Renaud Muselier joue son retour en fils prodigue

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le 9 Déc 2013
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Renaud Muselier joue son retour en fils prodigue
Renaud Muselier joue son retour en fils prodigue

Renaud Muselier joue son retour en fils prodigue

400 rapports, six heures de conseil municipal et un seul vrai débat sur l’opportunité de faire un casino sur le littoral marseillais. À la sortie du conseil municipal, Renaud Muselier grince : “On vient d’assister à six heures et demi de débat et il y a eu quoi d’important ? On a eu 1 h 30 de débat intéressant et encore. Beaucoup de choses auraient dû être débattues en commission et y rester. Moi, je ne suis pas comme tous ces alimentaires de la politique qui sont payés pour faire de la politique, j’ai un métier, des patients. Si c’est pour débattre de la nécessité ou pas de faire un casino, cela fait 15 ans que pour moi ce n’est plus un débat”.

La porte de la salle du conseil vient à peine de se refermer et l’ancien premier adjoint tire un bilan plutôt acide de son retour en politique. Depuis sa sévère défaite aux législatives face à Marie-Arlette Carlotti, il ne l’avait jamais vraiment quittée d’ailleurs, distillant çà et là, une interview, un commentaire. Jouant la distance pour mieux se laisser désirer. Gaudin à nouveau candidat devait faire l’union autour de lui et pas seulement avec le camp Teissier ou la famille centriste. Mais ce retour dans le giron de “sa famille politique”, Jean-Claude Gaudin a souhaité le mettre en scène au sein même de l’hémicycle municipal, là où Renaud Muselier n’était revenu que pour voter le budget.

À les entendre louer leur action à la tête de leur délégation et, par ricochet, celle du maire à la tête de la Ville, les adjoints avaient choisi ce dernier conseil pour faire le bilan de la mandature. Dans ce grand exercice de câlinothérapie, le maire avait donc choisi de privilégier son ancien premier adjoint, le citant à la moindre occasion. À son tour, Marie-Louise Lota met à profit une intervention sur la grève à la RTM pour souligner la réussite du tramway et du prolongement du métro voulus par Muselier : “Pendant une semaine nous n’avons eu que métro et tramway en circulation”, indique-t-elle à tort. Pendant ce temps, l’intéressé fait le tour des travées à droite, tape dans une main, plaisante avec une autre, passe un long moment en ostensible conciliabule avec Robert Assante, autre élu en rupture de ban.

Un homme-monde

Le débat autour de l’implantation du casino est le sommet de ce théâtre de l’union que la majorité municipale surjoue autour du maire. Même si le candidat socialiste aux élections municipales parvient à prendre le maire en défaut en lui rappelant qu’il a signé des délibérations qui prévoyaient bien l’installation dudit casino sur l’esplanade du J4, le maire réussit son pari. S’il a reculé sur le lieu, il a réussi à obtenir une large majorité sur le choix du casino : 55 pour, 44 contre et 2 abstentions. Les deux anciens élus Modem de Faire gagner Marseille, Patrick Zaoui et Childéric Müller ont même pris la parole chacun à leur tour pour dire leur soutien au projet. Sans que leur temps de parole trouve un groupe politique où être décompté.

Mais ce n’est pas ce projet qu’il a longtemps soutenu que Renaud Muselier a choisi comme thème d’intervention. “Ce n’est pas un objet monde à la hauteur d’une ville-monde”, commente-t-il après le conseil. Surtout pas à sa hauteur, lui l’homme-monde qui a voyagé sur les cinq continents dans les bagages de Villepin avant de devenir un éphémère président de l’Institut du monde arabe et le toujours dirigeant du conseil culturel d’une Union pour la Méditerranée à l’arrêt. Il a laissé filer les passes d’armes sur la SNCM, les vers à la cantine ou les écoles. L’opposition elle-même a peu à peu déserté les bancs pour laisser libre cours au plaidoyer pro domo de l’équipe Gaudin. Faute d’avoir réussi à reprendre la communauté urbaine à Eugène Caselli et à renverser la vapeur de la “gouvernance partagée”, Renaud Muselier a fait de la capitale culturelle son grand oeuvre et ce même si cette délégation n’a été ajoutée que par raccroc à son titre de simple conseiller municipal.

“Marseille tout simplement”

Au signal donné, au détour d’une délibération, Renaud Muselier prononce donc son propre plaidoyer pro domo, lâchant au passage ce que tout le monde a senti. Il s’exprime bien “lors du dernier conseil municipal de la mandature” pour évoquer “un sujet qui me tient à coeur Marseille capitale européenne de la culture. Et bien sûr, Marseille tout simplement”. Il sera surtout question de tirer à lui la réussite annoncée de la capitale, l’implantation du Mucem dont il a présidé le jury au moment du choix du bâtiment. Au passage, il englobe la réussite d’Euroméditerranée, oubliant le mandat de Guy Teissier à sa tête. Et la métropole qui doit sortir de terre, là encore son “grand Marseille” n’est pas loin. Il termine par les chantiers qu’il souhaite voir repris dans le programme à venir et dont certaines idées tournaient déjà dans les cercles de réflexion consultés par la majorité. La preuve ici en vidéo.

Chaleureusement applaudi, il goûte les lauriers tressés pour son retour. Il est le fils prodigue, la fête est pour lui. Il contribuera à la campagne à venir, mais ne dit pas à quelle place, ni dans quelle secteur. Après le conseil, alors qu’il s’attarde dans la salle des pas perdus de l’espace Bargemon, il fustige gaillardement “les petits sujets” autour desquels la gauche a choisi d’attaquer le maire. Son ambition est ailleurs, il se veut bâtisseur. La métropole ? “Pourquoi pas ? Mais pour cela, il faut que je sois sur une liste”, sourit-il. Entre temps, les européennes semblent lui sourire. “Jean-François Copé et Jean-Claude Gaudin m’ont proposé de prendre la tête de la liste dans le sud-est, c’est un honneur. Le parlement européen est un des nouveaux lieux du pouvoir. C’est une proposition qui peut être passionnante”. Renaud Muselier est de retour. Il va falloir lui faire de la place. En tout cas, lui joue déjà des coudes.

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Commentaires

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  1. amen amen

    Perso, je suis heureux de le revoir. Il manque à la droite marseillaise.

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  2. Anonyme Anonyme

    C’est bien qu’il soit de retour.

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  3. Anonyme Anonyme

    Mauvais timing, mauvais décor, un retour un peu mal orchestré ! Il a ( ou il avait ) une vraie carte à jouer avec son retrait “salutaire” de la vie politique.. Ils ont des vrais directeurs de campagne ou ils font aussi du copinage à ces postes.

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  4. anonyme anonyme

    il manquait plus que lui. le cirque est complet. être battu par Carlotti, il fallait quand même le faire! quand on voit que ce dame devenue Ministre n’a même pas réussi a gagner la primaire socialiste, il devrait laisser tomber son retour qui n’intéresse plus personne

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  5. marsaillais marsaillais

    Et un de plus pour le rajeunissement de la classe politique il va falloir attendre décidément la place est trop bonne .Qu’il retourne à l’île Maurice Marseille se passera de lui.

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  6. sarazin13 sarazin13

    Vous avez dit du “RENO”uveau dans la politique Marseillaise? On prend les mêmes, et on recommence!

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  7. Johnny Johnny

    Il aurait du attendre que les rigolos de son camp originel se ramassent (même avec une petite marge) aux prochaines élections et revenir en sauveur. Là, il se contente de ce qu’on lui donne, c’est à ça qu’on reconnaît des hommes politiques de petite envergure.

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  8. loulouvert loulouvert

    un conseil d’une grande tristesse où pour une question de temps le débat est tronqué !
    Cela ne donne pas envie d’aller voter ni de se porter candidat pour être obligé dans ce moule ridicule !!!

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  9. Anonyme Anonyme

    Ce conseil m’a moi donné envie de voter de faire changer ce maire irrespectueux et calculateur dans son unique intérêt.
    Et de faire revenir Muselier… c’est le ponpon de la politique sans ambition d’amis….

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  10. Isolabella Isolabella

    Tous les commentaires concernant Renaud Muselier m’écoeurent quelque peu. Il manque à Marseille et souhaite qu’il revienne rapidement, n’en déplaise aux nombreux tweters.

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  11. Flutiot Flutiot

    La classe le modem, des alliés fiables quoi…

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  12. Anonyme Anonyme

    Ce conseil municipal était désolant, la plus part des élus ont quitté l’hémicycle très tôt, c’est dire l’intérêt qu’ils y portent. Le show Gaudin ils ont déjà donné, on peut reconnaître une qualité à Gaudin, c’est celle du pouvoir, il a bien muselé tous ces roquets Muselier le premier. Quelle tristesse dans une ville comme Marseille qu’il n’y ait pas un homme ou une femme capable de donner à cette ville ces lettres de noblesse. Je suis déçu par ces politicards qui ne pensent qu’à leur positionnement dans la liste. Les abstentionnistes vont encore gagner en mars 2014 qui pourra les blâmer

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  13. Dazibaos Dazibaos

    ” j’ai un métier, des patients ” il a eu le temps de prendre l’avion depuis l’Ile Maurice ! bougre partager son emplois du temps entre Marseille ( conseil Municipal , dirigeant du conseil culturel d’une Union pour la Méditerranée ) L’ile Maurice ( ses Cliniques et Patients ) et l’Europe comme tête de liste aux Européennes … On est encore loin du NON cumul des mandats pour la droite marseillaise .

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  14. Anonyme Anonyme

    Le gars pris une gifle à MPM et une gifle aux législatives. Le mieux qu il ait à faire c est de rester à l île Maurice et de soigner ses patients. Franchement, ce retour venu de nul part est ridicule et deplacé.

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  15. Mistral Boy Mistral Boy

    C’est qui ce Muselier ?
    Le retour ça veut dire qu’il touchait toujours ses indemnités de conseiller municipal mais qu’il n’y participait plus depuis longtemps…
    C’est génial la politique, que tu travailles ou que tu ne travailles pas tu touches toujours la même chose, c’est pour ça qu’ils sont tous cumulards.
    Mais faut qu’il fasse attention au Parlement Européen les députés sont payés en fonction de leurs présences…

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  16. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    MUSELIER a compris comme TIAN et TEISSIER que la santé de GAUDIN est chancelante et il va revenir sur les listes GAUDIN de mars 2014 espérant lui aussi devenir maire de Marseille au cas ou…. comme l’a dit récemment COPE lors d’un entretien avec GAUDIN et MUSELIER à Paris.
    En voulant être assis sur son trône jusqu’au bout tel un pape GAUDIN attise la féroces appétits de ceux qu’il a méprisés ou humiliés dans son camp au cours de ces 18ans de règne.

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  17. zaqsa zaqsa

    Appartenant au milieu médical,je n’ai jamais rencontré unseul patient du Dr MUSELIER…de même que nombre de mes confrères !!!!Par contre,l’on connaît ses établissements de santé,de grandes gualités d’ailleurs !!!!Cherchez l’erreur….Médecin ou homme d’affaires,en FRANCE ET ailleurs ?

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  18. Toine Toine

    Même s’il y a largement pire que lui dans la droite comme dans la gauche marseillaise, qu’il reste à l’ile Maurice!

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  19. Anonyme Anonyme

    Renaud, par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir.

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  20. chris chris

    Muselier s’inquiète qu’en cas de réélection de Gaudin, celui-ci se désiste en faveur de Moraine à mi-mandat.

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  21. Albert Londres Albert Londres

    Les élus n’ont effectivement pas tous eu la chance d’être des fils à papa gavés de fric dès leur naissance, quant à son avis sur le conseil municipal, s’il pense que ce qui manque à la ville la plus pauvre de France, c’est un casino…Enfin saluons le retour d’un visionnaire, d’un homme-monde (comment peut-on écrire une telle imbecilité quand on connaît le personnage?)? Pauvres de nous…

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  22. Anonyme Anonyme

    Albert Londres,
    T inquietes pas la gauche n a pas à rougir en ce qui concerne les héritages en politique: Christophe et Florence Masse ( trés fort, ils font coup double!), Felix Weygant, Sebastien jibrael… Pas mal, non?

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  23. Anonyme Anonyme

    la soupe doit etre bonne…..

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