Ryanair : envoyé "en Sibérie", un pilote marseillais démissionne

Ryanair : envoyé "en Sibérie", un pilote marseillais démissionne

Décidément, Morgan Fischer n’était pas fait pour s’entendre avec Ryanair. En septembre, ce pilote avait renvoyé son patron dans les cordes en ironisant sur sa proposition de supprimer les co-pilotes. Hier, le Financial Times nous annonçait qu’il a remis sa démission à la compagnie.

Il faut dire qu’en terme de mutation, le passage de Salon-de-Provence à Bergues du film Bienvenue chez les Ch’tis paraît une promotion comparé à ce qui lui a été proposée en vue de la fermeture de la base marseillaise : résidant à Aix-en-Provence avec sa famille, le commandant de bord aurait dû faire ses valises pour Kaunas, Lituanie. No offense, comme disent nos amis irlandais, mais « Kaunas, c’est la Sibérie pour les pilotes de Ryanair », confie un collègue au FT. Forcément, Morgan Fischer soupçonne Ryanair d’avoir pris un malin plaisir à l’envoyer « au milieu de nulle part », poursuit l’employé.

Mutation obligatoire

Mais la réalité est peut-être plus simple : en parfait syndicaliste – du moins dans l’esprit, de telles entités sont interdites chez Ryanair – il souhaitait discuter des conditions de la mutation, « car il était inquiet que la compagnie low cost puisse traiter le changement de base comme une acceptation d’un nouveau contrat, potentiellement moins favorable ». Contrairement à la plupart de ses collègues, qui avaient précisé leur préférence entre l’Espagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et la Lituanie, il s’est donc retrouvé dans le rôle du bouche-trou. Direction la Sibérie.

C’est aussi ça le modèle Ryanair, comme nous l’avait expliqué le P.-D.G. Michael O’Leary à Marseille : les salariés doivent accepter d’être mutés dans le mois qui vient dans toute l’Europe. Entre autres joyeusetés, une chargée de recrutement l’avait confirmé à l’émission de France Inter Là-bas si j’y suis. Dans le cas contraire « nous respectons leur décision et leur souhaitons tous les succès pour leur future carrière », comme le dit poliment le directeur de la comm’ Stephen McNamara. Pour Morgan Fischer cela devrait bien se finir : il a déjà une offre d’embauche dans une compagnie américaine. Farewell.