Réparation navale : la forme 10 ne sera pas livrée avant début 2017
La livraison de la forme 10, pièce maîtresse de la réparation navale marseillaise, est repoussée au début de l'année prochaine. Après l'inondation de la salle des pompes, ce chantier à 30 millions d'euros connaît un nouveau retard. Il porte à 18 mois le retard cumulé depuis le lancement du chantier en 2014.
La forme lors de la construction du nouveau bateau porte durant l'été 2014.
“Elle ne sera pas livrée avant le début de l’année prochaine.” L’info est lâchée avec un sourire crispé. La présidente du directoire du grand port maritime de Marseille (GPMM), Christine Cabau-Woehrel n’esquive pas les questions. La nôtre concerne la forme 10, pièce maîtresse du dispositif de la réparation navale, une activité indispensable au maintien de la vocation industrielle et commerciale des bassins marseillais du grand port. La forme 10 est une perle rare. Longue de 500 mètres de long pour 100 de large, elle permet d’accueillir les plus grands navires du monde, dont les paquebots de croisière qui fréquentent de plus en plus souvent la place marseillaise. Elle devait être livrée le 23 septembre au Chantier naval marseillais, opérateur des formes de réparation navale.
Mais ce chantier gigantesque a essuyé une nouvelle avarie à la fin août. Une fuite de conduite d’eau de mer découverte pendant la nuit a rendu nécessaire l’intervention des marins-pompiers et d’un bateau-pompe supplémentaire. Il s’en est fallu de peu avant que l’eau salée n’envahisse totalement la salle des pompes. Or, cet équipement est indispensable pour assurer la “vidange” de la forme 10. “Les 3 pompes permettant de vider les 480 000 mètres cubes d’eau de la forme en 3 h3 0 ont été mises hors d’eau autant que possible”, écrivait le GPMM au lendemain de l’incident.
Le Grand port annonçait dans le même communiqué que les conséquences sur le transfert de l’équipement à son utilisateur seraient “évaluées dans quelques jours à l’issue du rapport d’expertise”. Ce délai s’est rapidement étiré en semaines et la volonté de transparence en mutisme portuaire.
Nouvelle avarie pour l’ancien bateau-porte
Depuis l’ouverture du chantier en 2014, les galères se sont succédées, faisant craindre la présence d’une poupée piquée d’épingles au fond de la piscine. La première concerne le nouveau bateau-porte construit par Spie Batignolles qui doit clore la forme pour permettre de la vider. En novembre 2015, celui-ci a présenté d’inquiétantes fissures, aujourd’hui réparées. Dans l’urgence, le port a pris l’initiative d’utiliser l’ancien bateau-porte afin de hâter la prise en main de l’équipement par son opérateur. Or, d’après nos informations, courant septembre, l’ancien bateau-porte a connu lui aussi des avaries au moment où les équipes du GPMM le manœuvraient.
Il était alors indispensable de mettre la forme hors d’eau pour permettre aux experts d’accéder à la salle des pompes. Mais le bateau-porte a heurté un obstacle et les pièces en bois qui assurent l’étanchéité ont été abimées. Les réparations ont encore retardé de plusieurs jours le travail des experts. La présidente du directoire du grand port refuse de commenter cet incident. Pour elle, le problème est ailleurs.
“Cas de force majeure”
En effet, toujours d’après nos informations, le port a bien envisagé un moment de remplacer les pompes de la forme par des pompes mobiles, le temps de réaliser les réparations. Mais la performance de ces engins est très éloignée des 3 h 30 initiales. Le délai pour mettre un bateau au sec est alors trop important pour permettre une réparation rapide et l’usage de ces pompes mobiles est vite apparu comme une aberration économique.
La remise de l’équipement s’en trouve donc repoussée de plusieurs mois, le temps que la salle des pompes retrouve ses fonctions. “C’est un cas de force majeure, reconnaît Christine Cabau-Woehrel. L’important est de faire tous les efforts pour livrer le plus tôt possible cet équipement. Il est indispensable pour développer l’attractivité du Grand port en matière de réparation navale.”
Le bateau de Costa croisières, compagnie actionnaire depuis peu du chantier naval de Marseille (CNM), qui devait étrenner le nouvel équipement a finalement trouvé place dans une autre forme, plus petite. Une décision prise rapidement après l’incident par Jacques Hardelay, le président du CNM. Quant aux grands navires pour lesquels la forme 10 est la seule adaptée, ils ne sont pas attendus avant septembre 2017. Avec ce nouveau délai imprévu, la livraison initialement prévue en septembre 2015 souffre désormais d’un an et demi de retard. Le temps de retrouver la poupée vaudou.
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