Rocade L2 : qui va payer les travaux sous le Merlan ?

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le 3 Déc 2014
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Rocade L2 : qui va payer les travaux sous le Merlan ?
Rocade L2 : qui va payer les travaux sous le Merlan ?

Rocade L2 : qui va payer les travaux sous le Merlan ?

"Mais qui a eu l'idée de construire un centre commercial au-dessus d'un tunnel ?". Si ce ne sont pas les mots, c'est en tout cas le sens de la question posée par le préfet Michel Cadot lors de la réunion du comité de pilotage de suivi du chantier de la rocade L2, lundi 1er décembre. En effet, les travaux à entreprendre sous la dalle du centre urbain du Merlan étaient à l'ordre du jour de cette longue réunion. "Gaston Defferre, bien sûr", a répondu Robert Assante, le vice-président de la communauté urbaine à l'interrogation du préfet. "Ma sortie a étonné le préfet mais j'étais le seul dans la salle à avoir connu Gaston Defferre sur les bancs du conseil municipal. S'il n'a pas dessiné les plans du Merlan, vous pouvez être sûr que c'est lui qui les a validés." Au final, cet échange savoureux sur l'héritage Defferre n'apparaîtra pas dans le compte-rendu de la réunion.

Pourtant, le legs en béton de la période Defferre affleure çà et là lors de cette réunion du comité de pilotage. A l'époque, il s'agissait de construire un quartier, la ZUP n°1 autour d'une voie rapide. 40 ans après, il s'agit d'installer une autoroute sur le même tracé. Du coup, depuis le démarrage du chantier, les sujets s'amoncellent en talus sur la table des financeurs du partenariat public-privé. Il s'agit notamment de débattre des nécessaires ajustements entre ce qui relève du cahier des charges de la SRL2, filiale de Bouygues et "PPPiste", ou des autres acteurs, les collectivités et l'Etat. Et l'épais document mis en place par les services de l'Etat est loin d'avoir tout réglé.

Sous la dalle

Entre autres passes d'armes entre les uns et les autres, il a donc été question du passage de la L2 sous le centre urbain du Merlan. Lors de son inauguration en 1976, cette immense dalle de béton était présentée comme une prouesse technique permettant d'accueillir le premier centre commercial marseillais mais aussi un immense parking et des services publics comme un commissariat, une bibliothèque et une salle de spectacle devenue depuis la scène nationale du Merlan. Depuis cette époque du triomphe de l'architecture sur dalle, l'ouvrage a vieilli, plutôt mal pour ce qui est de ses soubassements.

Cela ne concerne pas directement le maître d'oeuvre des travaux. En effet, comme nous l'écrivions en juin, la SRL2 doit réaliser des murs de protection de part et d'autre de la rocade pour protéger les piliers qui soutiennent la dalle du Merlan. En revanche, elle n'est pas concernée par le reste des travaux nécessaires au passage de la future autoroute urbaine. "Il y a eu un débat assez vif entre les représentants de la Ville et le préfet pour savoir qui était propriétaire de quoi sous le centre urbain", souligne Robert Assante. En effet, à l'époque de sa création, la maîtrise d'ouvrage était confiée à une société mixte, la Somica, dirigée par Philippe Sanmarco avec un double pilotage Ville/Etat. C'est elle qui était chargée de faire sortir de terre la ZUP n°1, la rocade et ce centre urbain de 76 000 carrés sur huit niveaux. Aujourd'hui, la répartition des propriétés et donc des responsabilités est toujours posée.

"Le débat est de savoir si la responsabilité des travaux, et donc leur financement, relevait de l'Etat, de la Ville ou du propriétaire du centre commercial, c'est-à-dire Carrefour", note Jean-Marc Coppola, le vice-président Front de gauche de la région. De bonne source, les échanges portaient notamment sur la propriété des talus situés sous la dalle du centre urbain. Un automobiliste qui passe par l'avenue Allende ne peut manquer ces énormes mottes de terre qui semblent s'effondrer doucement. Il s'agit aujourd'hui de les stabiliser car elles ont été fragilisées au fil des décennies par des infiltrations d'eau sans doute en provenance des dalles situées au-dessus. 

Capture d'écran d'une vidéo de la SRL2. Source : Pixxim.

L'Etat et la Ville ont finalement décidé de faire tourner le chapeau du côté de Carrefour Property, la filiale du groupe, propriétaire du centre commercial. Ce serait donc à lui que serait présentée la facture d'1,5 millions d'euros. "Mais, visiblement, le préfet a eu du mal à avoir une réponse de leur part", s'amuse Jean-Marc Coppola. Pour l'heure, ni le préfet, ni la SRL2 n'ont souhaité commenter ces informations. Joint par nos soins, Carrefour Property précise "travailler actuellement avec la Dreal [direction régionale de l'environnement, ndlr] pour définir et mettre en oeuvre le programme de travaux inhérent au volume lui appartenant." Sans plus de précision donc.

Le groupe a déjà réalisé cet été des travaux de mise aux normes anti-sismiques sous le contrôle de la Dreal. Celle-ci doit en faire un rapport complet dans les semaines à venir. Des négociations sont encore en cours pour établir une convention entre l'Etat le propriétaire et une réunion est prévue ce vendredi entre la Ville et la Dreal pour répartir les responsabilités entre les trois parties prenantes.

Débat autour de Prosper Mérimée

D'autres sujets de discorde ont également pu être aplanis au cours de cette réunion. Il y a notamment été question de l'avenue Prosper Mérimée prolongée qui doit suivre la L2 en direction cette fois-ci du plateau du Merlan. Cette nouvelle voie est inscrite au cahier des charges et doit permettre d'accueillir une ligne de transports collectifs en site propre, une voie de desserte locale et un cheminement piéton adapté aux personnes à mobilité réduite. Or, les responsables du groupement d'intérêt public Marseille rénovation urbaine (MRU) qui pilote le chantier de rénovation urbaine de Malpassé étaient plutôt courroucés de la manière dont les enrobés avaient été posés sous les fenêtre de la cité des Oliviers. "Il n'y a même pas de quoi planter un arbre devant les immeubles", pouvait-on entendre du côté du World trade center où MRU a ses bureaux. Or, la réalisation en cours était présentée comme définitive par le responsable de la SRL2, Inouk Moncorgé, nous ont indiqué plusieurs sources. "Il a accepté de revoir sa copie sans protester", résume Robert Assante.

Un dernier point de discorde continue de faire tousser autour de la table. Il s'agit du sempiternel débat sur la qualité de l'air. Les riverains de la partie Est de la rocade militent depuis des lustres pour l'installation d'une station de filtration de l'air du tunnel de Montolivet en cas de pic de pollution. La SRL2 a toujours affirmé qu'un tel équipement ne lui semblait pas probant compte tenu des expériences internationales en la matière. Mais l'ensemble des collectivités locales se disent prêtes à financer une station de filtration si l'Etat paie sa part. Visiblement, ce dernier ne souhaite pas s'écarter du cahier des charges confié à Bouygues. "Les collectivités locales ne se satisfont pas de la position du ministre des transports concernant la seule ventilation, nous attendons que l'Etat prenne position sur cette question", prévient Jean-Marc Coppola. L'état initial de la qualité de l'air est en cours de finalisation du côté d'Air Paca. Il permettra notamment de savoir où en est le quartier en matière de pollution. "Mais le plus important est la modélisation à partir du trafic attendu sur la rocade, enchaîne Robert Assante. C'est ce qui doit nous aider à décider."

D'après un document provisoire fourni par la SRL2 au comité de pilotage, l'entreprise a déjà des projections de trafic à l'horizon 2030. Si nous n'avons pas pu faire commenter cette carte par les intéressés, elle a l'avantage de présenter les choses en couleur. En jaune apparaissent les endroits où le trafic a des chances d'être chargé à l'horizon 2030. Pas de chance : c'est entre Frais-Vallon et Saint-Julien, justement là où les riverains souhaiteraient voir l'air des tunnels dépollué.

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Commentaires

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  1. citoyen de l'estaque citoyen de l'estaque

    M.Robert ASSANTE est l’archétype même de l’élu qui méprise la continuité républicaine. Il est utile de préciser qu’en 1976 un maire, —fût-il même une personnalité de stature nationale comme Gaston DEFFERRE—,ne pouvait prendre une décision de cette nature notamment sur les terrains appartenant au domaine public de l’Etat. La décision a été forcément prise par le ministre de l’équipement de l’époque… ou par le Préfet de région!
    PS :On dit Normes parasismiques plutôt que normes antisismiques.

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  2. Gabriel Gabriel

    Faut arreter les bla-bla…En avant!!!

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