Port : le coup de comm' contesté des patrons marseillais

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le 11 Oct 2010
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Port : le coup de comm' contesté des patrons marseillais
Port : le coup de comm' contesté des patrons marseillais

Port : le coup de comm' contesté des patrons marseillais

Difficile d’ouvrir votre poste de radio ou de surfer sur un site d’information sans tomber dessus : l’affiche du collectif « Touche pas à mon port » parodiant la célèbre campagne de promotion australienne pour le meilleur job du monde « fait du buzz« , se félicite Jean-Luc Chauvin, patron de l’UPE13, le MEDEF local, à l’origine du mouvement. « France Info a ouvert son journal de 8 heures là-dessus avec Laurence Parisot » (patronne du MEDEF tout court), poursuit-il

Une semaine après la création du collectif, « il y avait très peu de reprises« , donc celui-ci est passé à la vitesse supérieure : une pleine page de pub dans les Echos étalant sur fond d’île paradisiaque « les privilèges » des grutiers du port de Marseille. Soit 8 semaines de congés par an, 18 heures de travail par semaine, pour 4000 euros brut minimum par mois garantis à vie. « Ces chiffres doivent être mis en avant dans une période où la solidarité doit être de mise », appuie Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d’industrie.

Commerçants et salariés d’entreprises portuaires

Côté comm’, l’habileté de l’UPE13 est aussi de ne pas être partie toute seule au front, ce qui lui aurait valu quelques retours de boomerang sur les salaires des patrons… « Nos 5000 adhérents gagnent en moyenne 2000 euros par mois et font 35 heures en 3 jours« , affiche Laurent Carratu, président de Terre de commerces.

Pour sa conférence de presse, le collectif avait réussi à faire venir de « simples » salariés d’entreprises travaillant sur le port, comme Laurence Creac’h, employée de transit chez Technotrans, qui a poussé un coup de gueule capté par les principales télés et radios. « J’ai ouvert le site et j’ai dit « c’est quoi ça ? ». De nos jours, c’est inimaginable que des types comme ça puissent nous mettre au chômage technique« , témoigne-t-elle.

Anti-racisme et anti-CGT même combat ?

En revanche, la reprise du slogan et du logo de « Touche pas à mon pote », la fameuse campagne de SOS Racisme risque de leur valoir quelques critiques. Et si en période de crise économique la réaction des Marseillais pourrait plutôt être défavorable aux grutiers, la manoeuvre pourrait aussi être accusée de populisme. « Touche pas à mon port » espère en tout cas obtenir l’accélération de la mise en oeuvre de la réforme des ports au GPMM « au plus tard au 31 décembre« , au lieu du 4 avril prochain, date butoir du texte. Mais aussi une « intervention de la force publique » pour débloquer le pétrole. Et ainsi priver la CGT de son arme la plus puissante.

Le syndicat s’est évidemment étranglé et conteste en bloc ces chiffres. « C’est totalement mensonger. Nous fournirons des bulletins de paie pour l’attester et nous rapprocher de nos avocats », a réagit Pascal Galéoté, secrétaire général de la CGT du port sur France Info. Le collectif « Touche pas à mon port » a pourtant déniché dans l’appel à projet lancé par le port pour le passage au privé des bassins de Marseille une « rémunération moyenne« . Même s’il a une appréciation un peu particulière des horaires, puisqu’il s’agit du temps « effectivement passé dans les grues« , reconnaît Jean-Luc Chauvin. Ce qui n’explique pas comment Pascal Galéoté arrive sur France Inter à 40 heures au lieu de 18 heures…

Chiffres contestés

Qui croire ? Au GPMM, qui est quand même le mieux placé pour le savoir, on ne souhaite pas communiquer sur le sujet, car le conflit actuel ne concerne « aucune revendication ni sur le temps de travail ni sur le salaire ». Et ce alors que Jean-Luc Chauvin assure que les agents essaient d’obtenir un passage à 12 heures par semaine et une augmentation de 450 euros par mois. Pascal Galéoté accuse d’ailleurs le collectif de vouloir « contourner les revendications, qui concernent l’avenir de l’activité« . Thibaut Teillard, journaliste au Marin, considère que ces chiffres « ne correspondent pas à la réalité« .

« Ils sont salariés de droit privé dans le public donc assujettis aux 35 heures. En tant qu’ouvrier qualifié ils doivent gagner entre 2000 et 2500 euros par mois, même si ensuite des primes peuvent être données par le manutentionnaire« , explique-t-il. Le travail de nuit et le week-end peut certes gonfler encore un peu cette paie, « mais ce serait malhonnête de dire que c’est le salaire de base. Et ce sont les même grilles de salaire pour tous les ports français donc Marseille n’est pas un cas spécifique« , indique-t-il.

Dans un autre registre, la conférence de presse a été le théâtre d’une scène assez surréaliste : Jean-Luc Crozel, le journaliste de La Provence qui suit ce dossier, s’est fait houspiller par un membre du collectif parce que son journal avait refusé de passer la pub. « Vous êtes contre nous alors !« , lui a-t-il lancé. Plus diplomate mais tout même étonnamment sec, Jean-Luc Chauvin lui a donné en tête à tête une leçon sur le traitement du sujet par le quotidien. Comme quoi les patrons sont sensibles sur ce qu’ils considèrent comme « probablement le conflit de la dernière chance« , d’après leur représentant.

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Commentaires

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  1. esmarsei esmarsei

    Il faut se méfier des grues et au delà demander à l’UPE 13 d’exprimer de façon claire sa vision du port de Marseille au moins pour la partie située dans la commune de Marseille.

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  2. céhère céhère

    Patrons minables, patrons voyous qui ne reculent devant rien, surtout pas le mensonge.
    Le dernier paragraphe de l’article illustre bien l’idée qu’ont ces messieurs de la liberté de la presse.

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  3. alèthéïa alèthéïa

    Monsieur VINZENT,
    pouvez-vous nous éclairer sur la véracité des chiffres présents sur l’affiche. J’imagine que les grutiers ont du vous prouver que ces chiffres sont faux.
    et puis la situation est assez simple. soit ces chiffres sont faux et cela est dramatique car ça voudrait dire que le patronat ment et en plus en fait de la pub. soit ces chiffres sont vrais et le combat des grutiers perd tout de suite bcp de légitimité en cette période de véritables difficultés pour nombre d’entre nous.

    Merci.
    Thomas

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  4. clément clément

    “Port : le coup de comm’ contesté des patrons marseillais”
    Ce coup de pub n’a rien de contesté, car même si les chiffres ne sont pas complètement exacts, il permet de faire connaitre aux marseillais et aux français le statut privilégié des grutiers, et ça beaucoup de personnes l’ignorait (moi y compris).
    Ensuite concernant la véracité des chiffres, pourquoi M Galéoté n’a pas donné de démenti formel sur ces chiffres ? Cela prouve bien que, dans certains cas (ancienneté notamment), il est possible de cumuler tous ces privilèges.

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  5. prapin prapin

    député,sénateur et eurodéputé:7000 euros/mois + privilèges d’une autre époque…sans compter ceux qui comme montebourge cumule 2 mandats (+ de 10000 euros)…et en plus ces gens-là ne participe pas à la richesse du pays contrairement au smicard qui se lève tôt le matin pour aller bosser tandis que montebourge passe son temps dans les médias…
    donc le salaire d’un grutier ne me choque pas,par contre celui de montebourge m’écoeure…
    le 3 septembre,les députés ont voté unanimement contre un amendement qui devait aligner leur retraite sur celui du régime général…c’est bizarre,c’est que très peu de médias en ont parlé…ah ,connivence quand tu nous tiens…

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  6. prapin prapin

    ….je rajouterais que pour les législatives de 2012,je prépare des bulletins de vote que je mettrais dans mes enveloppes qui ne vont pas leur faire plaisir…

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  7. PROTIS PROTIS

    Le “gandchou” des grands pères de nos dockers actuels (la profession est assez héréditaire…)était le symbole mème de la pénibilité du travail de docker amené à crocher les sacs de son “ganchou” avant de les charger sur son dos, aujourd’hui le “gandchou”à vécu remplacé par la grue électrique assistée électroniquement ,d ‘ou la pénibilité proclamée du travail de ces derniers …et les demandes de retraites anticipées !

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