Un producteur de documentaires prêt à envahir les Variétés pour se faire payer

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le 4 Mai 2016
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L'association productrice du film "La fête est finie" appelle ses soutiens à occuper le cinéma les Variétés ce mercredi après-midi. Elle proteste contre le non reversement des recettes de billetterie par le cinéma de la Canebière. En défense, son gérant met en avant les difficultés financières récurrentes de son entreprise.

Le cinéma Les Variétés - archives Marsactu
Le cinéma Les Variétés - archives Marsactu

Le cinéma Les Variétés - archives Marsactu

“Si chaque personne à qui on doit de l’argent se manifestait ainsi, on aurait une occupation tous les jours !” Au bout du fil, Galeshka Moravioff, le patron du cinéma des Variétés sur la Canebière, vient de prendre connaissance de l’appel lancé sur les réseaux sociaux par Primitivi. Face aux impayés, “2901 euros de recettes de billetterie qui [lui]reviennent”, l’association productrice de documentaires incite ses soutiens à occuper le cinéma à partir de ce mercredi, 14 heures.

Celle-ci reproche un retard de paiement après la diffusion sept semaines durant du film La fête est finie, un documentaire sur la face cachée de la capitale européenne de la culture. “Ces 3000 euros, ça représente environ 70 à 80 % de nos bénéfices sur ce film”, souligne le réalisateur, Nicolas Burlaud. Seulement deux cinémas en France l’ont mis à l’affiche, une centaine d’autres organisant une projection unique en présence du réalisateur. “Quelles que soient les difficultés financières de “Bastille Saint-Antoine” [la société de Galeshka Moravioff], nous estimons que ce n’est pas à nous, pauvres parmi les pauvres du cinéma d’en faire les frais”, ajoute-t-il dans l’appel à occupation.

Marsactu avait reçu Nicolas Burlaud en janvier 2015

Galeshka Moravioff ne nie pas qu’il doit de l’argent à Primitivi mais minimise la somme. “Nous avons un contrat et des accords passés avec cette société. Des frais viennent en réduction de ce que l’on doit leur verser. Si on leur doit quelque chose, c’est environ 1500 à 1700 euros.”

Les “grosses difficultés” des Variétés

Le gérant rappelle que les difficultés de son entreprise sont connues. “On a des tas de distributeurs qui attendent depuis longtemps et qu’on règle au fur et à mesure. Ce n’est un secret pour personne que nous avons de grosses difficultés. Primitivi le savait et elle a diffusé le film. C’est à leurs risques et périls entre guillemets.”

Reste que la question dure depuis des années. En 2013, Thomas Ordonneau, distributeur marseillais de films indépendants et directeur du Shellac, une société de production, de diffusion et d’édition de films de cinéma indépendant confiait un même mécanisme à Marsactu. Depuis quelques années, il a décidé de ne plus travailler avec le gérant. “Il sort le minimum d’argent pour que l’activité continue : il paie les distributeurs de films porteurs  qu’il laisse très longtemps à l’affiche, le plombier quand le plafond s’écroule et entretient le minimum de masse salariale.”

“On paie l’électricité et certains loyers”

Installé dans des locaux appartenant à la Ville de Marseille, Galeshka Moravioff ne dit aujourd’hui pas autre chose : “On arrive à payer certaines factures. On paie l’électricité et certains loyers.” En janvier, les salariés ont fait grève pour des retards de salaires à répétition, expliquaient-ils. Selon Galeshka Moravioff, sa société, qui ne publie pas ses comptes au tribunal de commerce, ne doit à sa survie “qu’à quelques coups comme « Merci patron ! » dont le distributeur nous a fait confiance”.

A ses yeux, son salut ne passera que par un soutien du conseil national du cinéma qui a retiré en 2013 le label “Art et essai” au cinéma de la Canebière. “Avec cette nouvelle gauche qui est ni de gauche ni de droite, il n’y a plus d’approche politique mais une approche technique”, ose Galeshka Moravioff dont l’établissement ne remplit pas l’ensemble des points du cahier des charges du précieux label. “On est tranquille encore pour deux mois et après, à chaque jour suffit sa peine”, lâche-t-il. Après, la fête est finie ?

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Commentaires

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  1. barbapapa barbapapa

    Ce type là est un craignos, pas réglo du tout dans un mode de bisounours – ça finira en liquidation judiciaire avec des montagnes d’impayés, que nous paierons en impôts via le fonds de garantie des salaires, et un trou dans les finances de la ville.

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Il y a certainement place, au centre d’une ville de 850 000 habitants, pour une salle de cinéma Art et essai. Faut-il encore qu’elle soit dirigée par quelqu’un qui soit à la fois compétent et passionné.

    La mauvaise gestion du Variétés a donné lieu à plusieurs articles ces dernières années dans Marsactu et Le Ravi. Elle est connue depuis longtemps. Que fait la ville, propriétaire des murs, face à un locataire qui ne paie que “certains loyers”, ne publie pas ses comptes et laisse mourir cette salle à petit feu ? “M’en fouti” ?

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    • reuze reuze

      La réponse dépend de l’adjoint ou du conseiller municipal délégué compétent pour ce dossier (Anne-Marie d’Estienne d’Orves, Séréna Zouaghi? un(e) adjoint(e) avec une délégation plus large genre centre-ville ou urbanisme?).

      C’est plus facile à prédire avec les bons clients habituels comme Danièle Casanova ou Richard Miron.
      Si ce dernier était en charge du dossier, on aurait sans doute une réponse du style “Ce n’est pas une priorité, on fera le bilan quand on saura quoi faire du bâtiment”.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      😉

      En tout cas, il n’y a pas si longtemps, personne à la mairie ne savait où on en était du paiement des loyers dus par cet individu : https://marsactu.fr/le-label-art-et-essai-des-varietes-menace/

      Cette “gestion” relâchée du patrimoine municipal explique sans doute l’inaction totale de la ville dans cette affaire.

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    • reuze reuze

      La gestion du patrimoine municipal est désastreuse.
      Je ne comprends pas comment une ville pauvre peut laisser traîner des loyers en retard pendant plusieurs années comme aux Variétés, ou laisser fermé le Pavillon du Lac au parc Borély depuis 10 ans (!) alors que ce sont des actifs facilement valorisables qui devraient lui rapporter un peu d’argent, ou en tout cas ne pas lui en coûter.
      Et encore, ce ne sont que les cas les plus flagrants mais on pourrait aussi regarder du côté de l’occupation sans titre ni redevance du domaine public (terrasses de café…).

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  3. CAN. CAN.

    C’est quoi ce binzz!
    La commuinication et les grands mots -Quand il faut plonger les mains dans le cambouis, il n’y a plus personne.
    Que fout la Mairie à laisser s’aggraver la gestion désastreuse de ce cinéma qui était un phare marseillaise de la culture cinématographique .
    Qu’attends la Mairie pour remettre les clefs à un acteur culturellement crédible et compétent en gestion.
    Évidemment, si il y avait un projet immobilier en ligne de mire, nous pourrions y percevoir un début de logique.
    Laisser continuer à s’enfoncer ce cinéma emblématique est un déchirement !

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