Règlements de comptes : le coup de gueule d'un médiateur social marseillais dans Le Monde

Règlements de comptes : le coup de gueule d'un médiateur social marseillais dans Le Monde

C’est un texte brut mais posé, écrit « avec colère et amertume » de son propre aveu. Dans une tribune publiée par le Monde, Sameer Ithier, médiateur social dans les quartiers nord de Marseille, fustige la « débauche de répression médiatisée » qui s’est développée en réaction. Avec, face à l’envoi de 150 CRS supplémentaires, une seule question : « savoir si ce chiffre allait suffire. La clé de l’énigme fut forgée sans délai : il fallait que l’Etat réaffirme sa présence et sa force, et que la police fasse enfin ce grand ménage que tant d’ignorances et de démagogies appelaient de leurs vœux depuis si longtemps. »

Soucieux de ne pas se borner à retranscrire les « éléments de langage » transmis par Brice Hortefeux, Marsactu avait effectivement relayé les inquiétudes des syndicats de police qui estimaient que ce n’était « que de la poudre aux yeux ». Et les demandes de Patrick Mennucci pour que l’Etat « renforce réellement la police nationale à Marseille ».

Tout en citant la députée européenne Eva Joly, qui, de passage à Marseille, ironisait : « Qui peut croire que c’est la solution aux problèmes véritables posés par la désinsertion, le désoeuvrement et la pauvreté ? » Avec cet exemple, donné par l’ex-juge d’instruction : « Quand, le budget 2011 supprime des crédits pour les logements sociaux, on ne peut pas les remplacer par des CRS… »

Dérives de la prohibition et vertus de la prévention

Sameer Ithier se place sur ce terrain là, estimant que la violence « est un fait social en expansion et que les sources auxquelles elle s’abreuve ne sauraient être taries ou seulement découvertes par des hommes et des femmes dont la seule préoccupation porte les noms d’audimat et d’intention-de-vote. » Et d’appeler encadrer la consommation de cannabis, dont le trafic est le « principal agent de développement de la petite délinquance. La porte d’entrée dorée pour tous ceux que l’argent facile appâte et séquestre ensuite dans sa logique. »

L’auteur trace un parallèle avec la situation créée aux Etats-Unis par la prohibition de l’alcool dans les années 1920. Simpliste ? En août, Olivier Postel-Vinay faisant de même, toujours dans les colonnes du Monde. Le magazine Books, dont il est le fondateur,  avait publié un dossier qui avait lancé le débat sur le sujet, notamment sur Rue89.

Mais face à cette « France qui ne veut plus comprendre mais seulement cogner », Sameer Ithier plaide surtout pour miser sur la prévention. « Il va nous falloir planter des médiateurs et des animateurs, des éducateurs et des profs sur tout le territoire. Pour une moisson qui viendra dans dix ans, dans vingt ans, mais qui viendra. Parce que ces jeunes que nous ne supportons plus ne sont autres que les nôtres, nos enfants, notre avenir. Et si l’on veut qu’ils arrêtent de vendre et de voler, de détruire et de se détruire, il est indispensable de les considérer. » Simple ? Non plus. En tout cas moins que de tout miser sur une saisie de kalachnikov.

Après la fusillade du Clos La Rose, les plus grands flics de France débarquent à Marseille, et repartent aussitôt…, sur Marsactu