Radio Zinzine, chassée d'Aix pour ses trente ans ?
Radio Zinzine, chassée d'Aix pour ses trente ans ?
Le 3 juin 1981, moins d’un mois après l’élection de François Mitterrand, Radio Zinzine profitait de l’ouverture de la FM pour proposer aux auditeurs haut-alpins puis aixois, au milieu des années 80, un ton inédit, « anarcho-buccolique » qui tranchait avec les poncifs de Radio France qui avait succédé en 1975 à l’ORTF.
Trente plus tard, alors que beaucoup de ses consœurs ont depuis bien longtemps remisé leur esprit libertaire, la radio dont l’antenne principale est à Limans, comme Radio Grenouille à Marseille, maintient le cap même si « les centres d’intérêts se sont diversifiés », rapporte Alex Robin, cofondateur de la radio. Infos, créations sonores dont d’extraordinaires contes radiophoniques, Pierre Isnard-Dupuis, animateur, revendique fièrement le statut de « seul antenne libre sur Aix ». Tous les jours, quatre heures sont spécifiquement consacrées à la vie dans la cité du roi René. Le tout avec une trentaine d’animateurs dont un seul est salarié.
Un beau succès menacé par la décision du conseil général de ne pas reconduire le prêt gracieux de local dont bénéficiait la radio au 8 rue de la Molle. « Cela correspond à un bâtiment dont on ne se servait plus, et que nous avons mis en vente. Nous n’avons pas vocation à être un bailleur social. On leur a déjà laissé un répit, on a accordé cette année comme les années précédentes une subvention de 9000 euros, on ne peut pas faire plus. », répond-t-on au bateau bleu. Mais Michel Pezet, le vice-président, chargé de la culture rappelons-le, n’est pas de cet avis. L’ancien candidat à la mairie d’Aix, rarement ménagé par la radio notamment lorsqu’il présidait la Région, a toujours maintenu le dialogue avec elle et la soutient : « j’essaie de trouver une solution notamment avec André Guinde [lui aussi vice-président du CG et figure socialiste aixoise], on peut pas les laisser à la porte sans leur proposer un autre lieu. »
Mais ce local de secours tarde à venir et les vacances d’été qui approchent n’augurent pas d’une solution rapide. La convention de prêt est arrivée à échéance le 30 avril et l’électricité a été coupée le 2 mai. Malgré les concerts de soutien et les dons, l’association n’a pas les moyens de se payer son propre studio, d’autant moins depuis qu’elle ne touche plus d’aide du Fonds de soutien à l’écriture radiophonique.
En attendant, c’est au Sextius Bar qu’un soir par semaine (chaque jeudi) les Aixois prennent les ondes tout en continuant d’occuper leur désormais ex-local « tant que ça ne bouge pas », dixit Pierre Isnard-Dupuis. Autour, la mobilisation s’organise, la radio revendique déjà 5000 signatures de soutien et manifestera demain soir lors de la fête de la musique.
Un éventuel arrêt de la radio reste envisageable. Ce serait le second pour l’antenne aixoise. Mais Zinzine est une battante. Une première fois empêchée d’émettre en 1991 (retoquée par la haute autorité radiophonique), elle avait rejailli six ans plus tard. Espérons que cette fois-ci la parenthèse (pour reprendre un terme mitterrandien) ne soit pas aussi longue.
Pratique : La radio s’est dotée d’un studio mobile : il sera à Aix dimanche soir dans le cadre du forum des universités populaires. Informations complémentaires sur le site de Radio Zinzine Aix.
Pour connaître l’histoire de la radio, vous pouvez aller faire un tour à l’expo qui lui est consacrée à Forcalquier ou (ré)écouter un passionnant entretien avec Alex Martin sur le site web de l’émission « L’intempestive » de Radio Galère
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