient gratuit, avec redistribution aux ayant-droit.

Problème, le chef de l’Etat n’a cité que très partiellement Hugo, oubliant qu’après la défense de la propriété littéraire il appelait dans le même discours à la mise en place du domaine public : « Le principe est double, ne l’oublions pas. Le livre, comme livr
e, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient ― le mot n’est pas trop vaste ― au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous. »
Pas tellement un plaidoyer pro-Hadopi…

Un lien Avec Sarkozy, la culture ne fait pas que des euros, sur Marsactu

Un lien Sarkozy au Mucem : meeting UMP ou coup de projecteur ?, sur Marsactu

Un lien L’intégralité des voeux de Nicolas Sarkozy sur l’Elysee.fr

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