Salha, juste un regard sur Kallisté

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le 10 Mar 2014
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Salha, juste un regard sur Kallisté
Salha, juste un regard sur Kallisté

Salha, juste un regard sur Kallisté

"Ce n'est pas terminé ? Tu n'as pas eu d'ennuis à cause de moi?", s'inquiète Salha, comme souvent lors de nos rencontres, le seuil de son foyer à peine franchi.  Le temps d'une série d'articles, cette habitante, notre "Dame-à-la-Limite" a accepté le jeu en racontant sa vie depuis Kallisté.

Elle a prêté sa voix, ouvert la porte de son logement et guidé nos pas à travers la cité. Par là-même, elle a permis d'appréhender le quotidien dans ce quartier. De cette expérience, Salha regrette avant tout d'avoir été un peu seule sur le devant de la scène. Au départ, deux autres femmes, habitant la Solidarité, aux profils différents, avaient accepté de participer. "Le fait de n'avoir que moi comme élément du quartier est assez difficile à porter, d'autant que ces deux personnes auraient apporté l'équilibre sur la balance puisqu'elles travaillent… Mon cas est peut-être un peu limite".

"L'envie de répondre"

Face à la violence de certains commentaires – parfois xénophobes – Salha, après une première incompréhension, tente d'en analyser les raisons. "Je n'ai d'abord pas compris cette haine. Surtout qu'elle provenait aussi de commentateurs qui eux-mêmes portaient un prénom maghrébin. Même s'il ne faut pas généraliser, je pense que c'est logique. Ils ont dû se sentir stigmatisés, parce que je suis une femme voilée, qui plus est étrangère, qui plus est qui ne travaille pas en ce moment. Ces commentateurs auraient sans doute préféré que l'on mette en avant une personne qui a réussi."

Après ces commentaires, Salha a réagi. Vivement. Elle y a répondu, "avec l'envie de répondre à tous. Même si je sais que je ne peux pas convaincre les gens et que souvent ils ne reviennent pas lire l'article. Mais au moins, je l'ai fait pour que les choses soient claires pour les nouveaux lecteurs, afin qu'ils ne restent pas sur les préjugés d'une personne". Ensuite elle a regretté sa vivacité et s'est presque excusée dans un nouveau commentaire pour sa perte de sang-froid. Aujourd'hui, Salha reste partagée. Entre le doute et l'énervement.

Un regret revient souvent, celui d'avoir peut-être trop versé dans la plainte. Mais Salha raconte les choses avec spontanéité et franchise. "Surtout, raconte-t-elle sans se départir de son grand sourire, j'ai fait lire le premier article à une amie et elle m'a dit que j'étais folle d'avoir parlé des dealers, pour moi et mes gosses. Puis, elle ajoute en riant : "Sinon cet article où j'ai peut-être trop parlé a un peu flatté mon égo."

"Seulement mon regard"

Pendant l'entretien, si elle ne retire rien de ses propos antérieurs, elle se rappelle d'anecdotes reflétant une certaine solidarité qu'elle aurait voulu davantage aborder, comme cet adolescent de treize ans prêt à garder ses enfants qu'il ne connaît pas, pour rien. "Je n'ai peut-être pas assez parlé des relations dans le quartier. Mais les gens, quand tu leur rends service, ils ne l'oublient pas."

Relisant les commentaires du deuxième article, Salha relève que "toutes les attaques se sont focalisées sur l'histoire des transports. Mais il était aussi question des bureaux de proximité qui ferment… C'est vrai que certains n'ont pas dû se reconnaître, même si mon quotidien rejoint tout de même celui d'autres habitants de la cité. Mais nombreux sont les gens de Kallisté qui de toute façon ne se rendent jamais au centre-ville. Enfin… après j'avais l'impression d'avoir moins de choses à dire cette fois-là. Alors que pour le dernier article sur les relations entre les voisins, il y avait plus d'échanges, j'ai moi-même appris des choses en discutant avec des gens." Certes, la galère administrative et la disparition des services publics ne constituent pas l'apanage de Kallisté. Mais cet exemple soulève des questions sur l'enclavement et l'isolement – processus toujours en cours – de ces quartiers, problème remis sur la table pour cette échéance électorale.

Globalement, Salha estime que son "cas n'est peut-être pas représentatif de tous les habitants. C'est seulement mon regard". L'expérience devrait se poursuivre avec d'autres habitants, afin de multiplier les témoignages sur un quartier complexe, peu raconté dans les médias en dehors du prisme des faits-divers. Pour cette dernière fois, Salha rechigne à se faire prendre en photo. Mais sa réticence disparaît très vite avec sa bonne humeur habituelle.

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Commentaires

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  1. isabelle isabelle

    Bon … expérience intéressante, cette femme est très sympathique c’est agréable mais les papiers sont trop inégaux, le format peu clair, à mi-chemin de l’enquête et du portrait … Dans ce dernier c’est curieux de ne revenir que sur Salha et non sur le “travail” et “l’approche” des journalistes … Bonne idée, bon casting mais incomplet, papiers mal conçus et mal réalisés (dont celui avec le son d’1/2h ni fait ni à faire). Il faut travailler plus que ça !!! 1 bon point pour la tentative quand même …

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  2. julijo julijo

    Ahhh ! Il n’y a rien à faire : ça choque profondément les propos non convenus, non formatés !! C’est réjouissant ! Certaines critiques sont à prendre comme des cadeaux. Merci Isabelle, bien des choses vous échappent et vous échapperont ! Toute ma solidarité, mon admiration, mon attachement à Elodie Crézé !! Changez rien, Elodie ! vous tenez le bon bout : la sincérité.
    Car, franchement, point n’est besoin d’un texte au cordeau, auquel on va donner un nom : une enquête, un portrait ?? On s’en fout.
    C’est riche, vivant, chaleureux….la vraie vie quoi !

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  3. Anonyme Anonyme

    Dommage que nous n’ayons pas plus souvent des articles aussi sincères décrivant avec simplicité la vie des cités marseillaises ou les services publics et sociaux ont été remplacés par la drogue le deal et la violence.
    Parole de femme ordinaire sensée, lucide….

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  4. Marseillais indigné Marseillais indigné

    Excellent article qui fait bien ressortir les difficultés rencontrées par les habitants des quartiers pauvres de Marseille: absence ou rareté des transports en commun handicap dirimant pour la recherche d’emploi ,le suivi d’une formation ,Rareté de ces emplois Pertes de temps engendrées par l’éloignement des services publics Courage Salha vos analyses sont pertinentes et vous rayonnez avec votre sourire et votre foulard élégant Merci Elodie

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