Pourquoi Guérini et Ciot ont été relaxés par le tribunal correctionnel

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le 8 Déc 2014
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Pourquoi Guérini et Ciot ont été relaxés par le tribunal correctionnel
Pourquoi Guérini et Ciot ont été relaxés par le tribunal correctionnel

Pourquoi Guérini et Ciot ont été relaxés par le tribunal correctionnel

"On ne peut pas dire que c'est un bon ou un mauvais point", lance Dominique Mattei, l'avocat de Jean-Noël Guérini. Quelques minutes plus tôt c'est pourtant en se passant les mains sur le visage en signe de soulagement que son client a accueilli le jugement du tribunal de grande instance de Marseille. Il a ensuite quitté la salle d'audience sans un mot pour la presse. La juge Christine Mée vient de signifier sa relaxe et celle de son ancien collaborateur de cabinet et actuel député socialiste Jean-David Ciot. Ils avaient été renvoyés devant le tribunal pour détournement de fonds publics et recel de ce délit, la justice les soupçonnant d'avoir maquillé en licenciement une démission de Ciot de son emploi au cabinet.

Dans le jugement que nous avons pu consulter, le tribunal s'est attaché à démonter point par point les griefs formulés à l'encontre des deux élus par le juge d'instruction Charles Duchaine. Pour appuyer sa thèse, il avait notamment souligné l'absence de préavis et de motif du licenciement. Pour le tribunal, "ces omissions auraient pu entraîner l'illégalité du licenciement s'il avait fait l'objet d'un recours devant la juridiction administrative" mais pas devant un tribunal correctionnel. Le jugement ajoute :

Si le licenciement a été accepté par le collaborateur, l'absence de motif dans la lettre de licenciement et l'absence de réalisation du préavis prévu à son bénéfice ne sauraient démontrer l'existence d'une démission déguisée.

L'accusation avait aussi insisté sur une ligne ajoutée au contrat de Jean-David Ciot en avril 2011, deux mois seulement avant son licenciement : elle prévoyait des indemnités de départ. Lors du procès, la défense des deux élus avait souligné qu'il ne s'agissait que d'une transcription de la loi, ce que valide aujourd'hui le tribunal :

Il ne peut être valablement soutenu que l'insertion de la clause prévoyant la perception d'une indemnité de licenciement dans le contrat de Jean-David Ciot serait litigieuse dès lors que cette indemnité était due qu'elle soit insérée ou non dans le contrat.

Restait la justification politique de la démission déguisée portée par l'accusation. Elle estimait que Jean-David Ciot souhaitait quitter le conseil général pour être en mesure de se présenter aux législatives un an plus tard, la loi interdisant à tout aspirant député d'occuper un emploi de cabinet l'année précédant l'élection. Cette version reposait essentiellement sur le témoignage de Rémy Bargès, directeur de cabinet de Jean-Noël Guérini à l'époque. "Ses déclarations ont été évolutives et confuses sur les motifs supposés de la rupture de contrat, a répondu le tribunal. […] Lors de la confrontation, il s'est montré beaucoup moins affirmatif disant que Jean-David Ciot a pu évoquer la possibilité de démissionner parmi d'autres sans même être certain que ce dernier ait évoqué lui-même cette possibilité." La conclusion du tribunal est claire :

S'il peut être admis que Jean-David Ciot ait pu afficher des ambitions politiques nationales, la preuve n'est pas rapportée de sa volonté de démissionner de son poste de collaborateur de cabinet pour se présenter aux législatives de 2012.

En conséquence de ces conclusions, Jean-David Ciot peut récupérer les 65 529 euros dont la saisie conservatoire avait été ordonnée en février 2013. Cette somme correspond pour un tiers à ses indemnités de départ et pour le reste à ses allocations journalières d'indemnités de perte d'emploi. Le soulagement politique est certainement encore plus grand que le soulagement pécuniaire. Ce lundi matin, son avocat Grégoire Ladouari s'est réjoui : "Le tribunal n'a pas cédé à l'envie, au fantasme de condamner des noms uniquement parce qu'ils sont connus et parce que depuis quelques années, ils sont sulfureux."

Selon La Provence, le parquet a décidé ce jeudi dans ce qui a toujours été présenté comme le plus faible des dossiers Guérini. Le président du conseil général devra encore comparaître dans le cadre de deux autres affaires de marchés publics présumés truqués dans le cadre desquels il est mis en examen notamment pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de la commission des délits de trafic d'influence, de corruption et de détournements de fonds publics".

Actualisation le 11 décembre : le parquet a décidé de faire appel du jugement.

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Commentaires

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  1. JLT JLT

    Il aurait fallu écrire :”plus grand que le soulagement pécunaire.”

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  2. JLT JLT

    erreur de dactylo : “plus grand que le soulagement pécuniaire.”

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  3. Prends du cacao mon frère. Prends du cacao mon frère.

    Quel camouflé pour l instruction, car si la présidente du tribunal est capable de faire cette interprétation de la loi et que de la loi comment un magistrat instructeur (et le parquet) n’en ont pas été capables sauf à y voir un besoin qui reste à qualifier?
    Fallait il dans l ‘élan médiatique du dossier Guerini charger la mule pour préparer l opinion et Paris à en voir un monstre?

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  4. Marcel Marcel

    Quelle différence de sentance entre les réquisitions du procureur et le jugement définitif.
    Nous allons bientôt connaître la crédibilité de Duchaine sur les autres procès qui n’ont rien à voir avec cette affaire qui aurait du se juger devant les prudhommes.
    Nono est très mal et ça se voit.

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  5. fitou13 fitou13

    Si je compare les faits reproché a JNG et JDC vec le licenciement rupture conventionnelle du contrat de travail du sous-directeur de mon entreprise,JDC aurait pu obtenir plus d’argent.

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  6. NO PASSARAN NO PASSARAN

    Tiens, le fan club des Guérini Brothers est à la manoeuvre. On se croirait revenu au bon vieux temps de Ricou 13…

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  7. raphael raphael

    pécunier … que c’est moche !

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  8. JM Leforestier JM Leforestier

    Merci aux vigies de l’orthographe et du bon français.
    Mille excuses pour l’affreux barbarisme “pécunier” que je remplace de ce pas par “pécuniaire”.
    JML

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  9. Siribou Siribou

    La loi veut qu’on ne commente pas une décision de justice. Donc nous ne le ferons pas.
    On peut juste rajouter que le contribuable sait désormais où passe son argent et comment il est bien employé, au service de nobles causes.
    Un jour, une véritable “class action” nous permettra, nous contribuables, de nous faire rendre justice.

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  10. rimbaud13 rimbaud13

    vivement la 6ème république pour que le citoyen soit en mesure de juger les travers de leurs élus politiques quels qu’ils soient !!!!
    et rendre la démocratie participative !!!!

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  11. Anonyme Anonyme

    dommage, on garde un député incapable au palais bourbon!!! entre lui et mennucci, le ps marseillais est vraiment vraiment bien représenté!!! pauvre de nous…. vivement 2017 qu’ils dégagent.

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  12. Marseillais indigné Marseillais indigné

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    La question du juge unique : un état des lieux
    le 15 03 2012

    La collégialité présente plusieurs garanties, tant pour les magistrats que pour les justiciables : elle permet au magistrat de se former et d’enrichir sa réflexion au contact de ses collègues ; elle lui assure une protection qui garantit la sérénité des délibérés et l’indépendance de sa décision ; elle assure au justiciable une décision mesurée, peu susceptible d’avoir été influencée par la partialité d’un juge, et dotée d’une plus grande autorité.

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  13. Anonyme Anonyme

    Vous avez vu la GUEULE de trois pieds de long que tirait Jean-nono à l’énoncé du verdict ?
    …m’est avis qu’il sait parfaitement qu’on laisse passer ce coup-là, histoire de ne pas donner l’impression d’un acharnement, et dégager le terrain pour lui faire ramasser TRES cher à la suivante…

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