Rythmes scolaires : les sept familles de la débrouille parentale

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le 26 Sep 2014
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Rythmes scolaires : les sept familles de la débrouille parentale
Rythmes scolaires : les sept familles de la débrouille parentale

Rythmes scolaires : les sept familles de la débrouille parentale

Colère des parents, grogne des syndicats, offensive de l'opposition politique… Dans la réforme des rythmes scolaires à Marseille, il y a l'agenda officiel avec plusieurs dates cochées : le prochain conseil municipal le 13 octobre, ou la visite de la ministre Najat Vallaud-Belkacem à la Villa Méditerranée, le 28 du même mois. Il y a aussi un agenda invisible ou plutôt des milliers. Ceux des parents qui se débrouillent comme ils peuvent pour pallier l'absence d'activités périscolaires le vendredi.

Depuis la rentrée et jusqu'au mois de décembre au moins, les parents doivent trouver un mode de garde pour le vendredi après-midi et, dans une moindre mesure pour le mercredi. De manif en appel à témoins, Marsactu a recueilli les témoignages de celles et ceux qui rament entre recours aux grands-parents, RTT, temps partiel, prise en charge collective ou appel au privé… Découpée en sept grandes familles de la débrouille, notre enquête n'a pas de prétention scientifique mais elle permet de relever quelques constantes. La débrouille a un coût et le bouleversement qu'elle entraîne dans la vie quotidienne des familles retombe surtout sur les femmes qui doivent, encore une fois, gérer tout à la fois.

Je diminue mes horaires

La gestion des quatre premiers vendredis noirs a eu un impact très fort sur la vie professionnelle des parents et des mères en particulier. C'est en tout cas ce qui ressort des témoignages que nous avons recueillis. Nombre d'entre elles ont choisi de sacrifier quelques heures de travail – et le salaire qui va avec – pour ne pas laisser leurs enfants tout seuls. "Je suis en train de négocier un temps partiel pour me dégager les mercredis et vendredis après-midis. Cette situation subie nous met dans des dispositions très inconfortables de tous côtés, témoigne Marie Durand, employée à l'Agence locale de l'énergie et du climat, et maman de deux enfants scolarisés à la Loubière (5e arrondissement). Si tout ça demeure compliqué, j'ai la chance d'avoir un employeur compréhensif qui ne me rajoute pas de pression supplémentaire par des remarques désobligeantes."

Mais les choses ne sont pas toujours simples. Lisa Diouly-Osso est mère de deux minots, dont une petite fille à l'école élémentaire la Parade à Château-Gombert (13e arrondissement). "Le mercredi et le vendredi, je suis censée récupérer ma fille à 11h20 devant l'école, mais je ne peux pas me libérer de mon travail avant 11h30, explique cette employée d'une compagnie d'assurance, qui doit être de retour à son travail en début d'après-midi. Aujourd'hui, je suis en discussion pour un temps partiel mais c'est compliqué, cela me ferait perdre 200€ bruts par mois". Une diminution salariale non-négligeable quand Lisa doit investir 55€ par mois pour payer le centre de loisirs de sa fille. Et comme elle n'a rien trouvé à Marseille, celle-ci est inscrite à Plan-de-Cuques.

Certains parents travaillent déjà à temps partiel. C'est le cas de Pauline Bosset, trois enfants, qui vit dans le 10e arrondissement. Employée chez EDF, elle travaille déjà aux quatre-cinquièmes pour assurer la garde de ses enfants le mercredi. "J'ai aussi la chance de bénéficier d'une souplesse de la part de mon employeur, qui me laisse sortir plus tôt, quand j'en ai besoin, pour récupérer mes enfants", reconnaît-elle. L'arrivée d'une demi-journée supplémentaire sans mode de garde complique encore l'organisation de sa semaine. Elle donc trouvé une solution collective, un recours fréquent, exposé plus bas.

Je pose des RTT ou des congés (sans solde)

Poser des jours, une autre solution liée à la gestion du travail. Là aussi, les retours que nous avons eu sont nombreux de la part des mamans. A l'école Jean-Mermoz (8e), Marion Khalifa a deux enfants, un en maternelle et l'autre en élémentaire. Cette employée de la Maison de l'emploi travaille 39 heures par semaine. Son mari aussi mais c'est elle qui a dû jongler entre divers solutions pour ne pas laisser ses enfants à la rue. Chaque semaine a donc suscité une organisation différente. Outre l'appel à la famille pour certaines semaines, Marion a dû puiser dans ses congés. "J'ai posé mon vendredi, la première semaine. Mais là, je n'en ai plus à poser et je ne me vois pas prendre de congés sans solde", ajoute-t-elle. 

Rencontrée sur le Vieux-Port, lors de la manifestation du deuxième vendredi noir, une mère de famille, venue exprimer son mécontentement aux côtés de deux amies, nous a confié être obligée de poser des congés sans solde. Elle s'est ainsi privée de rémunération pendant plusieurs vendredis d'affilée. "Dans la plupart des entreprises, on ne peut pas poser des congés du jour au lendemain. Forcément, c'est sans solde et encore, heureusement, que je ne travaille pas dans un gros cabinet d'audit, sinon, je pense que ça ne serait pas passé", raconte-t-elle. Mais, là encore, le stock de congés sans solde n'est pas inépuisable.

J'aménage mon temps de travail

Suite à notre appel à témoins, nous avons eu de nombreuses réactions de pères davantage pour protester que pour évoquer les moyens de la débrouille. En revanche, ceux qui en parlaient faisaient état d'une gestion des horaires plus souples, même si, là encore, on ne peut en faire une généralité. "Je ne m'organise pas, je subis", répond d'abord Hervé Paraponaris, plasticien et père de deux enfants à l'école François-Moisson (2e arrondissement) avant de préciser : "Ma compagne a des horaires qui sortent du cadre de l'école. Je prends sur mon temps de travail pour pouvoir récupérer mes enfants et aller manifester le vendredi après-midi à la mairie". Ce père de famille a vu son emploi du temps chamboulé depuis la rentrée. "Je travaillais normalement, tous les jours. Là, je dois récupérer mes horaires les week-ends ou la nuit. Je bosse sur des gros dossiers et je joue ma vie sur la communication publique, je suis terriblement perturbé par tout ça", explique-t-il.

Comme lui, Patrick Delorme, travailleur indépendant, jongle entre ses heures de travail et son enfant de cinq ans, scolarisé à l'école Saint-Vincent-de-Paul, dans le 4e. "Je n'ai pas le choix. Mais mes heures non-travaillées sont des heures perdues, souligne-t-il. La mairie a mis en place une garderie dans l'école mais je ne veux pas laisser mon enfant avec n'importe qui". Sa compagne travaille également et leur enfant va chez une nounou le mercredi après-midi. "Le vendredi, je voudrais qu'il fasse des activités avec d'autres enfants, qu'il s'épanouisse". En attendant, c'est lui qui l'occupe. Après l'avoir amené à la première manifestation, il profite des beaux jours pour faire notamment des sorties à vélo. Mais pour ce travailleur indépendant, cet aménagement des horaires est aussi synonyme de réduction salariale.

Je m'organise collectivement

Si ces événements ont pu avoir un avantage quelconque, c'est celui de la solidarité entre parents. Unis par la même colère à l'encontre de la Ville, ils n'ont pas hésité à s'organiser entre eux. Pauline Bosset a ainsi établi un planning strict pour ses vendredis. "Je me suis arrangée pour laisser mes enfants à une maman, un vendredi sur deux. En échange, je garde ses enfants certains mercredis, comme je ne travaille pas ce jour-là", précise-t-elle. Une solution qui n'est apparemment pas isolée. Avec deux enfants scolarisés à Saint-André (16e), Lauriane Michel pose des RTT le mercredi et s'arrange avec deux autres familles pour le vendredi. "On vient de mettre en place un tour de rôle de garde, donc je garderai cinq enfants un vendredi sur trois", dit-elle.

Toujours sur le plan de l'entraide, les outils numériques sont un allié de choix. Création de pages Facebook, agendas collectifs en ligne… Outre leur utilisation en tant que support de la colère, les réseaux sociaux peuvent se transformer en outils de gestion. Croisée lors d'une manifestation, Sophie, dont les deux enfants sont scolarisés à l'école du cours Julien (6e), a mis en place, avec d'autres parents d'élèves, un Doodle, une sorte de planning communautaire. "On y a mis nos numéros pour savoir qui était disponible et de combien d'enfants on pouvait s'occuper. On commence par un pique-nique devant l'école et chacun propose ensuite des activités, explique Sophie. Notre démarche s'appuyait sur l'idée que si on passait par des solutions individuelles, on disparaissait." Tant qu'il fait beau, les enfants sont donc gérés collectivement sur le cours Julien. Avec l'arrivée de l'automne, la prise en main risque d'être plus complexe.

Le coup de fil à ma famille et mes amis

La famille, valeur de référence. Liens du sang ou amis très proches, c'est la solution privilégiée. Après avoir posé un jour de congé le premier vendredi, Marion Khalifa, la maman du 8e, a ensuite fait appel à sa mère qui habite Cassis, puis à sa marraine. Pour elle, la famille reste malgré tout un bon moyen de ne pas se discréditer auprès de son employeur. "Les congés, on peut les poser la première semaine mais on ne peut pas en abuser", explique-t-elle.

Dans la famille, il y a aussi des recours auxquels on ne pense pas forcément. Ainsi, nous avons reçu un témoignage de Karine Plasse, enseignante dans un lycée professionnel. Face à l'absence de certaines de ses élèves le vendredi après-midi, elle leur a demandé de se justifier. La réponse a été surprenante : "Elles m'ont alors expliqué devoir garder les plus petits de leur fratrie le vendredi après-midi ! Cette situation a plus de répercussions que je ne l'aurai envisagé…"

De son côté, Cécile Ravix, mère de trois enfants dont la dernière à l'école primaire de la Timone (10e), fait plutôt appel à ses amies. Ingénieure de recherche à la faculté de médecine, elle travaille à temps complet, tout comme son mari, lui aussi ingénieur. "Le mercredi à 11h30, notre fille est récupérée à l'école par une amie, qui l'emmène chez une autre amie pour l’après-midi. Cette organisation nous permet d'éviter de nous absenter du travail", confie-t-elle.

Je fais appel au privé

Outre les parents qui ont décidé de placer leurs enfants en école privée pour éviter la galère des nouveaux rythmes scolaires, certains trouvent également des solutions pour les activités périscolaires dans le secteur privé. Lors de la seconde manifestation devant l'Hôtel de ville, Isabelle est venue faire entendre sa voix avec deux copines. Comme tant d'autres, elles jonglent entre papi, mamie et les congés sans solde. Mais Isabelle a trouvé une parade plus permanente : prendre elle-même en charge les activités périscolaires. "J'ai inscrit ma fille à un cours de couture. L'avantage est que l'atelier est juste à côté de l'école et la jeune femme qui l'organise va chercher ma fille à la sortie de l'école, confie-t-elle. Mais ça me coûte quand même 200 euros le trimestre." Si on ajoute à cela le manque à gagner lié aux jours de congés sans solde, cela commence à alourdir la facture de l'école gratuite et obligatoire.

Le secteur de la garde d'enfants connaît également une belle embellie. Entre ceux qui retournent à la crèche ou embauchent une nounou, c'est la solution la plus simple et la plus coûteuse. Marlène Hyvert a néanmoins fait ce choix. "On jongle avec deux nounous : une en début d'après-midi, l'autre en fin. Voilà à quoi nous en sommes réduits pour que notre enfant fasse des choses sympas…", explique cette maman. Embauchée en septembre, elle ne pouvait pas vraiment faire autrement.

Je ne travaille pas (ou plus)

Il est toujours plus facile de garder ses enfants quand on reste à la maison. Pourtant, être contraint de rester chez soi peut entraîner d'autres difficultés. Baptiste Lusson, papa de deux enfants scolarisés près du cours Julien, est membre du collectif DZ et de celui qui s'est monté à Notre-Dame-du-Mont. Au chômage depuis quelques mois, il se rend régulièrement aux réunions et laisse entendre son désarroi. "Je cherche du travail mais je ne peux pas trouver vu que je dois garder mes enfants quand ils n'ont pas école", explique-t-il.

Parfois l'absence de solution tourne au tragique. Lors d'une manifestation, nous avons croisé Sophie, une infirmière de l'hôpital Nord qui vit aux Fabrettes (15e). Alors qu'elle demandait un temps partiel, son service a refusé pour cause de manque de personnel. La situation a fini par dégénérer. "Avec des horaires de 7 heures à 19 heures, je n'avais aucune solution. Cette situation a engendré trop de choses, je suis tombée en dépression". Sans autre alternative, Sophie est, depuis, en arrêt maladie.

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Commentaires

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  1. jexprime jexprime

    J’ai mis mon fils au centre aéré dans le 4/5. Il reste plein de places libres !!!!!!!!!
    Donc apparemment, la débrouille marche mieux.
    Tout ca pour ca

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  2. Anonyme Anonyme

    Mon fils est inscrit dans un centre aéré mais il faut l’emmener donc la perte de temps est la même je suis obligée de récupérer mes heure de travail donc plus de temps au centre aéré lus de fatigue plus de trajet où est le bénéfice pour mon enfant qui ne sait plus quel jour il fait quoi avec qui????

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