Pour aider la métropole, le préfet Théry sort "la grande échelle"

Pour aider la métropole, le préfet Théry sort "la grande échelle"

Tun tun, tun-tun-dun. "Cette mission, si vous l'acceptez…" A part une pirouette et peut-être le titre, il n'y a pas grand rapport entre la mission confiée au préfet Laurent Théry par Jean-Marc Ayrault et le film à succès itératif avec Tom Cruise en vedette. Le message qui lui est confié ne risque pas de s'auto-détruire puisqu'il est inscrit dans le marbre d'un décret du 16 mai qui l'institue "préfet délégué en charge du projet métropolitain Aix-Marseille Provence". Lundi matin, pour la première fois depuis son arrivée en septembre sans décret précis, il s'exprimait devant la presse. Pour cette mission "prête à l'emploi", il est accompagné d'une équipe resserrée et pluridisciplinaire d'une quinzaine de techniciens encore en cours de recrutement.

Il sera également flanqué de deux conseils : le premier dit "conseil des partenaires" est consultatif. Il réunira les représentants de la société civile du territoire. Le second, dit "conseil des élus" orientera les travaux de la mission. Il sera composé des présidents d'intercommunalités, d'un maire issu de ces mêmes intercommunalités, du maire de Marseille et des présidents des conseils général et régional. Or, pour l'heure, le préfet Théry aura du mal à convaincre le moindre maire du reste du département à participer au dit conseil. Chez les partisans d'un syndicat mixte, certains ont déjà parlé de "préfet d'exception" à son propos. Le préfet Parant répond à sa place : "Cette mission est une main tendue, qu'ils la saisissent ou pas".

De son côté, le Préfet Théry garde le cap : "Il y a un certain nombre de sujets sur lesquels les points de vue se sont accordés avec les opposants à la métropole. (…) C'est le signe que la grande échelle fait consensus pour régler les questions importantes liées aux transports en commun, au développement économique, à l'environnement ou à l'urbanisation". Sur ce dernier point, le préfet est sans doute optimiste. Mais c'est ce sentiment positif qui le porte : "Au final, c'est surtout le mode d'organisation qui fait obstacle. Tout le monde s'entend sur la réussite de la grande échelle". 

Changer d'échelle pour jouer ensemble

Mais, avant d'enfiler son casque de pompier, Laurent Théry doit donc s'efforcer de donner du grain à moudre à la future institution. "Il s'agit de créer une nouvelle vision pour porter un projet qui justifie l'institution. Il s'agit des grandes orientations en termes d'ouverture internationale, d'aménagement du territoire, de la recherche d'un modèle de développement plus respectueux de l'environnement. L'essentiel est de créer un projet qui crée du lien entre les territoires et entre les citoyens. Changer d'échelle doit nous permettre de jouer ensemble. Pour que la plus-value métropolitaine améliore rapidement les conditions de vie des gens". 

En revanche, difficile d'avoir un exemple concret de cette liste de projet dans laquelle il pourrait y avoir "plusieurs grands projets structurants et d'autres. En matière de transports collectifs, par exemple, il pourrait y avoir des infrastructures lourdes et d'autres modifications plus légères en matière de modalités de gestion, de tarifs et de services…" Là encore, c'est le préfet Parant qui vient à sa rescousse en citant l'exemple concret "de la liaison entre Fos-sur-mer et Salon pour laquelle le maire de Fos pourra enfin donner son avis".   

De la question du paysage

Quand on le pousse vraiment dans ses retranchements, Laurent Théry évoque une réflexion "évidente" autour du périmètre Euroméditerranée ou la question du paysage "consommé de manière immodérée dans notre région". Mais, déjà il freine, se limitant à un "notre ouverture est absolue" qui sonne comme un slogan. 

Du côté de son équipe, le flou persiste également : la quinzaine de chargés de mission viennent de tous les horizons, le préfet ayant fait son marché dans toutes les institutions tant publiques que privées : le conseil régional a été le premier à débaucher, les transferts se poursuivront notamment avec la chambre de commerce. Mais, là encore, en dehors de Vincent Fouchier, arrivé il y a plusieurs mois de l'institut d'aménagement d'Île-de-France, impossible d'avoir les noms des techniciens présents. "Vous savez, je ne devrait même pas être là", glisse une dame en quittant les lieux.

Quant au siège de la mission, il devrait se situer en dehors de la Préfecture pour être plus souple dans son fonctionnement. Les quartiers nord de Marseille auraient cette avantage de centralité métropolitaine… Histoire d'être situé au coeur même du problème.