Plan de rénovation des écoles : notre contrôle surprise de rentrée
470 écoles et des projets par dizaines. En cette rentrée, Marsactu fait le point sur les acquis du grand plan de rénovation de la Ville de Marseille et révise le programme de l'année.
Benoît Payan et son adjoint délégué aux écoles Pierre Huguet, accueilli par une professeure de CM2.
“Monsieur le maire, quels sont vos projets ?” “C’est une très bonne question ! C’est ce qu’on dit aux journalistes quand on n’est pas très contents de la question.” Au micro, casque vissé sur les oreilles, un élève de CM2 de l’école Saint-Just-Corot (13e) s’essaie à l’exercice de l’interview radio. Sortant d’une partie de badminton dans la cour, Benoît Payan s’y prête en assortissant ses réponses de petites astuces. “Vous vouliez me couper ? Vous avez raison, là, je suis en train de faire un tunnel. On fait ça quand on veut avoir moins de questions…”
L’échange malicieux est-il aussi adressé à la presse qui assiste à l’échange en cette rentrée des classes ? Les “vrais” journalistes n’auront en tout cas pas obtenu plus d’annonces sur les projets du maire lors de l’événement, démarré à 8 heures par l’accueil des élèves à l’école Révolution-Jet d’Eau (3e) et poursuivi à midi avec la pause méridienne et le temps de la cantine. Sur le plan écoles et la société publique d’intérêt national créée avec l’État, la SPEM, la discussion est renvoyée à une communication prochaine. “Ça se met en place, ça va sortir de terre”, évoque Benoît Payan. À côté des petits et moyens travaux de l’été menés dans à peu près la moitié des écoles pour quatre millions d’euros, le dossier remis à la presse passe très rapidement sur les 19 projets qui sont “en chantier ou le seront cette année [scolaire]”.
En attendant, le maire s’emploie à zoomer sur les actions déjà menées et sur le cap donné à cette politique, dans ce 3e arrondissement où il était tête de liste de secteur. “Ici, on est dans une école, dans un quartier, qui était sous les radars. Un quartier qui n’intéressait pas la majorité municipale et pas grand monde d’ailleurs. Un quartier d’invisibles.” Comme dans deux autres établissements pilotes, un chantier de désimperméabilisation des sols et de végétalisation a été mené lors de l’été 2021. “Nous l’avons aussi ouverte sur le quartier, pour accueillir des réunions. Ce n’est pas qu’un lieu où on apprend, c’est un lieu où on partage”, insiste-t-il.
Six groupes scolaires actuellement en travaux
Ces principes, on commence à les retrouver dans les premiers projets du plan écoles, comme aux Abeilles (1er), dont le chantier a démarré au printemps. Elle faisait partie des 32 établissements visés par la première phase annoncée par la Ville en octobre 2021, après avoir obtenu le soutien financier de l’État.
Où en sont les projets ? Selon notre comptage, réalisé à partir des informations publiées ces derniers mois et complétés pour certains par l’adjoint aux écoles Pierre-Marie Ganozzi, trois ont été livrés et six sont en travaux. Étant donné le temps de réalisation d’une école, autour de cinq ans de A à Z, les établissements livrés, tous les trois situés dans le 9e arrondissement, avaient été enclenchés par la précédente majorité.
Après une désignation des architectes en 2018, la réhabilitation du groupe scolaire Sainte-Marguerite, avait même été réceptionnée avant son intégration dans le plan écoles. À l’école Parc Dromel, les travaux de l’extension avaient été lancés en 2020. Quant au seul nouveau groupe scolaire de cette rentrée, Vallon-Régny, sa construction a été lancée en 2021 sous maîtrise d’ouvrage de la Soleam, société locale d’aménagement de la métropole Aix-Marseille Provence.
La Soleam, la région et Euroméditerranée en attendant la SPEM
À l’image de ce dernier, une partie des chantiers en cours sont, eux aussi, menés sous d’autres pilotages que ceux de la Ville. La Soleam construit ainsi une autre école à la Capelette (10e), le conseil régional est aux manettes de la cité scolaire internationale (école, collège, lycée, dans le 2e) et Euroméditerranée se charge de l’école Les Fabriques (15e).
Restent trois chantiers démarrés sous la houlette de la Ville. En plus des Abeilles, sortie des limbes par la nouvelle majorité, on trouve la poursuite du projet déjà mûr d’extension de l’école Saint-Louis-gare et le nouveau groupe scolaire Marceau à la Belle-de-Mai, après la démolition de la caserne Massena. “La dépollution a été menée, ainsi que le terrassement. Depuis lundi, les entreprises ont commencé à monter les murs”, détaille Pierre-Marie Ganozzi. Les livraisons de ces six projets s’échelonneront entre 2023 et 2024.
Mais, dans les tuyaux, signe de la montée en charge du plan, la Ville a déjà huit projets dotés d’une équipe de maîtrise d’œuvre pour conduire le chantier, dont la plupart sont prêts à démarrer pendant l’année scolaire. C’est notamment le cas des cinq groupes scolaires dits “GEEP”, identifiés comme le type le plus problématique du point de vue du confort thermique, acoustique et de l’adaptabilité.
Quinze projets à livrer avant la fin du mandat, le flou pour après
Cette seule liste des 17 chantiers livrés, en cours ou mûrs sur les 32 annoncés en octobre 2021 approcherait déjà d’une facture à 200 millions d’euros. Restent quinze projets pour lesquels les études étaient en cours ou devaient être lancées avant la fin de l’année. Certains commencent à être connus, comme Air-Bel (11e) ou Kalliste (15e), en lien avec des projets de rénovation urbaine. Mais, pour la plupart, on ne trouve pas de délibération correspondante et le plus gros du processus sera sans doute pris en charge par la nouvelle société publique des écoles de Marseille. Mener en parallèle quinze chantiers jusqu’à la livraison promise avant la fin du mandat, en 2026, sera pour elle un premier défi.
Le second, après cette première soixantaine d’écoles (en comptant maternelles et élémentaires), sera d’enchaîner avec une deuxième phase en comprenant une centaine, pour atteindre les 174 constructions ou réhabilitations lourdes. Lâché depuis plus d’un an, cet objectif n’a pas encore été traduit dans une liste publique. Interrogée à l’occasion de la visite du maire à l’école Saint-Just Corot, la maire LR des 13/14 Marion Bareille dit n’avoir eu qu’une “présentation générale” et en tout cas pas de “liste définitive”. Gageons qu’elle sera connue avant la prochaine campagne des municipales.
Commentaires
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Bonjour il se peut que j’aie al lu l’article, mais j’aurais aimé plus de précision quant à ce qui relève strictement de la mairie et ce qui relève de la Métropole ou d’autres instances.
On a du mal à savoir ce qui est de la seule responsabilité du ” grand plan de rénovation de la Ville de Marseille”.
Mais c’est une bonne idée de faire des points d’étape.
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Il y avait du retard à rattraper , c’est certain; mais rappelons que le DGA plan École a un diplôme en communication ; CQFD
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? et donc ? allez au bout de votre pensée.
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Ce n’est pas la répartition des compétences mais la dispersion des compétences…Si les communicants sont bien là, il ne manque que les cabinets de conseil Pourquoi tant d’acteurs et autres intervenants ?
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Je regrette de ne pas recevoir de réponse claire à la question que je posais : qu’est ce qui incombe uniquement à la Ville ?
Pour qu’on puisse juger, par rapport au “chapeau” de l’article : “les acquis du grand plan de rénovation de la Ville de Marseille”.
C’est pourtant simple à faire, de décrire ce qui relève strictement à la Ville, ce qui relève de la Métropole, ce qui relève de la Soleam, ce qui relève de la société publique d’intérêt nationale, etc..
Vous voyez ? Un petit tableau bien clair avec les projets, les instances responsables des projets, les dates de début, les dates de fin, etc.. Une véritable information objective, quoi…
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Bonjour,
je suis désolé de ne pas vous avoir répondu, votre question m’a échappé.
De manière générale, les écoles dépendent de la Ville, sans partage de compétences. Contrairement à d’autres domaines, il n’y a donc pas ici de débat sur le chevauchement avec la métropole.
Les seules exceptions, qui sont toutes citées dans l’article, concernent les projets dont la maîtrise d’ouvrage a été déléguée à un autre opérateur public. Cela ne signifie pas que la Ville ne finance pas ou n’a pas de rôle de suivi en bout de chaîne, mais la conduite opérationnelle est ailleurs.
Voici à nouveau les projets de ce type :
– Capelette (Soleam)
– Vallon Régny (Soleam)
– Les Fabriques (Euroméditerranée)
– Cité scolaire internationale (Area / Région sud)
Soit 4 sur 32, tous bien enclenchés avant 2020.
À ce jour, aucune maîtrise d’ouvrage n’est assurée par la SPEM. Ce sera sans doute l’objet des prochaines annonces et délibération en conseil municipal.
J’espère avoir répondu à votre question. En tout cas je ne vois pas en quoi l’information présentée précédemment n’était pas “objective”.
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Parce que nos zélus sont ce qu’ils sont, la Ville a décidé de ne rien confier à la SOLEAM côté école (la Capelette et Vallon Régny étaient des projets engagés bien avant l’arrivée du PM). Faut dire que l’attitude odieuse de LRP (et de la structure métropolitaine) a bien contribué à les en convaincre.
Résultat on crée une SPL supplémentaire et une SPL existante a un actionnaire (la Ville) à 20% qui ne lui donne pas de travail. Autrement dit on multiplie les structures et leurs coûts, avec nos impôts, pour satisfaire une petite stratégie politique.
Quant à l’action de la Ville dans les écoles à ce jour, cela se résume à 2 coups de peinture et à avoir mandaté le groupe Bouygues (via une de ses filiales) pour aller tartiner dans les cours un revêtement “perméable”… sans regarder si les sols en-dessous l’étaient, eux, perméables. Et le produit mis en oeuvre est “organo-minéral” : chimique donc, avec un bilan carbone consternant. Bref : du vent.
Faut dire qu’avoir perdu 1 an et demi à chercher à imposer un DG bien précis à la tête de la SPL des écoles contre l’avis d’E. Macron, qui le connaît et le déteste, c’était ballot et ça n’a pas aidé cette structure à se mettre en ordre de marche.
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