[Revue des troupes] Chez les Hamonistes, “c’est encore Hollande qui a foutu la merde”
Dernier épisode de nos revues des troupes, à la rencontres de militants politiques locaux. À moins de 48 heures de la fin de la campagne officielle, distribution de tracts avec les socialistes qui défendent le programme de Benoît Hamon.
[Revue des troupes] Chez les Hamonistes, “c’est encore Hollande qui a foutu la merde”
La fourgonnette blanche recouverte de photos de Benoît Hamon a encore parcouru Marseille ce jeudi, le matin à la Timone, le midi à Luminy, et ensuite sur les plages du Prado, pour finir la journée à la Plaine. Une course contre la montre faite de sauts de puces, pour l’avant-dernière journée de cette campagne compliquée. La journée est consacrée aux jeunes électeurs, d’où le choix de sites étudiants. Le président du Mouvement des jeunes socialistes, le MJS, est l’invité de marque autour duquel s’anime la petite dizaine de militants, jeunes et moins jeunes. La halte du début d’après-midi, sur les plages de l’Escale Borrély, est l’occasion d’être rejoints par quelques journalistes, rencontres bonnes à prendre pour apparaître dans l’avant-dernier journal avant le premier tour.
“L’accueil est très très bon, il y a une dynamique, assure Marion Pigamo, responsable de la campagne PS pour le département. Si on devait ne se fier qu’au terrain, on ne dirait pas du tout la même chose que les sondages”. Elle n’est pas la seule ce jour-là à témoigner d’un fort enthousiasme pour le candidat que les sondages placent désormais loin derrière les quatre favoris. À croire que le candidat suscite la sympathie, mais pas l’adhésion. “Il est bon lui !”, lâche un automobiliste qui ne s’arrêtera pas, en prenant le programme au passage. “Encore cinq millions comme lui et c’est bon !”, rigole un membre de l’équipe. Quelques personnes seulement et encore moins de jeunes présents en cet après-midi venteux mais ensoleillé, ne s’arrêtent guère pour discuter – la faute aux caméras, s’interroge une militante ? Mais la plupart se saisissent de “l’appel aux jeunes” et du programme qu’on leur tend. Y sont mis en avant les quatre axes du projet porté par Benoît Hamon, “écologie, économie, social et 6e République”.
“Il y a 6 mois encore, on se faisait insulter”
“Cette primaire a permis de changer le regard sur les socialistes, se réjouit Benjamin Lucas, le président du MJS. Il y a 6 mois encore, on se faisait insulter”. Traditionnellement plus marqué à gauche que le parti, le MJS a mis toute son énergie au service du candidat Hamon, lui-même ancien président du mouvement. Et le plaisir à ne plus avoir à défendre le bilan de François Hollande ou de Manuel Valls n’est pas dissimulé chez ces militants.
“C’est la première fois qu’on est derrière quelqu’un avec qui on est d’accord à 100%”, reconnaît François Lannuzel, coordinateur MJS pour la région. “Il y a un vrai renouveau dans les idées, les actions. Nous on va à la rencontre des associations étudiantes, on fait des Hamon café, des Hamon apéro…”, s’enthousiasme son camarade Raphael Da Horta. Animateur de la fédération MJS des Bouches-du-Rhône, il raconte avoir “halluciné” face à l’arrivée de nombreux adhérents, une soixantaine sur le département, qui n’en comptait pas plus de 300 jusqu’ici. “Pendant 5 ans, faire adhérer des jeunes, c’était impossible !”, s’extasie-t-il.
Mais tous blâment la campagne trop courte qui n’a pas permis au candidat de construire une dynamique suffisante. “Il n’aurait pas fallu que la primaire soit en janvier”, regrette François Lannuzel. “C’est encore François Hollande qui a foutu la merde !”, plaisante Benjamin Lucas. Irrévérence sans trop de risques à l’heure où le parti socialiste est plus proche de l’éclatement que jamais.
“Ceux qui sont partis”…
Car cette campagne aura vu le parti socialiste se vider d’une grande partie de ses figures nationales mais aussi locales, les unes ayant choisi le plus libéral Emmanuel Macron ou une attitude de retrait tout aussi significative. Chargée de la campagne locale alors que le premier secrétaire de la fédération PS des Bouches-du-Rhône, Jean-David Ciot, a pris ses distances, Marion Pigamo évite de commenter les défections. “Le travail est forcément différent de 2012, on est avec beaucoup de citoyens qui sont venus spontanément, on est dans l’esprit du projet. On tourne la page de la vieille politique. Ceux qui sont partis se sont assis sur un scrutin avec deux millions de votants [la primaire, ndlr], et ils se sont aussi assis sur les attentes des gens qui demandent autre chose que ça.”
Quelques tracts à la main, un peu distraits et probablement fatigués par la campagne, les autres militants utilisent moins de détours. “Bien sûr que comparé à 2012, on n’a pas les vieux dinosaures, on nous dit “ah, le pauvre Hamon abandonné de tous, mais les cinq années de Hollande n’ont pas aidé !”, s’agace François Lannuzel. “Notre candidat a parlé de couteaux dans le dos, à ce stade, ce sont des épées !“, lâche quant à elle Dominique Jeremiasz, qui se présente comme “jeune militante”, bien que retraitée.
Pour la suite, “ça va être rude”
Installée à Marseille depuis qu’elle a quitté son emploi au ministère du travail, elle assure avoir “toujours voté à gauche”, mais jamais été active politiquement auparavant. Son déclic a été la victoire de François Fillon à la primaire de la droite. “Je me suis dit, s’il n’y a que Fillon et Le Pen au second tour, ce n’est pas possible. (…) Comme tout le monde je suis traumatisée par 2002”, confie-t-elle en parcourant les étendues de sables à pas rapides. Peu tentée par Emmanuel Macron ou Mélenchon, elle décrit “l’incroyable accueil des gens”, quand elle distribue les fascicules du candidat socialiste et apprécie sa “cohérence”. Toute nouvelle dans l’appareil socialiste, elle ne sait pas si beaucoup de militants habituels manquent à l’appel. “En même temps, s’il y avait la totalité des militants, on ne mettrait pas les plus jeunes en tête”, déduit-elle.
Mais pour la suite ? Militants jeunes et militants récents affichent la conviction que la dynamique va perdurer, quand le parti socialiste est annoncé à vingt points en dessous du score de François Hollande au premier tour en 2012. Qu’il y ait sécession ou refonte du parti, Dominique Jeremiasz est résolue : “La suite j’en sais rien, mais je continuerai avec lui”. Du côté de ses camarades plus habitués au jeu politique, on sent que la bataille d’après présidentielle va d’abord être stratégique. “Il y aura un candidat socialiste aux législatives contre chaque candidat qui aura soutenu Macron. Et si ce n’est pas le cas, le MJS fera campagne contre eux”, affirme Benjamin Lucas, prêt au combat. “Ici il y a quatre ou cinq circos qui pourraient passer FN, s’inquiète François Lannuzel, pensif. Ça va être rude.”
Commentaires
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Bien Hamon , j’aime son programme, intelligent construit, réaliste, et pourtant je ne voterai pas pour lui : il trimbale à ses basques le spectre du PS et les fantômes pourraient bien se réincarner s’il est Président .
Un retour de veste de plus ne les effraiera pas pour un “poste ” lucratif !
Aux législatives j’espère qu’il se sera débarrassé des caciques à qui il ne devra plus rien et qu’il construira une dynamique nouvelle capable de diversifier l’assemblée :surtout soyez présents partout à ce moment là !
Bon vent .
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François Hollande, fossoyeur du parti socialiste et de la gauche depuis 20 ans.
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