La pollution de l’air en cours d’analyse dans 18 écoles marseillaises

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le 30 Mar 2016
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Une campagne a lieu actuellement dans dix-huit écoles primaires marseillaises pour évaluer la pollution de l'air et son impact sur la santé des enfants. Elle a pour but d'établir une comparaison avec des relevés faits en 1999 par le professeur Charpin. Un premier pas, timide, vers des mesures qui seront obligatoires à partir de 2018 pour une partie des établissements scolaires.

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L'école primaire Roosevelt, rue Tivoli.

L'école primaire Roosevelt, rue Tivoli.

“Attention, cela fait un an que l’on travaille sur cette campagne, elle n’a rien à voir avec la polémique médiatique sur l’état des écoles”, prévient Denis Charpin. Le chef du service de pneumologie-allergologie à l’hôpital Nord s’intéresse actuellement à la qualité de l’air dans dix-huit établissements de la ville, plus de quinze ans après avoir mené une première étude sur le sujet.

À côté de la vague de délibérations concernant des travaux dans les écoles, mais dans la catégorie développement durable, un programme d’actions sur la qualité de l’air s’est glissé dans l’ordre du jour du conseil municipal du 1er avril. Depuis plusieurs années, la ville fait partie des agglomérations pointées par l’Union européenne pour leur dépassement des normes de pollution atmosphérique.

Des écoles des Cinq-Avenues, de Sainte-Marguerite et de Saint-Tronc

Revenir, plus de quinze ans plus tard, dans les mêmes écoles et les mêmes classes, avec le même protocole de relevés pour pouvoir comparer les résultats : tel est le but de la campagne qui a débuté en réalité bien depuis février et court jusqu’à l’été. En 1994, dans le cadre d’une étude internationale (ISAAC, de son nom anglais), les médecins réalisent les premiers relevés à Fos pour étudier le lien entre la pollution de l’air et les allergies développées par les écoliers.

Cinq ans plus tard, lors de la phase 2 du programme, Marseille fait partie des six grandes villes retenues pour les relevés. Dix-huit écoles sont alors choisies à Marseille, en hyper-centre et dans le sud : “Les quartiers retenus, en fonction des taux de pollution relevés au cours des années précédentes sont : Cinq-Avenues et Longchamp (zone polluée), Sainte-Marguerite et Saint-Tronc (zone moins polluée)”, retient alors la délibération de la ville sur le sujet. “Ne me demandez pas comment ont été choisis les établissements, ce sont les mêmes que lors de la première étude”, élude l’adjoint au maire Robert Assante. 1500 élèves, de CM1 et CM2 ont participé à l’enquête.

Un tiers des classes avec “un air de mauvaise qualité”

“À l’époque, l’analyse de l’étude n’a pas été faite au niveau local, se souvient Denis Charpin. Mais au niveau national, nous avons appris qu’un tiers des salles de classes avaient un air de mauvaise qualité. Avec de nouvelles données nous pourrons voir comment la pollution et l’asthme ont évolué dans les classes et quels peuvent être les liens éventuels entre les deux”, poursuit-il. “Nous ne refaisons pas tout nous même”, précise le médecin qui explique que des relevés seront faits pendant une semaine dans chaque école d’ici fin juin. Des mesures sont effectuées à l’intérieur des bâtiments et dans les cours de recréation.

“Nous recherchons les polluants de l’air intérieur issus du revêtement, de l’ameublement ou encore des produits de nettoyage ainsi que ceux issus de l’extérieur avec en premier lieu ceux du trafic automobile ou du chauffage”, explique le directeur d’Air Paca, Dominique Robin, l’association en charge de la collecte des informations. Pour ce qui est de l’évaluation des pathologies développées par les enfants, un questionnaire détaillé a été distribué aux parents et doit être récolté après les vacances de Pâques. “Nous devons faire un travail important pour aider les parents à remplir ce questionnaire”, reconnaît Denis Charpin, qui recense tant les symptômes que les affections diagnostiquées.

Guide des bonnes pratiques

Cette campagne est assortie d’actions de sensibilisation menées par Air Paca dans le cadre de son programme à destination des enfants et des enseignants L’air et moi. “La première question est d’aérer, d’ouvrir les fenêtres au bon moment pour ne pas faire entrer la pollution extérieure venue d’une rue passante”, argumente Dominique Robin. Cette bonne vieille méthode permet de diminuer la concentration en hydrocarbures issus de l’ameublement ou des revêtements. “Quatre vingt pour cent des écoles en France ne sont pas équipées de ventilation mécanique forcée”, déplore-t-il. La ville de Marseille fait un premier pas en la matière mais sur le plan de l’analyse et de la sensibilisation. “Il y a toujours eu une réglementation sur la qualité de l’air”, réplique Robert Assante pour la ville de Marseille.

Une réglementation certes mais qui va se durcir avec de nouvelles normes pour les lieux accueillant des enfants. Une mesure issue du Grenelle de l’environnement impose aux collectivités d’évaluer la pollution dans les crèches et les maternelles à partir de 2018 et de mettre en face les moyens nécessaires pour améliorer la situation si le diagnostic est sévère. À la base, cette obligation devait s’appliquer dès 2015. En réponse au refus d’obtempérer des maires, le ministère de Ségolène Royal avait repoussé de trois ans l’obligation et édicté d’ici là un guide de bonnes pratiques. Peu de choses ont bougé depuis.

“Cela pouvait vite virer à la gestion de crise pour les municipalités”, admet Dominique Robin, défendant par là même les actions de sensibilisation menées en amont de l’obligation. En l’occurrence, la mairie de Marseille a profité du retour de l’étude du professeur Charpin pour prendre le train en marche. Impossible de savoir si elle prévoit que le dispositif d’évaluation de la qualité de l’air et de sensibilisation, qui court jusqu’aux grandes vacances dans 18 écoles, ne soit étendu progressivement après la rentrée. Les premiers résultats lui permettront déjà de savoir si la situation a empiré en quinze ans et surtout d’évaluer l’ampleur du chantier qui l’attend pour ses 445 établissements.

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Commentaires

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  1. Trésorier Trésorier

    Les etude, nota

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  2. Trésorier Trésorier

    Les etudes, notamment pour connaitre les dangers auxquels sont exposes les enfants, c’est tres bien.
    Elargir a l’ensemble de la population (notamment malades, femmes enceintes et personnes agees), c’est mieux.
    Reduire ces pollutions, notamment automobiles, ca serait parfait.

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Au-delà de la pollution de l’air, il faudrait peut-être aussi mesurer l’exposition des enfants aux ondes électro-magnétiques dans certains établissements. Je connais un groupe scolaire (maternelle et primaire) situé à quelques dizaines de mètres d’un mât comportant de multiples antennes de téléphonie mobile, dont certaines sont orientées vers les bâtiments et les cours où les enfants passent 8 h par jour. Est-ce bien raisonnable ?

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  4. neomars neomars

    Ca commence comme l’obligation d’accessibilité des lieux ouverts au public, depuis 1970 on accorde des délais, puis des délais, … et on y est pas encore en 2016.
    En termes de mesure, un simple sondage sur le nombre asthmatiques et/ou d’enfants qui ont une toux permanente sans fièvre permettrait de se faire une première idée … enfin ça, c’est si on veut savoir, anticiper, identifier les priorités sur le moyen terme, ce qui n’est peut-être pas le cas de tout le monde

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