Procès Andrieux : le "grand prince" en classe A et son bras droit en Kangoo
Procès Andrieux : le "grand prince" en classe A et son bras droit en Kangoo
Boumediene Benamar, en retrait sur son banc, écoute sans sourciller les prévenus défiler à la barre et le décrire comme un homme menaçant, une ombre omniprésente planant sur eux. Dans le procès de la députée socialiste Sylvie Andrieux, l'homme est soupçonné d'avoir constitué des associations fictives, recruté les présidents et encaissé les fonds. Le système semble bien rodé. Boumediene Benamar, alors gérant de boîte de nuit aux Catalans et animateur de l'association fictive Predi Nord, fonctionne de pair avec Cédric Doco, gérant de la Sarl Doco, assis à sa droite.
D'abord, le duo repère des hommes avec un profil révélant une faille, une quelconque fragilité : étudiant souvent fauché, chômeur, personne endeuillée ou vivant un drame personnel. Souvent il s'agit d'une connaissance de Cédric Doco, un ancien ami d'enfance à qui l'on propose de créer une association pour des motifs particulièrement "alambiqués, des choses très fumeuses", pointe la présidente du tribunal Christine Mée. Ainsi, pour l'association Predi Nord, l'objet social avancé consiste à "réduire les inégalités entre les quartiers marseillais, redonner du pouvoir d'achat aux habitants, une meilleure image du quartier et réinsérer les populations de toute génération par des formations professionnelles."
"Trop bon, trop con"…
Pourtant, les acteurs se lancent dans le projet, ferrés par une confiance sans bornes ou l'appât facile du gain. Alain Villard, approché pour devenir le nouveau président de Predi Nord n'hésite pas à remettre ses numéros de compte bancaire à Doco. "C'était mon ami d'enfance" plaide-t-il. Une confiance que tous vont regretter à la barre, s'affligeant tour à tour sur leur propre naïveté, comme Nicolas Matthieu, trésorier pour plusieurs associations fantômes : "Comme l'a dit le juge d'instruction, trop bon, trop con".
La plupart du temps toutefois, l'arnaque est rapidement perçue à des degrés divers. D'autant que les associations n'ont, souvent, aucune activité, ni d'adhérents ni locaux. Alain Villard concède : "j’avais bien compris que c’était une association fictive pour toucher des subventions et que c’était illégal". Il perçoit également le rôle des deux compères, fonctionnant a priori sur un plan d'inégalité. Avec un casier judiciaire rempli de cinq mentions entre 1990 et 2009 dont 18 mois pour séquestration et détention arbitraire ainsi qu'une tentative de meurtre, Benamar, dit "Boumé", paraît mener la danse : "Pour moi, c’était Boumediene qui dirigeait car il était toujours en costume et en Mercedes class A alors que Cédric était en bleu de travail et en Kangoo" rapporte Alain Villard avant d'ajouter: "D'ailleurs, il ne m’a pas plu, Boumé, il faisait le grand prince".
Le grand prince réclame son dû rapidement, se servant des présidents et autres trésoriers pour décaisser des espèces. Il s'arrange pour qu'on lui soit redevable. Boumediene Benamar prête ainsi de l'argent à Pierre Santacreu, président d'une autre association qui n'est pas en mesure de payer son loyer. "Il m'a dit que je pouvais lui rendre quand je pouvais, mais cela s'est vite transformé en « quand je le veux »". "L'étau s'est resserré à ce moment-là", ajoute Nicolas Matthieu, qui subit pression et menaces en même temps. Il poursuit son récit édifiant : "Benamar disait « je sais où tu travailles, je sais où tu habites », il devenait tout rouge et se mettait à trembler. C'était impressionnant". Pierre Santacreu se rappelle d'une Mercedes noire passant devant chez lui, "c'était l'enfer, j'étais harcelé au téléphone, il connaissait des choses sur ma vie privée, ma famille, mon travail".
Pressions de toutes parts
Impossible, selon les prévenus, de sortir du système. Nicolas Mougel, un autre président d'association, se dit obligé de recevoir des sommes importantes sur son compte bancaire. Menacé par Cédric Doco dans une cave, il tente tout de même de fermer le compte mais "une employée de banque affolée m'a dit « tu vas finir tes jours sur un lit d'hôpital »". Pierre Santacreu affirme avoir tenté de parler à la police, puis avoir contacté Rolland Balalas, ex-bras droit de la députée Sylvie Andrieux. "Je lui ai dit que les associations étaient mortes, mais que nous étions sous la pression de Benamar. Il a d'abord répondu qu'on avait besoin de gens comme lui dans les quartiers, costaud, bien implanté. Et puis il a dit qu'il se demandait si ces associations ne finançaient pas quelque chose de bien plus grave, il a parlé de drogue. Mais il ne pouvait rien faire, parce qu'il subissait des pressions de toutes parts."
La justice tentera de mettre au jour la teneur des "pressions de toutes parts" et de déterminer si la députée Sylvie Andrieux est directement visée par de telles accusations. Était-elle informée des agissements de Boumediene Benamar ? Pour l'instant, le rôle supposé de ce dernier en tant que relais électoral n'a pas été développé. Nora Benamar, la soeur de Boumé appelée hier à la barre a cependant affirmé que la députée l'avait aidé à retrouver un travail à la Région. En guise de remerciement, la jeune femme lui fait parvenir un sac Vuitton et tient un bureau de vote en 2004. Boumediene Benamar doit être entendu aujourd'hui, après deux jours à rester impassible, haussant imperceptiblement les sourcils face au flot des accusations accablantes.
Commentaires
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Au 2nd tour: UMP – FN = PS élu.
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En achetant les votes des pauvres dans les cités. En donnant l’argent destinés aux enfants ou à leur maman à des voyous pour les acheter encore plus de vote. Des voyous qui achètent des véhicules, des bétonnières et autres matériels qu’aucun habitant de Font Vert ou du 13/14 ne pourra utiliser. Andrieux peut ainsi contribuer à renforcer l’insécurité dans les quartiers. Les citoyens ont en marre et vote Le Pen et voilà le tour est joué le PS gagne les élections. Sauf qu’à ce jeu là la gauche n’a pas vu qu’aujourd’hui ce n’est plus le parti de papa Le Pen est que le FN va faire un carnage en 2014. Le parti socialiste a enfanté le Front National sauf qu’aujourd’hui il est en passe de devenir majeur. Surtout avec Harlem DESIR et le président mou à la tête des socialistes au niveau national.
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Qu’est-ce que la politique de la ville ?
Le Centre d’analyse stratégique explique dans son rapport de 12 décembre 2012 consacré à la politique de la ville :
“Les démarches politiques ascendantes et participatives améliorent les relations entre les habitants et les acteurs locaux (…) notamment en atténuant le sentiment d’insécurité et en améliorant la qualité de vie ressentie.” Dans sa conclusion (page 83) le rapport préconise de développer la participations des citoyens dans la vie de leur quartier :
“Face aux appels renouvelés à encourager la participation des habitants, le triple défi des pouvoirs publics consiste à concevoir des innovations procédurales empruntant à la démocratie participative ; à développer la culture et les pratiques du débat public à tous les niveaux de décision ; et à encourager le « développement du pouvoir d’agir » (empowerment ) des collectifs d’habitants. Cet enjeu est particulièrement important au moment des réflexions sur le second acte du programme de rénovation urbaine”.
L’aide aux associations locales dans le cadre de la politique de la ville est donc bien une recommandation a suivre pour un élu. Sylvie Andrieux n’a donc fait que son devoir en soutenant le financement de celles-ci dans le cadre de sa délégation.
Sur 3 ans, 18 millions de subventions ont été attribuées à des associations par la délégation “politique de la ville” de la Région. Sur cette même période, environ 700 000 euros sont soupçonnés d’avoir été détournés à des fins frauduleuses, soit moins de 2,6 %.
Ces subventions ont donc été attribuées dans leur presque totalité à de véritables associations ayant un intérêt certain pour les Marseillais.
Encourager cette vie associative vertueuse n’est donc pas critiquable.
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Les personnes qui votent les subventions (élus) ne vérifient pas les dossiers ? on peut créer une association bidon et toucher rapidement une subvention de la Région ? Et on peut faire pour une multitude d’associations fictives en très peu de temps ? Et donc Andrieux n’est pas au courant, évidemment… ils n’ont pas une seconde été informés que ces associations avait été créées de toutes pièces pour recevoir les subventions… biensur, tout est crédible.
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je suis allé sur le site site : comprendrelaffairesylvieandrieux.fr
une chose m’a considérablement choqué !!!
Le Mari et c’est tout à son honneur souhaite “laver” son épouse
OUI MAIS …. avez vous regardé l’adresse postale :
Permanence Parlementaire – Place A Durand – 13014
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trop bon, trop con
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