Petite leçon de rétropédalage journalistique du Figaro
Petite leçon de rétropédalage journalistique du Figaro
Paris-Marseille, Marseille-Paris et ainsi de suite. L'article "Des touristes sous escorte policière à Marseille" publié la semaine dernière dans le Figaro est devenu un événément médiatique en lui-même. Partie d'un quotidien national – pour ne pas dire parisien – l'information est disséquée et démontée par La Provence. Le quotidien régional depuis son Paris, Paris, on t'en… veut pas déplorant "les critiques injustes de certains médias parisiens" sur la soirée d'ouverture de la capitale européenne de la culture, s'est fait une spécialité de traquer le Marseille bashing.
Un aller-retour plus tard d'Arrêt sur images, qui a donné la parole à l'auteur de l'article, à Marsactu, qui s'en est fait l'écho, l'affaire aurait pu s'arrêter lundi au stade de la rectification d'informations erronées. Mais elle était déjà mardi au stade de l'événement médiatique à part entière, de ceux qu'on commente, dont on cherche les ressorts. Rue89 est ainsi allé recueillir l'avis de Philippe Pujol, journaliste à La Marseillaise pour qui "l’article du Figaro entretient la machine à fantasmes et donne à son lecteur ce qu’il veut entendre". Dans l'après-midi, Metronews s'interrogeait sur le traitement médiatique dont fait l'objet la ville. Alors, pourquoi pas nous.
Le commentaire de réponse à la réponse
Au point de constituer un sujet d'illustration parfait du billet "Marseille la rengaine" du politiste Nicolas Maisetti sur l'abondance et la circularité des discours sur la ville, dont les Marseillais eux-mêmes sont les premiers friands et les gardiens jaloux. Il n'y a qu'à lire la réponse "aux attaques" de la journaliste du Figaro Valérie Sasportas publiée ce mardi matin. Autant par espièglerie que pour l'analyser, nous l'avons comparé avec l'article initial, dont elle constitue une sorte de version retouchée.
Le premier jet de la semaine dernière est fortement raturé, avec par exemple les précisions enfin obtenues de la préfecture de police et les vrais chiffres de la fréquentation du MuCEM (800 000 au lieu de 300 000). Ce qui, sans l'urgence de la commande pour coller à l'actualité du meurtre de l'Estaque, aurait peut-être été fait d'emblée. Sur d'autres points, la journaliste défend son travail en précisant bien certaines citations démenties ont été entendues lors d'un dîner auquel elle assistait personnellement.
L'exercice prend un tour cocasse lorsque certaines expressions qui avaient fait froncer les sourcils sont amendées. Ainsi, "une ruelle peu sûre" devient "une ruelle qui n'inspire pas de bons sentiments". Les premières lignes sont à elles seules un grand moment de – toujours – difficile rétropédalage : "La scène semble semblait à peine croyable. Elle ne l'était effectivement pas."
Choisis ton camp camarade
Une bonne part des coups de stylo rouge placent toutefois l'article sur un autre terrain, le même que dans Rue89 ou Metronews, celui des discours sur la ville. Dès le premier paragraphe, la journaliste prend bien soin de préciser qu'elle était "en vacances chez [elle], à Marseille". Le regard porté n'est donc pas celui d'une Parisienne, élément de suspicion ô combien insurmontable : elle "connaî[t] bien la ville, où habite toute [sa] famille".
D'où sa réaction, assure-t-elle, lorsqu'on lui demande d'écrire sur les scènes dont elle a été témoin – et qui ont en fait été mal interprétées : "J'hésite. J'aime trop ma ville, préfère parler de ses qualités plutôt que de ses défauts. Mais la journaliste prend le dessus. Accessoirement, si cela peut provoquer un électrochoc au bénéfice de ma ville, je serai satisfaite." Les lignes sont tracées, elle est dans le camp de Marseille, le fanion qui pendouille à l'avant de la voiture. D'ailleurs, elle ajoute au sujet d'une des citations de son article que "c'est pour éviter ce genre de «Marseille Bashing», comme on dit, que je suis membre de l'Association des Marseillais de Paris." Ouf.
L'article aura au moins apporté matière aux recherches des "Marseillologues" comme Nicolas Maisetti : dans ses penchants pour l'auto-caricature à rajouter à l'"assent" les "grands renforts de gestes", dans cette «histoire marseillaise» qui même fausse n'étonne plus. Dans cette phrase enfin, bijou de sens multiples : "Marseille n'est donc pas une exception. Nous voilà (à moitié) rassuré."
Le jeu des 7 erreurs, à apprécier si possible en plein écran (en rouge les ajouts, en rayé les suppressions). Sinon les articles originaux sont toujours en ligne :
Commentaires
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A coup sûr un article bâclé sur le fond même si dans certains dîners mondains notre ville est critiquée par certains qui viennent y prendre des postes importants dans des services publics d’Etat .
Est à blâmer aussi le rédacteur qui a laissé passé cet article.
En tout cas nul doute que le méchant GAUDIN va demander des sanctions à la direction du Figaro .Je plains cette journaliste , vous verrez GAUDIN obtiendra sa tête !
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Et il est dit que Sasportas est originaire de Marseille. On peut dire qu’elle aura bien plaqué ses fantasmes sur ce qu’elle était censée décrire et que ses opinions sont assez limpides.
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C’est vrai que les rues de Marseille son ach’ment sûres… la sécurité s’est beaucoup améliorée, depuis l’article de Philippe carrese soti il y a sept ans…( http://www.philippecarrese.com/?p=954 )
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L’article n’est ni bâclé, ni un accident; et il s’agit encore moins d’un article critique, ou de l’information. On est juste en plein dans le storytelling – au même titre que lorsque Jean-Pierre Pernaut conte la “France profonde” aux “Parisiens”, ou lorsque France Info fait son “tour de nos régions”, où des villes comme Marseille ou Lyon passent entre un concours de mini-miss dans la Sarthe, et la vie quotidien dans une maison de retraite en Haute-Marne.
Marseille, “sulfureuse et provinciale”, “grande gueule et incompétente”, “sale et dangereuse”, toujours dans le “sans mesure” et un peu “vulgaire”… on ne va pas changer une “story”, une “histoire”, qui se vend si bien, …et qui conforte, accessoirement, tout le monde dans ses certitudes.
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Qu’a fait Gaudin au Figaro, journal de son bord, pour qu’il s’acharne sur “sa” ville ainsi ? Il me semble que ce n’est pas la première fois.
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Elle est paraît-il de Marseille…
En tous cas sa vision mesquine et biaisée est celle d’une certaine bourgeoisie Prado Paradis Perier, qui s’est enrichie sur la sueur d’une ville qu’elle méprise et a contribué à enfoncer par sa courte vue et ses spéculations foireuses entre la Côte d’azur et Aix.
Tout ça est bien digne du torchon reactionnaire qu’est devenu le Figaro.
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Catherine Sentis a-t-elle répondu à l’article, a-t-elle confirmé ses propos ? C’est important de le savoir parce qu’il est inacceptable qu’elle puisse tenir de tels propos, j’invite les habitants du Panier à l’attaquer en diffamation.
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J’invite les marseillais à boycotter ce journal (ce que je fais déjà depuis que je suis né 😉
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Cet article très exagéré fournit quand même une info : la droite parisienne envisage de larguer Gaudin.
Cela dit, au-delà des clichés ressassés sur notre ville et des exagérations, il reste que nous avons d’importants problèmes d’activité économique faible, de sécurité insuffusante, de propreté souvent douteuse, d’urbanisme et aménagement fait n’importe comment en privilégiant les gros intérêts privés.
Quand on pense au permis de construire accordé de façon incroyable à un promoteur pour bâtir plusieurs centaines de logements sur l’ancienne usine Legré-Mante, alors que le littoral sud est déjà trop bâti, et asphyxié par la circulation chaque jour de beau temps !!!
(Heureusement que les habitants du quartier ont agi pour obtenir son annulation !!!)
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Il s’agit moins du “fantasme” d’une journaliste marseillaise, qui travaille à Paris, que du problème posé par une fonctionnaire “parisienne” qui vient tout juste de débarquer sur le J4. À défaut de pratiquer le devoir de réserve, cette fonctionnaire ne maîtrise pas encore tout à fait l’art de la galéjade !
La sécurité aux abords du Mucem est totale. Et le quartier historique du Panier est probablement le plus sûr de Marseille. Il ne pourrait en être moins, car il est situé entre ce grand musée national des Civilisations de L’Europe et de la Méditerranée et l’hôtel Intercontinental, un palace 5 étoiles fréquenté par des milliardaires qui s’y rendent en Ferrari, aussi vrombissantes que voyantes.
Quant aux militaires américains qui se feraient escorter par des policiers français pour leur sécurité, c’est une interprétation inédite de la “patrouille mixte”, exigée par les usages protocolaires.
Une info, ça demande toujours à être vérifiée et recoupée, sinon on reste dans la rumeur ou “le bruit qui court”.
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Je suis persuadé que cette jeune femme aime toujours Marseille , sa ville natale . Elle doit y avoir tant de souvenirs . . . Le Prado mais aussi Mazargues , Ste Anne , ses ami(s) (es) , ses premiers jobs . . . Son éloignement depuis de si longues années a du l’éloigner aussi des réalités . Marseille est belle , Marseille a su se transformer , Marseille se vit à Marseille . Rendez-vous dans 10 ans . . . Question comment peut-on joindre cette journaliste sans passer obligatoirement par les sites types Facebook , Twitter et autres ?
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