Le PS 13 n’a plus de clients mais réchauffe la même bouillabaisse
La fédération des Bouches-du-Rhône est à nouveau au cœur des élections internes du parti socialiste qui auront lieu les 15 et 29 mars. Loin de mettre en avant les idées, la campagne laisse la place aux invectives et aux accusations de fausses cartes.
Marie-Arlette Carlotti et Stéphane Le Foll.
Promis cette fois, la priorité, ce sont les idées. Et puis patatras. Comme à chaque scrutin interne, le parti socialiste des Bouches-du-Rhône offre son lot de tensions et d’invectives en vue du congrès du 15 mars prochain et de l’élection du premier secrétaire départemental le 29. Sauf que depuis l’élection à la présidentielle de 2012, la victoire de François Hollande et la vague rose aux législatives suivantes, le parti s’est considérablement affaibli. Le PS a échoué à la présidentielle dans les grandes largueurs, vu tous ses députés être battus dans les Bouches-du-Rhône, a perdu la région, le département malgré son alliance avec Jean-Noël Guérini et a reculé à Aix-en-Provence comme à Marseille. Mais la guerre de tranchées continue. “On n’existe même plus mais on continue à se mettre sur la gueule. On se bat pour une terre brûlée”, peste un secrétaire de section proche de l’actuelle majorité menée par l’ex député Jean-David Ciot et le maire de Vitrolles Loïc Gachon.
La raison ? Avec ses 2500 cartes potentielles, contre 11 000 déclarées au début de cette décennie au faîte de la mainmise de Jean-Noël Guérini, la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône reste un lieu d’enjeu. “Je crois qu’il est fini le temps où le congrès se faisait avec les Bouches du Nord [surnom de l’alliance des grosses fédérations des Bouches-du-Rhône et du Nord-Pas-de-Calais, ndlr] mais elle garde de l’importance c’est certain”, pondère tout de même l’ancien porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, candidat le plus connu au poste de premier secrétaire national du parti. Olivier Faure a lui jeté un pavé dans la mare la semaine dernière en dénonçant des fausses cartes dans le département.
“Des pratiques industrielles” de fausses cartes ?
“La fédération des Bouches-du-Rhône est la dernière à avoir des pratiques industrielles. Jusqu’ici, pour les congrès, chaque candidat acceptait de prendre sa part du magot. Cette fois, je ne veux pas de vote truqué”, a-t-il expliqué vendredi 2 mars selon des propos rapportés par Le Monde. “Soit on dit que le PS est mort et on arrête. Soit on continue et on commence par nettoyer le fonctionnement, c’est pas le plus difficile, renchérit son mandataire Benoît Payan président du groupe d’opposition au conseil municipal de Marseille. Enfin, disons que c’est ce qui demande le moins d’imagination, il faut juste être droit sur des principes. Et ensuite, à partir de là, je me fous d’être dans une fédération où il y a 10 000 cartes. Si on fait une fédération de militants – tu es 300, 400 – et tu fais vivre des trucs parce qu’aujourd’hui, le PS est un astre mort à Marseille”.
Dans le même article du Monde, le coordinateur national du parti Rachid Temal affirmait vouloir diligenter un contrôle : “Le bureau fédéral et le bureau national des adhésions ont été saisis et vont vérifier ce qu’il se passe dans les Bouches-du-Rhône”. Finalement, c’est le bureau national, l’instance dirigeante du parti, qui sera officialisé ce mardi soir une mission de contrôle avec des représentants des quatre candidats.
Olivier Faure et Benoît Payan visent notamment la section de Berre-l’étang avec “235 adhérents, alors qu’aux dernières législatives, le candidat socialiste n’a fait que 55 voix” précise Benoît Payan. Si la comparaison est clinquante, elle est à relativiser dans une circonscription où nombre de socialistes ont soutenu Jean-Marc Zulesi, finalement élu député LREM. Sur ce même territoire électoral concentré autour de Salon-de-Provence, pas moins de quatre candidats revendiquaient l’étiquette PS. Cependant, dans la ville dirigée par Mario Martinet l’ancien pilier de la majorité Guérini au département, le nombre d’adhérents peut sembler important. Mais il faut voir aussi que les adhérents des trois dernières années sont considérés comme votants potentiels puisqu’ils peuvent encore régulariser leur situation vis-à-vis du parti. Un écheveau que devrait démêler le 9 mars la mission de contrôle.
Carvounas : “l’occasion de sortir du vieux système”
Dans cette séquence, Olivier Faure et Luc Carvounas, un des rares proches de Manuel Valls à avoir accepté de faire campagne pour Benoît Hamon, sont sur la même longueur d’ondes. “Ce congrès est l’occasion de sortir du vieux système qui a conduit l’appareil fédéral du PS 13 à sa perte : bataille d’égos, appareil fédéral sclérosé, absence de transparence”, a réaffimé Carvounas dans un communiqué le 1er mars.
Pour incarner le renouveau, l’ancien premier fusil de Manuel Valls a choisi celui qui avait été un des deux porte-parole de Benoît Hamon dès la primaire présidentielle : Yannick Ohanessian. “Un nouveau visage, une nouvelle génération de militants”, s’est félicité Luc Carvounas sans s’arrêter sur les fortes divergences passées. Il s’appuie pourtant en parallèle sur le spécialiste des arcanes socialistes Patrick Mennucci comme Olivier Faure compte sur un autre ancien député, Henri Jibrayel, toujours mis en examen pour “abus de confiance et prise illégale d’intérêt” pour avoir organisé des croisières que la justice soupçonne à visée électoraliste.
Des associations qui font dire à Loïc Gachon, coordinateur départemental depuis quelques mois que l’on assiste plutôt à une guerre de positions. Après s’être proposé à Olivier Faure pour être son mandataire, le maire de Vitrolles a été déçu de ne pas être retenu. Il a pour l’heure choisi “une position de retrait”. “On a des gens qui sont là pour récupérer le parti. Côté Carvounas, pour moi, la présence si forte de Patrick Mennucci est clairement un épouvantail, un facteur de division. Côté Faure, on estime que Benoît Payan incarne le renouveau. Je ne le crois pas”, tacle-t-il.
Marseille contre le reste du département
Pour lui, le rassemblement, avec sa part nécessaire d’absolution, “était faisable. Il fallait que le national prenne le temps de comprendre cette situation compliquée et ne limite pas le département à Marseille. Ce n’est pas le cas et les choix faits ont plutôt tendance à figer les antagonismes. Comme en 2014, on veut conquérir Marseille contre le reste du département, eh bien ça va se finir comme aux municipales 2014.” Réponse de Yannick Ohanessian : “cette opposition, c’est une ligne Maginot”, une frontière fictive qui mène à la perte mais cela ne semble pas empêcher chacun de rester de son côté. Depuis les municipales 2014, les frontières sont figées entre la fédération dirigée jusqu’à il y a peu par Jean-David Ciot, ancien du cabinet de Jean-Noël Guérini, et une bonne partie des élus marseillais. La division est forte et se matérialise même par deux groupes distincts à la métropole comme au conseil départemental.
“C’est une logique mortifère, s’agace à son tour Marie-Arlette Carlotti qui, en fidèle de François Hollande, a choisi Stéphane Le Foll. Il n’y a déjà plus beaucoup de socialistes mais en 2020, si on continue comme ça, il n’y en aura plus du tout”. Mais, derrière ces paroles apaisantes, il ne faut pas pousser beaucoup l’ex ministre déléguée à l’exclusion qui s’emporte : “Ce sont tous les mêmes. Ils s’accusent tous d’être guérinistes, ils l’ont tous été. Moi jamais !”, tonne-t-elle.
Difficile pour le profane de cerner les divergences idéologiques au-delà de ces positions. Tous les candidats étaient dans une seule et même motion lors du congrès et incarnent une ligne social-démocrate. Alors qu’une bonne partie de la droite du parti roule désormais pour La République en marche, seul le quatrième, Emmanuel Maurel, incarne une ligne plus à gauche. Localement, ce sont deux militantes pas parmi les plus capées, la conseillère d’arrondissements marseillaise Nassera Benmarnia et l’élue arlésienne Nora Mebarek (ex Makhlouf) qui pilotent cette motion. Cette dernière regrette sur le site de la fédération une campagne qui “tire collectivement vers le bas et met en doute la sincérité de l’engagement des militants”. Sa binôme veut quant à elle croire en un sursaut des militants : “J’ose espérer que les résultats iront au-delà des choix des grands chefs, j’ose croire en l’intelligence des militants. Ils sont attachés à leur parti, ils savent bien que c’est la dernière chance.” Sur ce dernier point au moins, les socialistes semblent plutôt d’accord.
Commentaires
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Comme le dit Carlotti, il n’y aura plus de PS sur Marseille aux prochaines municipales. Le PS marseillais est victime du même retard politique que celui des élus majoritaires actuellement en place. Cette classe politique avec ses méthodes d’une autre époque n’en finit plus de se décomposer. Peu d’intelligence et de compétence, pas de vision politique pour ce territoire, Marseille est une verrue politique dans le paysage national.
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Marseille une verrue politique dans le paysage national ? Ce paysage politique n’a rien d’un “jardin à la française”. Depuis très longtemps, le népotisme, le mélange des genres entre affairisme et politique est répandu partout.
La seule particularité locale ? Ce n’est pas un tabou, et c’est plutôt sympathique.
Il y a encore des gens pour croire que le PS a un avenir. C’est pas forcément faux. Le parti radical se survit depuis des dizaines d’années alors pourquoi pas le PS ?
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Il n’est certes pas question de “jardin à la française” mais il est faux de dire que l’affairisme et répondu partout, c’est une argumentation utilisée pour dédouaner les élus locaux de leurs errements. Même si l’on imagine très bien le mélange des genres à l’œuvre ailleurs il y a une différence fondamentale avec Marseille qui se traduit dans le travail au quotidien effectué et tourné vers l’avenir des territoires, chose inexistante ici. Marseille fonctionne comme une ville du tiers-monde, sans infrastructures sérieuses, sans remplir à minima ses missions régaliennes, avec effectivement un affairisme, immobilier notamment, bien présent. Dans le cadre de la deuxième agglomération française on peut dire que oui, c’est une verrue.
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L’analogie avec le “tiers-monde” me vient souvent à l’esprit: l’état de santé du maire se rapproche de celui de M Bouteflika en Algérie; les infractions “tolérées de fait” sont légions; les discours et la communications sont grandiloquents (surtout en période électorale) mais les faits assez têtus; l’opposition est inexistante ou maffieuse; les seules opérations efficaces sont pilotées de l’extérieur, par le “colon” national qui se méfie des autochtones et n’investit qu’à coup sûr (Euromed, L2, …) ; l’éducation locale est maintenue faible pour mieux manipuler l’électorat (du pain et des jeux); le pouvoir privilégie les grands acteurs privés extérieurs à une gestion locale autonome (PPP, …); …
Alors bien sûr, il y a les Balakany et Dassault vers Paris, et il y a eu Médecin à Nice, Noir à Lyon, Carignon à Grenoble, Juppé (pour Chirac) à Bordeaux, … mais pour autant, à Marseille et autour on a plus l’impression d’être dans le champ à regarder passer les trains (devenir un grand musée touristique avec boutique souvenir) qu’à monter dans le train des grandes villes européennes (excellence éducative, développement économique sur les 3 secteurs, rationalisation et pilotage s’appuyant sur la démocratie citoyenne et l’autonomisation des quartiers …)
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En fait, en regardant la photo, on se dit qu’il faudrait passer à d’autres personnes, ici comme à Paris.
Carlotti et Le Foll sont bien sympathiques, mais ça fait has been.
Mennucci, Ghali, Ciot, Jibrayel, pareillement.
Place aux jeunes et à de nouvelles énergies….moins plombantes.
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Manque à la liste Benoit Payan, “ex bras gauche de Guérini” comme l’avait souligné le Canard Enchaîné …
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