Saïd Ahamada (LREM) tente de sortir du peloton sur la route des municipales

Actualité
le 18 Juil 2019
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Ce mercredi, au Mundart, le député LREM Saïd Ahamada présentait les premières esquisses d'un programme municipal. Seul candidat déclaré pour le parti présidentiel, il veut avancer alors que son parti reste flou sur sa stratégie.

Saïd Ahamada, le 17 juillet 2019. (Image VA)
Saïd Ahamada, le 17 juillet 2019. (Image VA)

Saïd Ahamada, le 17 juillet 2019. (Image VA)

Saïd Ahamada ne veut plus attendre. Mercredi, le député LREM de la 7ème circonscription des Bouches-du-Rhône et candidat à l’investiture de son parti pour les municipales, présentait les grands axes de sa réflexion. Seul aspirant LREM à la mairie à défendre publiquement sa candidature, il a ainsi présenté devant la presse et entouré de représentants “de la société civile”, ce qui doit faire la base de son programme municipal. Un rendez-vous alors que l’été est bien entamé, et que la commission d’investiture des marcheurs ne semble pas près de choisir son candidat candidat pour Marseille, ni même la stratégie politique à adopter.

“Faire de la ville une capitale de la transition écologique”, construire la Marseille de demain avec “non pas un mais des centres où l’on peut se loger, travailler et se divertir”, réduire le taux de chômage grâce aux emplois créés par la transition écologique et enfin, se réapproprier le service public pour en faire un “service au public”. Voici en quelques mots ce que Saïd Ahamada a développé durant une heure au Mundart, grande brasserie chic de la Joliette, et fief de LREM. “J’ai déclaré ma candidature à l’investiture, maintenant je pense qu’il faut passer à une autre phase, celle du rassemblement des Marseillais et Marseillaises de la société civile. Il faut un cadre à la réflexion, pour que les Marseillais puissent dire comment ils imaginent la ville de demain”, a entamé le député empreint de sa détermination habituelle. À moins qu’il ne s’agisse d’impatience.

Soutien local affiché

À plusieurs reprises, Saïd Ahamada n’a pas manqué de le rappeler : “Je le remercie de sa présence”, “je le cherche du regard”, “Il ne me contredira pas”. Difficile de ne pas remarquer la présence dans la salle de Bertrand Mas-Fraissinet, référent des Bouches-du-Rhône du parti présidentiel. Ce dernier n’a toutefois pas pris la parole ni déclaré publiquement son appui. Aux côtés de Saïd Ahamada également, Laurence Bricteux, cheville ouvrière d’En Marche à Marseille depuis les débuts. Des signaux qui peuvent faire office de soutiens locaux, alors qu’il a face à lui plusieurs rivaux moins proches de la structure militante : le doyen de la faculté de droit Jean-Philippe Agresti, le président d’Aix-Marseille université Yvon Berland mais peut-être aussi le patron de l’UPE13 Johan Bencivenga. Malgré tout, en off, tout le monde n’est pas pleinement convaincu.

Il est “certainement grillé d’être parti trop tôt, mais on ne peut pas lui en vouloir, il a ça chevillé au corps, glissait il y a quelques jours un membre de la “team Marseille”, l’instance en charge localement des municipales chez En Marche. Il est peut-être trop clivant pour rassembler tout Marseille, mais il a l’âme, et ce serait le plus suivi par les militants. Mais ceux qui sont suivis par les militants ne séduisent pas toujours au-delà.” Selon cette même source, Paris ne devrait “pas prendre de décision avant septembre”.

Dans le silence assourdissant de Paris

Ce mercredi soir, pas l’ombre de l’un des députés LREM du département aux côtés de Saïd Ahamada. “En même temps, le mercredi, ce n’est pas le bon jour pour eux”, justifie la collaboratrice parlementaire de Cathy Racon-Bouzon, qui a tout de même fait le déplacement. Idem lors de l’inauguration de la nouvelle permanence du député, dans le 14e arrondissement, mi-juin. Aucun député n’a pointé le bout de son nez ce jour là. Pas même Alexandra Louis, “coincée dans un train”, informait alors son attaché parlementaire, qu’elle partage avec Saïd Ahamada. Mais si les élus semblent garder une distance raisonnable, certains n’hésitent pas à lui tresser des louanges en off.

“Saïd Ahamada a énormément de qualités, il est légitime, tout est ouvert, il faut d’abord clarifier la méthode. Viendra l’incarnation un peu plus tard. Il a un potentiel énorme, notamment pour rompre la fracture Nord-Sud”, veut croire l’un d’entre eux. Et la présence en nombre de militants associatifs des quartiers populaire lors de l’inauguration de sa permanence parlementaire en juin va dans ce sens. Rachida Tir, suppléante du député, mais aussi figure du militantisme associatif dans les quartiers Nord, en parle comme d’une évidence, à la première personne du pluriel : “On l’admire en tant qu’élu, sa façon d’être dans les quartiers. Ce qui se décide au national me dépasse. Nous, on veut Saïd ! Pas parce qu’on le connait, mais parce qu’il nous ressemble. Il est notre dernier espoir.” Pour mobiliser l’électorat des quartiers populaires convoité par la gauche, l’enfant de la cité Félix Pyat a forcément une carte à jouer.

Mais le silence assourdissant de Paris commence à titiller le principal concerné. “J’attends une stratégie claire”, confiait-il à Marsactu un tantinet agacé en juin. Pour lui, une chose est sûre : pas question de jouer l’alliance dès le premier tour avec LR, comme semblent l’envisager certains autres candidats à l’investiture LREM.

Pas d’alliance avec la droite

Jean-Philippe Agresti, s’est ainsi chargé du discours inaugural de la soirée aux airs de lancement de campagne de Martine Vassal (Lire notre article). Une stratégie que soutient jusqu’ici la députée de la 2e circonscription Claire Pitollat. La présidente LR de la métropole et du département a en retour clairement appelé le parti présidentiel à une alliance avec sa famille politique. La venue de Brigitte Macron à Félix Pyat, en compagnie du doyen de la faculté de droit il y a quelques semaines et son fameux dîner en compagnie du maire et de Martine Vassal, avait donné à Agresti l’aura du favori supposé du président. Depuis la donne pourrait avoir changé.

“Agresti s’est grillé tout seul. À Paris, ils l’ont débranché parce qu’il a trop pris les devants avec cette histoire d’alliance”, croit-on savoir dans l’entourage des parlementaires LREM. Même son de cloche, en moins imagé, du côté du ministre du numérique, interrogé par Le Monde mi-juillet. “Lors de sa venue, Emmanuel Macron a clarifié la ligne : on ne peut pas faire avec les gens qui n’ont pas su faire pendant les vingt-cinq dernières années”, a confié Cédric O. Une tendance qui a depuis rassuré Saïd Ahamada. “Vous ne trouverez pas un marcheur qui est pour. C’est un non sujet, a-t-il commenté ce mercredi, tourné vers Bertrand Mas-Fraissinet. Et une fois qu’on l’a évacué, parce qu’il n’y aura pas d’accord, je peux vous dire que je ferai partie de l’aventure.” Reste à savoir si ce sera en tête de liste.

Pour le moment, Saïd Ahamada reste loyal. Pas question de se présenter sans son étiquette LREM si son parti venait à choisir une autre personnalité. “Je sais à qui je dois ma place de député”, ne déroge-t-il pas. Il se dit prêt à partager ses réflexions de programme. “Je n’ai pas le copyright”, sourit le député, condamné pour le moment à faire campagne sur des hypothèses. Saïd Ahamada espère être élu à Marseille, mais il lui faudra d’abord convaincre Paris.

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Commentaires

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  1. lilicub lilicub

    On admire l’acuité de Violette Artaud quand il s’agit de restituer les moindre faits et gestes du marcheur (ex Modem – PS – et un peu EELV) Saîd Ahamada. On attend la même acuité pour nous informer sur ceux qui meurent dans les rues de Marseille. Chacun à les veilles qu’il peut.

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    • Zumbi Zumbi

      personne ne vous oblige à lire Marsactu, et personne ne peut vous contraindre à l’honnêteté intellectuelle.
      Avez-vous reproché à Marsactu de ne pas parler des morts des rues lorsqu’il a publié des dizaines d’articles, depuis l’actu jusqu’à l’enquête approfondie, aux desastres du mal-logement à Marseille ?
      Avec une équipe réduite on a diverses options, entre autres essayer de tout couvrir, et dès lors on fait comme ces médias qui ne publient que des dépêches d’agences à peine réécrits, ou bien on sélectionne certains sujets pour les couvrir sur le long terme en connaissance de cause. Ça peut se discuter, mais c’est clair. Pour ma part j’apprécie cette stratégie. On verra quand Marsactu sera le premier média de Marseille…

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    • Input-Output Input-Output

      L’info reste intéressante mais il est vrai que la candidature en solo de SA et son autopromotion dans un café de la ville, aussi chic soit-il, est un épiphénomène comparé à l’épineux sujet de l’éventuelle union LR-EM…
      Attendons donc septembre pour en savoir plus sur ce sujet…

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    On admire le caractère toujours constructif des commentaires de @lilicub. Et encore, dans celui-ci, ne trouve-t-on pour une fois ni le mot “Guérini”, ni le mot “clientélisme”.

    A chaque problème sa solution : il est permis de ne pas lire Marsactu.

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    • Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

      Je me demande si Lilicub n’est pas un personnage fictif inventé par Marsactu pour animer le forum ?

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  3. Opiniatre Opiniatre

    Saïd Ahamada est probablement leur meilleur candidat, même s’il est peu probable qu’il ait l’investiture quand on voit le coup de barre à droite de LREM. N’oublions pas que les “gauches” pèsent entre 30 et 35% à Marseille, que le processus d’unité est en route (cf. l’appel de la semaine dernière), et qu’elles ont avec Benoît Payan la personnalité capable de cristalliser. Dans un deuxième tour qui va être très compliqué (élections par secteurs, triangulaires, quadrangulaires, dissidences Gilles ou Narducci…) et un troisième tour pas forcément simple (y aura-t-il une majorité absolue ?), Saïd Ahamada pourrait faire parti d’une équipe de salut public sans RN et sans la majorité sortante dont le bilan est juste effroyable.

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    • Raymond Dayet Raymond Dayet

      Parlons en de “l’appel des gauches” de la semaine dernière!! Quand on prend la liste des signataires, on retrouve les mêmes têtes qui ont coulé la gauche à Marseille: Monsieur Copolla 20 ans à la tête du PC et élu depuis des lustres, Madame Benmarnia suppléante de Mennucci, Madame Poncet Ramade élue il y a des années et qui avait disparu de la circulation, des intellectuels qu’on nous ressort à chaque élection, des responsables d’associations qui reçoivent des subventions publiques depuis des années. Quant à Benoit Payan, il a fait toutes les crèmeries du PS; Vauzelles, Caselli, Carlotti et bien sur Guérini pour qui il a travaillé pendant des années. Sans compter qu’il a été élu en 2008 sur les listes d’Andrieux dans le 13-14 où ses absences ont été plus que remarquées. Parlez-en aux habitants de ce secteur, ils vont vous dire ce qu’ils en pensent de M. Payant. ils l’appelait Fantomas! il a été élu pendant 6 ans chez eux et ils ne l’ont quasiment jamais vu. Et c’est avec ça que vous voulez faire le renouveau de la gauche!
      Un peu de sérieux et de retenue s’il vous plait.

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    • leravidemilo leravidemilo

      Le problème avec la “christalisation”, c’est que c’est encore plus problématique qu’avec l’incarnation, pour laquelle existe quand même, au coeur du tout venant idéologique, une vague tradition religieuse… Quant à voir une démarche unitaire des gauches marseillaises se “cristalliser” dans B Payan, et le bon peuple suivre, autant remonter à la tradition alchimique!
      Pour ce qui est de voir en S Ahamada une des figures du salut public, il semble urgent de laisser passer les épisodes caniculaires, d’attendre Octobre novembre, histoire de voir la gueule qu’il aura, le “salut public”….

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  4. petitvelo petitvelo

    Des idées attrayantes pour les marseillais, mais probablement trop d’écologie, de rupture avec la majorité actuelle et le patronnat, trop de rassemblement local pour avoir le tampon parisiano-jupitero-marcheur.

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  5. ALAIN B ALAIN B

    Le meilleur candidat !!!!
    Le meilleur candidat pour tromper les habitants des quartiers Nord
    S’il veut des services publics déjà qu’il signe contre la proposition de la privatisation d’ADP
    En Marche c’est la droite et les habitants de nos quartiers n’ont rien à gagner avec ce parti ultra libéral
    E

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  6. ALAIN B ALAIN B

    Le meilleur candidat !!!
    C’est le meilleur candidat pour tromper les habitants de s quartiers Nord
    En Marche est un parti de droite ultra libérale
    S’il est pour les services publics déjà qu’il signe la proposition de loi contre la privatisation des aéroports de Paris
    Non il gérera pour ses amis, nous avons l’exemple de DATI qui venant d’un quartier populaire, qui a habité dans une HLM et qui aujourd’hui refuse la construction d’HLM dans l’arrondissement de Paris où elle est maire
    Non la droite fera une politique de droite et nous pouvons supposer que des rapprochements avec des élus de la mairie de GAUDIN ont lieu pour se désister au deuxième tour s’il n(y a pas de liste commune

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    • leravidemilo leravidemilo

      Oui, le meilleur, à l’heure qu’il est, pour tromper les habitants des quartiers nord, le plus fort pour l’enfumage. Les services publics, il les privatise tous, des aéroports, aux 150 barrages hydrauliques, en passant par les routes nationales (loi sur la mobilité) et … Il enlève quelques mois d’indemnité aux chomeurs et rajoute quelques années de turbin aux futurs retraités… Mais bon, y en toujours quelques pour en redemander. Mais c’est vrai que c’est moins pire, donc mieux, qu’un Castaner qui distribuerai illico ses breloques d’honneur aux flics les plus cogneurs! Y’a pas photo!

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  7. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    Les dernières élections significatives de la situation marseillaise ne seraient elles pas les régionales ? La danse du ventre de Camard envers Castaner entre les deux tours, un vague souvenir ? un Déni ?
    Marseille a une majorité de votants d’extreme droite et bien sûr tous les élus n’y sont pour rien…..

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    • Raymond Dayet Raymond Dayet

      Titi du 13, heureusement qu’il y a des gens comme vous qui ont de la mémoire. C’est vrai que lors de l’entre 2 tours des régionales , alors de Marion Maréchal était en position de gagner la Région, il me semble en effet me souvenir que certains comme Madame Camard qui était alors chez les Verts et Monsieur Coppola n’étaient, pas très chauds pour le désistement républicain pour faire barrage au FN. Heureusement que M. Castaner a tenu bon et n’a pas cédé.

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