Qualité de l’air dans les salles de classes : du mieux, mais pensez à ouvrir les fenêtres !
Selon les résultats d'une étude menée conjointement par Air Paca, l'AP-HM et la Ville, la qualité de l'air dans les salles de classes marseillaises s'améliore. Mais certaines mesures dépassent toujours les seuils recommandés. Pour le CO2, qui n'est pas nocif mais provoque une somnolence, une absence de ventilation dans certains locaux est notamment en cause.
Qualité de l’air dans les salles de classes : du mieux, mais pensez à ouvrir les fenêtres !
Il y a un peu moins d’un an, Marsactu rencontrait le professeur Denis Charpin, pneumologue à l’AP-HM qui participait alors une étude à portée internationale sur la qualité de l’air dans 17 écoles marseillaises. Ce mardi, à l’hôtel de ville, l’heure était à l’annonce des résultats de cette étude comparative avec des données recueillies en 1999 dans les mêmes écoles. “Globalement, la qualité de l’air s’est améliorée”, a ainsi pu détailler Mathieu Izard, responsable chez Air Paca, l’association chargée de la collecte des informations. “Marseille est souvent en queue de peloton, mais Marseille court vite”, s’est félicité de son côté Patrick Padovani, adjoint au maire à la santé. Tous les voyants ne sont cependant pas au vert. Dans l’une des villes les plus polluées de France, si ce n’est la plus polluée, certaines écoles du centre-ville dépassent les valeurs recommandées, voire, pour celle des Abeilles (1er arrondissement), les valeurs limites. Des constats que “l’effet de confinement” ne fait qu’empirer.
Dépassement de limites
Ainsi, à l’école élémentaire des Abeilles, située à côté de la gare Saint-Charles le taux de dioxyde d’azote, produit principalement par le trafic routier et responsable de troubles respiratoires, s’élève à 40,5 microgrammes (μg) par m3. Il dépasse donc la valeur limite définie par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) qui est de 40 μg/m3 et est largement au-dessus de la valeur recommandée, ou “guide”, qui est de 20 μg/m3.
Si aucune autre école ne dépasse la valeur limite en dioxyde d’azote, elles sont pour la plupart au-dessus des valeurs recommandées. Il en va ainsi pour dix écoles sur dix-sept. Avec, en tête de liste des mauvais élèves, l’école des Chartreux dans le 4e arrondissement (32,6 μg/m3), celle de Leverrier dans le même arrondissement (30,4 μg/m3), Bernard Cadenat dans le 3e arrondissement (28,9 μg/m3) ou encore National dans le 3e également (27,4 μg/m3).
Des mesures en lien avec la situation géographique des établissements, souvent à proximité d’axes routiers. Depuis plusieurs années, Marseille fait partie des agglomérations épinglées par l’Union européenne pour le dépassement des normes de pollution atmosphérique. Et “l’air intérieur est toujours plus pollué que l’air extérieur”, ajoute Dominique Robin, directeur d’Air Paca. Le dépassement de certaines limites dans des espaces fermés n’est donc pas une surprise, même si les valeurs de références ne sont pas les mêmes pour l’intérieur et l’extérieur. Mais outre ces dépassements et plus généralement entre 1999 et 2016, les scientifiques notent que “les concentrations intérieures et extérieures en NO2 [dioxyde d’azote] des 17 établissements ont baissé, avec une diminution moyenne de plus de 30 %”.
En ce qui concerne les particules fines, ce sont près de la moitié des salles de classes qui dépassent la valeur guide de l’Anses qui est de 10 μg/m3. Des dépassement minimes sauf pour l’école des Chartreux dont le taux de particules très fines, dites PM2,5 du fait de leur diamètre qui ne dépasse pas les 2,5 microns, s’élève à 18 μg/m3. Ces particules fines ne sont qu’à l’origine de gênes respiratoires passagère chez l’adulte en bonne santé, mais peuvent être un facteur aggravant chez les personnes déjà souffrante de maladie respiratoire, d’autant plus s’il s’agit d’un enfant. Sur le long terme, elle sont responsables d’une aggravation du risque de cancer du poumon, comme l’a reconnu l’OMS en 2012.
L’étude a également mesuré le taux d’évolution de certaines maladies grâce à un questionnaire distribué à quelques 1500 élèves. Ainsi entre 1999 et 2016, c’est une tendance à l’augmentation qui a été relevée : presque 13 % pour l’asthme, environ 24 % pour l’eczéma et près de 33 % pour la rhinite allergique ! Dans un contexte de diminution de la pollution, ce constat s’explique notamment par le problème des logements insalubres, estime Mathieu Izard.
79 % des classes trop “confinées”
En revanche, et notamment pour le dioxyde de carbone, “qui ne présente pas de risque sanitaire mais peut provoquer une somnolence chez l’enfant”, détaille le professeur Denis Charpin, l’aération des pièces permet de limiter les dégâts. Et sur ce dernier point, les écoles marseillaises testées ont beaucoup d’effort à faire.
Selon l’étude, “79 % des salles de classe échantillonnées présentent des niveaux de confinement « élevés » et « très élevés »”. Deux facteurs peuvent influencer le taux de confinement : les types de menuiseries, avec présence ou non d’aération et les habitudes d’aération par l’ouverture des fenêtres. “Le problème ce sont les nouvelles menuiseries, explique le pneumologue. Elles sont beaucoup plus étanche et ne comporte pas de système d’aération”. Le rapport final souligne en effet ce point :
Dans bon nombre de salles de classe, la première impression en entrant est l’odeur de renfermé et une sensation d’air humide. Ces situations provoquent rapidement des sensations d’inconfort. Ceci s’est confirmé par la grande proportion de salle de classe présentant des indices de confinement « élevés » et « très élevés ». Un certain nombre de salles de classe présentent même des concentrations en CO2 supérieures à 4000 ppm (parties par million, ndlr) quand la concentration à ne pas dépasser du règlement sanitaire départemental est fixée à 1300 ppm.
Air PACA recommande donc aux “services de la ville en charge de la réhabilitation thermique des écoles” de prévoir des systèmes de ventilation pour compenser la forte étanchéité induite par les nouveaux matériaux de menuiserie.
Si l’élu en charge de la santé s’est engagé a respecter ces recommandations, c’est sur un autre point qu’il a insisté : “Mettre en place un guide de bonne pratique avec les enfants, les enseignants et le personnel d’entretien grâce à un plan d’action qui mise plus sur la prévention que dans le dosage”. Patrick Padovani prévoit par exemple de mettre dès la rentrée 2018 des boîtiers dans les salles de classes pour mesurer le taux de dioxyde de carbone et inciter à ouvrir plus fréquemment les fenêtres.
Au total, le coût pour la Ville de cette opération reviendrait à 123 300 euros, à raison de 300 euros environ par boîtier. Un équipement acheté à Air Paca et dont la vocation première n’est pas forcément pédagogique. “Ce sont des appareils qui servent à faire des diagnostics, ils sont très précis, d’où le prix élevé, reconnaît Mathieu Izard d’Air Paca, nous pourrions imaginer un appareil plus pédagogique et moins cher mais pour l’instant, c’est ce qui correspond le plus à la demande de la Ville”. À terme, ce boîtier devrait être installé dans toutes les écoles. Y compris celle du Nord de la ville, qui, “pour des raisons comparatives” (elles n’étaient pas incluses dans l’étude de 1999), n’ont pas été pris en compte.
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