Régionales : la campagne d’après
Après les attentats du 13 novembre, la campagne des régionales est totalement bouleversée. Les compétences du conseil régional sont submergées par les enjeux nationaux et internationaux. Si les conséquences électorales de ces événements sont incertaines, la plupart des candidats estime qu'ils pourraient bien renforcer le FN.
Christian Estrosi (LR), Sophie Camard (EELV-FG), Christophe Castaner (PS) et Marion Maréchal-Le Pen (FN) avant le premier débat des régionales le (Photo François Moura – Capa Pictures – Europe 1)
Quelle campagne après les attentats de Paris, quel scrutin pendant l’état d’urgence ? Depuis vendredi, la question parcourt tous les états-majors. La première réaction des candidats a bien sûr été d’annoncer la suspension de la campagne. La région coopérative (la liste commune Europe écologie-Front de gauche) et Les Républicains ont repris ce mercredi. Marion Maréchal-Le Pen (FN) redémarrera vendredi avec une réunion publique à Avignon et Christophe Castaner (PS) lundi, “date du lancement officiel des élections” et 14 jours avant le premier tour.
Néanmoins, cette interruption n’a pas été totale et les principales annulations ont essentiellement concerné les événements des campagnes et la publicité faite autour. Sur les réseaux sociaux aussi, des messages plus ou moins sobres ont continué à être postés dès les minutes suivant l’attentat. Dans les médias, la période a donné une visibilité encore accrue aux candidats les plus connus, qui plus est déjà identifiés pour leurs interventions sécuritaires.
Durant les jours qui ont suivi, Christian Estrosi (ici) comme Marion Maréchal-Le Pen (là) ont tenté de maximiser leur présence en intervenant à la télévision, à la radio ou à l’Assemblée sur les enjeux de sécurité. En coulisses, la communication de la mairie de Nice annonçait aux journalistes de toute la France les mesures prises par l’édile Estrosi. Ce mercredi soir, un nouveau communiqué dénonçait “les effets d’annonce” de François Hollande sur l’armement des policiers municipaux.
Les compétences de la région apparaissent maigres
À gauche, les candidats ont été bien moins sollicités. Jean-Marc Coppola (FDG), un des deux chefs de file de la région coopérative (avec l’écologiste Sophie Camard), pose comme “un acte politique d’avoir continué à aller rencontrer les gens, à échanger avec eux. Nous avons constaté une exigence forte de sécurité. Il faut effectivement des mesures qui rassurent mais nous tâchons de parler aussi de la situation globale et des valeurs comme la liberté. Par exemple, beaucoup pensent qu’amplifier la guerre n’est pas une bonne solution et ne craignent pas les représailles. Certains nous ont même demandé d’organiser une manifestation contre cette intensification. Nous y réfléchissons bien sûr.”
Si une liste pouvait espérer profiter d’un contexte national favorable, c’était la sienne : avec le sommet sur le climat organisé à Paris du 30 novembre au 11 décembre, ses partenaires écologistes avaient préparé du matériel de campagne pour accompagner le focus médiatique sur les enjeux environnementaux. Or, ce sont désormais les questions sur la sécurité de la manifestation qui risquent de prendre le pas sur les négociations.
Quant aux compétences et programmes régionaux, ils peuvent apparaître secondaires dans le moment présent. Comme nous l’avons déjà rappelé, l’institution n’a que très peu de compétences purement sécuritaires même si Sophie Joissains (UDI, alliée à LR) estime qu’il faudra “parler encore plus de la sécurité dans les gares et les trains”. Les candidats de gauche qui misaient sur un programme très local sont contraints de changer d’axe de campagne. “Ça va devenir difficile de parler ponctualité dans les trains ou développement économique même s’il va falloir continuer à montrer que la région peut jouer son rôle, constate Christophe Castaner. Il va falloir refuser toutes les radicalisations, celle qui frappe Paris et la France comme celle que constitue le Front national.”
Pour le candidat et député socialiste, l’espace est étroit. Resté droit derrière le gouvernement, il a été inaudible. Mercredi soir, il a finalement dégainé, par une déclaration à l’AFP suivie par un communiqué de presse, une proposition de “service national obligatoire de six mois” qui ressemble à s’y méprendre à une tentative d’occuper le terrain national. Mais, alors qu’il tenait tête au premier ministre Manuel Valls sur la question du Front républicain au second tour, l’union nationale pourrait le fragiliser et rendre moins compréhensible aux yeux des électeurs un choix de se maintenir en cas de troisième place au premier tour.
Tout cela profite-t-il au FN ?
Chez Les Républicains, l’objectif est clair : ne pas laisser de terrain au Front national. Le parti se concentre effectivement sur le débat national pour se poser en rempart face au FN. Il s’agit de ne pas lui laisser la joie de constater un alignement des positions de LR et du PS. Dans son discours du meeting de Châteaurenard, ce mercredi soir, Renaud Muselier la tête de liste LR pour les Bouches-du-Rhône ne mentionne pas la région mais est très net sur son positionnement dans les débats actuels : “Je ne peux pas envisager une France dans laquelle l’exécutif décide, l’opposition se tait, et le Front national prospère sur ce silence. Refuser le débat démocratique, empêcher l’opposition de s’exprimer sous prétexte de l’unité nationale, c’est laisser le champ libre à la seule expression de ceux qui prônent une société fracturée, une France du repli sur soi, de l’amalgame et de la haine.”
Omniprésente, la question de l’impact électoral des attentats trouve des réponses différentes. Pour Christophe Castaner, c’est assez clair : “Aujourd’hui, le Front national est encore plus en position de prendre la région.” Le Front lui joue profil bas : “Personne ne peut préjuger des conséquences pour les 6 et 13 décembre. On ne va pas jouer les shérifs ni exploiter quoi que ce soit”, estime de prime abord Franck Allisio, le porte-parole de Marion Maréchal-Le Pen. Celui-ci ne se prive pourtant pas de se féliciter de la situation politique : “Les électeurs sont assez bons analystes pour voir que l’unité nationale se fait sur nos idées. Toutes ne sont pas reprises certes mais toutes ce que propose Hollande vient de chez nous. Gouverner c’est prévoir et je pose la question : qui avait la bonne analyse ?”
Au Front de gauche, Jean-Marc Coppola craint effectivement un tel mouvement en faveur du Front. Peu après les attentats, il s’est même prononcé à titre personnel pour le report des élections. “On n’est pas dans un climat où la raison l’emporte”, souffle-t-il. Pourtant, relancé dans la campagne, il espère plutôt une autre réaction : “Bouder les urnes après des moments pareils, ce n’est pas le meilleur acte à accomplir. Le taux de participation sera s’il progresse un signe fort d’un sursaut citoyen. Dans le cas contraire, il sera le symbole d’un malaise démocratique encore plus profond que ce que l’on imaginait.”
Commentaires
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j’ai bien peu hélas d’un raz de marée fn, qui je le pense aurait eu lieu même sans les attentats
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Et en revenant sur les questions sécuritaires on fait un peu diversion alors qu’on avait l’occasion d’un débat utile : https://marsactu.fr/les-propositions-des-candidats-pour-la-region-chef-de-file-economique/
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service national obligatoire de six mois ? à se demander si il l’a fait son service….si oui il est grave le garçon.
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