Renaud Muselier, le "recasé" européen

Renaud Muselier, le "recasé" européen

Renaud Muselier maîtrise l'art consommé de la petite phrase. Celle qu'il a décochée face à un journaliste du Monde a eu le mérite de mettre au clair sa stratégie dans ses élections européennes : "Comme les gens s'en fichent de l'Europe, moi je ne m'embête pas : je fais campagne sur le rejet de Hollande." La ficelle est claire et avait déjà été utilisée lors des municipales par Jean-Claude Gaudin sur l'air de "Hollande, l'échec inévitable, Mennucci, l'échec à éviter". Avec succès.

Alors pourquoi ne pas recommencer ? Son étiquette UMP en bandoulière, Muselier a parcouru l'eurorégion, affrontant parfois lors de débats des parlementaires sortants qui ont souligné son manque de maîtrise des dossiers. Le débat récent organisé par la fédération des entrepreneurs du BTP des Bouches-du-Rhône a ainsi donné lieu à un vif échange avec la candidate UDI-Modem Sylvie Goulard sur la réforme bancaire où "Muso" semblait patauger. "Je t'explique quand tu veux le fond du dossier concernant la réglementation bancaire", a lâché la centriste. "Je t'explique quand tu veux la politique", a-t-il rétorqué, piqué.

Personnellement, l'ancien secrétaire d'État aux affaires étrangères y est même tellement accro qu'après avoir renoncé à la vie politique après sa défaite aux législatives face à Marie-Arlette Carlotti, il revient dans ce scrutin, "recasé" selon le mot qu'il emploie lui-même. Pour celui qui avait voté non à Maastricht, le mandat européen ne faisait pas forcément figure d'évidence. Mais après avoir sauté l'étape des municipales – il n'a pas été candidat et a soutenu a minima Gaudin – celui-ci constitue la dernière bouée de sauvetage possible.

"Pas un lot de consolation"

Gaudin la lui a passée autour du ventre après qu'une de ses proches, l'élue sortante Dominique Vlasto a accepté de quitter Strasbourg et Bruxelles au bout de trois mandats. "Je ne vois pas cela comme un lot de consolation, affirme-t-elle aujourd'hui. La politique c'est sa vie. Il a dit qu'il arrêtait sur un coup de tête. Maintenant, il dit qu'il revient, c'est justifié."

La question à droite est de savoir si ce combat peut lui permettre de se remettre en selle au niveau local où le fauteuil du maire accueillera un nouvel occupant en 2020. Ils sont quelques-uns à y penser pour eux-mêmes et tout le monde y réfléchit pour les autres. "Ça peut l'éloigner de Marseille comme ça peut lui permettre de renouer avec la politique dans sa ville", estime prudente Dominique Vlasto qui suit là la ligne adoptée par les proches de Jean-Claude Gaudin. "Sans être au conseil municipal ou au conseil communautaire, je ne vois pas comment il pourrait se retrouver dans la course", juge au contraire un de ses concurrents potentiels. Le principal intéressé ne parle que de l'élection actuelle et refuse de voir plus loin. Tout juste jure-t-il qu'il ne sera pas candidat aux législatives en 2017, deux ans avant la fin du mandat européen.

Reste que c'est bien en ambassadeur de Marseille que le candidat se positionne, profitant ainsi du fait d'être la seule tête de liste d'un grand parti politique à y vivre. "Le Pen, il est pas de chez nous, Peillon, il est pas de chez nous, Madame Goulard, elle est de l’Ouest, moi je suis d’ici, je vis ici, je reste ici. Le développement de la cité phocéenne est indispensable à mes yeux", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune avec Jean-Claude Gaudin. Vlasto, forte de son expérience, jure que cela a un sens, exemple à l'appui. "Lors du dernier mandat, dès qu'on a commencé à travailler, j'ai contacté Jean-Claude Terrier qui dirigeait alors le port de Marseille pour qu'il dépose un dossier, détaille-t-elle. Marseille est devenu un des quatre ports stratégiques de France et la référence en Méditerranée."

Dans cette logique d'élu VRP, pour celui qui aura recouvert la ville de ses affiches toute la campagne durant, le score local de l'UMP comptera au moins autant que le score eurorégional. Au premier tour des municipales avec l'aide de l'UDI, Gaudin avait réalisé 37,6 %. Ce score servira dimanche soir d'étalon pour juger de l'envie des Marseillais de voir l'éternel dauphin du maire reprendre le fil de sa carrière.

_{NB : Contacté mardi matin via son équipe de campagne, Renaud Muselier n'a eu de temps à accorder à Marsactu.}