Plage du Prado, la paillote du Mama Beach reprend ses aises sans autorisation

Actualité
le 7 Août 2024
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Depuis quelques jours, le restaurant-plagiste Mama Beach a ressorti ses transats sur la plage du Prado. Après avoir vu leur matériel extérieur saisi par les autorités, les gérants de l'établissement reconnaissent exercer sans droit ni titre, mais ne s'estiment pas pour autant expulsables. Pour le moment, du moins.

Le Mama Beach ce lundi 5 juillet. Photo (VA)
Le Mama Beach ce lundi 5 juillet. Photo (VA)

Le Mama Beach ce lundi 5 juillet. Photo (VA)

Les transats et parasols sont de retour devant la “paillotte” ou “buvette de plage”, selon les appellations, du Mama Beach. “On a dû tout racheter”, commente David, l’un des actionnaires de la société gestionnaire du lieu, qui se situe sur la plage du Prado, en face du bowl. Le 24 juillet, les forces de l’ordre, accompagnées des services de la préfecture et de la mairie de Marseille se sont rendues sur place au petit matin pour saisir l’ensemble du mobilier extérieur, comme nous l’avons déjà raconté. Et pour cause, depuis le mois d’avril, l’établissement ne dispose plus d’autorisation d’occupation. Qu’importe, explique le gérant que Marsactu a rencontré dans son restaurant, le commerce continuera de tourner tant que cela sera possible. Et s’il concède exercer aujourd’hui sans droit ni titre, il ne se considère pas pour autant expulsable.

“Un matin, en mars ou avril [2023], nous avons découvert un permis de démolition. Nous n’étions pas au courant, ça nous a choqués, puis tracassés”, raconte David, qui ne souhaite pas que son nom soit mentionné dans la presse. Ce dernier ajoute avoir, dans la foulée, contacté une avocate et demandé à maintes reprises un rendez-vous avec l’adjoint au maire de Marseille chargé littoral, Hervé Menchon (EELV). “Il a fini par nous recevoir en janvier, pour nous dire qu’il allait nous reculer de quelques mètres à cause de l’érosion, voire nous virer tout court, qu’on dérangeait le plancton, les poissons, les algues et je ne sais quelles autres salades”, affirme David. Surtout, le gérant du Mama Beach assure n’avoir jamais été destinataire du document qui stipule la fin du bail. “Nous n’avons jamais reçu de courrier nous demandant la remise des clefs. Oui, nous sommes sans droit ni titre, mais non, nous ne sommes pas expulsables”, conclut-il. Sûr de lui, lunettes de soleil sur le nez.

“Qu’ils saisissent un juge au lieu de débarquer comme des cow-boys”

Contactée, l’avocate du Mama Beach, Sandra Blanchard, se fait plus précise. Oui, la requête déposée par les restaurateurs devant le tribunal administratif visant le préfet des Bouches-du-Rhône pour “atteinte grave et manifestement illégale à la liberté du commerce” a été rejetée. Mais il n’en reste pas moins qu’une véritable procédure d’expulsion doit être encadrée par la justice, estime-t-elle. “Si la mairie veut nous expulser, qu’elle saisisse un juge, qu’elle suive la procédure, au lieu de débarquer comme des cow-boys”, finit par lâcher Sandra Blanchard. En parallèle, une autre procédure en appel est en cours depuis plusieurs mois. Celle-ci vise à contester la résiliation du bail, qui a pris fin en avril 2024. “Tant que la procédure est en cours, je ne partirai pas. Si ça se trouve, l’été prochain, je suis encore là”, veut croire David.

Selon la mairie de Marseille, cet argument “ne tient pas la route”. “C’est peut-être une blague ?, réagit Hervé Menchon, l’adjoint au maire chargé du littoral. Ce n’est pas un bail avec tacite reconduction.” De son côté, la préfecture, responsable du domaine maritime, précise que “la procédure relative à l’utilisation illicite du domaine public suit son cours devant le tribunal pénal”. Mais également que “le matériel consigné est toujours sous scellé” et “que “les services de l’État examinent les suites à donner en cas de nouvelles infractions”*. Selon plusieurs sources, une demande de procédure d’expulsion devrait être engagée par ses services devant la justice, à l’encontre des gestionnaires du Mama Beach.

Traitement inégalitaire ?

La volonté d’expulsion des autorités publiques s’inscrit dans le cadre de l’application de la loi Littoral, selon laquelle une bande de 100 mètres doit être dégagée depuis la mer. Aux yeux du co-gérant du Mama Beach et de son avocate, l’application de cette loi ne se fait pas de manière équitable. Du moins, dans le coin. Un peu plus au nord, la buvette des Sablines continue de tourner alors même que son bail aussi est censé avoir pris fin.“On ne veut dénoncer personne, ici je m’entends bien avec tout le monde, je remarque juste des injustices”, défend encore David. “Pourquoi certains peuvent finir la saison et nous, on nous demande de fermer en plein mois de juillet ?”, questionne-t-il tandis que la sono de son restau crache toujours de l’électro-lounge.

Son avocate pointe également la Cabane des amis, qui a certes dû quitter sa “cabane historique”, mais occupe désormais une autre cabane de l’autre côté de l’Huveaune “plus grande, plus jeune, plus à la mode, plus professionnelle, plus tout”, selon son propre gérant. “On a deux autorisations sous le même régime. Sauf que la Cabane des amis est tout proche des JO et nous, à l’opposé. Y’en a un, on lui refait une cabane, l’autre, rien”, abonde Sandra Blanchard. “Quoi ? Ils se jalousent ?, répond à son tour Hervé Menchon. Les Sablines ont rendu les clefs et les trois quarts ont été démolis.” Ce lundi encore, l’une des fameuses soirées “Monday niasquew” y avait pourtant lieu. Mais pas sûr que cet argument vaille devant un tribunal.

“On nous dit, rendez la plage aux Marseillais, mais regardez, vous voyez du monde là ?, lance comme dernier argument David, alors que le soleil tape au plus fort et que Marsactu quitte le plancher. Plus personne ne vient se baigner ici.” La plage est, en ce début aout, en effet clairsemée. Quoi qu’il en soit, le temps est compté pour la Mama Beach. Et sur la plage du Prado, on sait combien le temps, c’est de l’argent. En tout, cinq personnes sont actionnaires de la société gestionnaire de ce restaurant de plage installé ici depuis 18 ans. Cinq actionnaires dont les candidats de l’émission de téléréalité Les Marseillais Kevin Guedj et son ex-épouse Carla Moreau. Comme David, ils sont entrés au capital de la paillote, il n’y a pas plus de deux ans et ont, parait-il, cher payé. Raison pour laquelle ils ne sont pas près de renoncer si vite.

*Actualisation le 7/08 à 10 h 26 : ajout de la réponse de la préfecture.

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Commentaires

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  1. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Menfouti et compagnie sont représentés par Sandra Blanchard. Candidate Renaissance aux départementales. Proche de Muselier. Fondatrice de « Une Génération pour Marseille » avec Romain Simaranno, dircab de… Muselier.

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    • Piou Piou

      Merci pour cet élément de contexte

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    • RML RML

      Ah oui. Merci.

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    • Forza Forza

      …et directrice de campagne d’Agresti Roubache, et qui reproche régulièrement à Marsactu d’accuser sans preuves cette pauvre Nora et tant d’autres 😄

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    • Manipulite Manipulite

      Merci

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      Exact @Forza j’avais oublié cette ligne du brillant CV de cette chère Sandra Blanchard, qui sur X n’en rate pas une pour geindre contre la vilaine mairie gauchiste
      J espère qu’elle sera aussi le conseil de la famille Lasery

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  2. Patafanari Patafanari

    On sent de quel côté vont les sympathies de la journaliste aux petites remarques « anodines «  sur les protagonistes. Amusons nous à inverser les piques. Par exemple : « Cet argument “ne tient pas la route”. “C’est peut-être une blague ?, réagit Hervé Menchon, sûr de lui, les lunettes de soleil sur le nez »

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  3. RML RML

    La jolie paillote pour les petits bourgeois de droite du 8e qui ont la culture de l’escroc chevilles au corps et peuvent se payer des avocats…pauvre Marseille

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    • Alceste. Alceste.

      Les bourgeois de droite du 8eme sont à Cassis ou aux Lecques.
      Sûrement pas avec les “Kékés” marseillais qui se la jouent “Mooréa plage” ou “Voile rouge” à Ramatuelle.
      Pour les autres qui n’ont pas les moyens et qui se la jouent , il existe l’aide juridictionnelle au cas où.

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  4. julijo julijo

    Alors oui ils ont un “réseau” qui les soutient.
    Ils cherchent à faire du fric et ça peut se comprendre…
    Leurs prix sont parlants et conviennent bien aux bourgeois du 8e qui ont un sens aigu de l’entre-soi.

    Mais moi je m’interroge pour qui se prennent-ils les rois de la plage ?????

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  5. Manipulite Manipulite

    L’avocate installée depuis moins d’un an semble confondre son militantisme contre la municipalité avec la défense d’un client en infraction évidente.
    « Les Marseillais sont des ingrats » avait-elle déclaré au lendemain de l’échec cuisant de la droite marseillaise aux législatives. Espérons que son client le soit moins.

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  6. Mistral Mistral

    “Cinq actionnaires dont les candidats de l’émission de téléréalité Les Marseillais Kevin Guedj et son ex-épouse Carla Moreau. Comme David, ils sont entrés au capital de la paillote, il n’y a pas plus de deux ans et ont, parait-il, cher payé.”
    Deux ex-candidats des téléréalité qui se sont fait avoir en achetant au prix fort des parts dans une paillotte dont le bail se terminait 2 ans plus tard, il ferait mieux de se retourner contre ceux qui les ont conseillés ou contre eux-même pour ne pas avoir été “prudents”. Je ne vais pas pleurer sur leur sort !

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  7. BRASILIA8 BRASILIA8

    Tous ces intérêts qui se croisent, s’entrecroisent dans un petit milieu lié aux affaires et à la politique a un petit côté ” mafia du pauvre”

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  8. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. Pourquoi s’emmerder quand on peut faire du fric en s’asseyant sur les règles et en comptant sur la lenteur de l’administration.

    J’espère que les “cow-boys” de la mairie et de la préfecture demanderont la saisie du chiffre d’affaires réalisé “sans droit ni titre”, puisque l’un des gérants de cette paillote reconnaît que tel est le cas.

    Avoir racheté “cher” il y a peu de temps une affaire assise sur un bail précaire n’est ni une excuse, ni une preuve d’intelligence.

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  9. barbapapa barbapapa

    Pollueurs du bord de mer, pollueurs sonores, pollueurs par leur mentalité, pires que les langastes et pires que les arapèdes, l’engeance de la playa

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  10. Marc13016 Marc13016

    Tout cela ressemble à une autre affaire, qui se déroule de l’autre côté de la Rade, au fortin de Corbières : https://marsactu.fr/bref/lenquete-sur-la-cloture-du-fortin-de-corbieres-na-jamais-eu-lieu/
    Autre forme d’appropriation du littoral, “à l’esbroufe”. Aussi bien ces BusinessMen et BusinessWomen des plages du Prado ont fréquenté les soirées VIP de Corbières, avec leurs lunettes de soleil sur le nez …

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  11. leb leb

    La sono qui crache de l’électro lounge c’est quand même la cerise sur le gâteau de pollution visuelle de ces constructions en bord de mer.

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  12. Alceste. Alceste.

    Que voulez vous singer Miami Beach à la “one again a fly” façon kéké marseillais avec le bras à la portière de l’Audi en location ,ne vaudra jamais le Clevelander.La différence, South Beach c’est pas les Goudes.

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  13. vékiya vékiya

    Que ces répugnantes arapédes dégagent du littoral et ramassent les mégots de leurs clients en partant

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  14. Mireille Vignes Mireille Vignes

    En même temps, avoir un lieu pour se réfugier à l’ombre et boire un verre, quand on est sur la plage en plein soleil, c’est pas mal. Et je souhaiterais que les autorités empêchent les bateaux de rentrer dans toutes les calanques baignables (coucou Marseilleveyre) avec autant de diligence. Il faut bien reconnaître que les combats marseillais pour défendre le littoral sentent souvent bon, non pas le sable chaud mais l’argent sale.

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