Passe droit bleu blanc rouge pour la patrouille de France dans les Calanques

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le 24 Mai 2016
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Dimanche 15 mai, à l'occasion de l'anniversaire des 80 ans de l'AOC Cassis, la Patrouille de France a donné un spectacle de voltige au-dessus du parc national des Calanques. Un événement que la direction du Parc n'a jamais formellement autorisé tout en la tolérant. Face aux turbulences, elle s'est défendue en affirmant que cette manifestation serait la "dernière".

Les avions de la patrouille de France en survol du cap Canaille. Photo : Mairie de Cassis.
Les avions de la patrouille de France en survol du cap Canaille. Photo : Mairie de Cassis.

Les avions de la patrouille de France en survol du cap Canaille. Photo : Mairie de Cassis.

Beaucoup diront certainement que le spectacle était inoubliable. Dimanche 15 mai, la Patrouille de France était invitée à Cassis, à l’occasion des 80 ans de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) des vins de Cassis. Un événement organisé par la municipalité, durant lequel a eu lieu un spectacle de voltige d’une heure, avec des avions militaires, au-dessus du cœur du parc national, espace protégé et réglementé. Or, aucune autorisation permettant le survol des Calanques n’a été délivrée par le parc national. La réglementation à ce sujet est pourtant claire : dans le cas d’un survol motorisé à moins de 1000 mètres d’altitude, l’autorisation du directeur de l’établissement public est nécessaire.

Ces voltiges au pied des falaises, ont suscité des turbulences en interne, obligeant le directeur adjoint Nicolas Chardin à s’expliquer dans un mail le 17 mai. On y apprend que la mairie de Cassis a bien fait une demande auprès de l’établissement public. Le dossier a été étudié avec comme guide les “modalités d’application de la réglementation du cœur du Parc national des Calanques” (MARCoeur), établies au moment de la création du parc. Celles-ci préconisent des dérogations pour les missions de service public, scientifiques, pour une couverture publique photo-aérienne ou des travaux autorisés.

“Un souci d’apaisement”

Le dossier de la patrouille de France ne rentre pas dans cet esprit et sans surprise, “le directeur a indiqué à l’organisateur qu’il ne pourrait autoriser la manifestation”, rapporte Nicolas Chardin dans son courriel. La ville de Cassis aurait donc bravé cette décision ? “Dans un souci d’apaisement, et compte tenu du caractère tout à fait exceptionnel de la manifestation, il a toutefois été choisi de tolérer cette manifestation, comme étant la dernière”, justifie ce même message.

La question était d’autant plus sensible que Danielle Milon (LR), la maire de la commune, est vice-présidente de la structure. Et que la demande a été faite très tard, mettant quasiment le parc devant le fait accompli. “Nous avions deux possibilités : soit refuser, ce que nous étions en capacité de faire, soit tolérer exceptionnellement l’événement. Comme nous avons reçu la demande tardivement, une ou deux semaines avant le meeting, et qu’on ne déplace pas la Patrouille de France comme ça, nous avons opté pour la deuxième solution. Cependant, nous avons saisi le cabinet du ministère de la Défense pour que cela ne se reproduise pas à l’avenir”, nous répond Nicolas Chardin, joint par téléphone.

Survol en drone refusé

Quant à la Ville de Cassis, elle affirme avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires au déroulement du meeting (parc national, préfecture et ministère de la Défense) et considère “qu’il s’agit-là d’un problème interne au parc national des Calanques”. Compétente pour autoriser un simple spectacle aérien, le préfet a bien signé un arrêté le 4 mai au sujet de la manifestation, mentionnant une demande émanant de la ville de Cassis. De manière surprenante, ce même texte ne précise aucune modalité de vol particulière liée à la nature du site, se contentant d’évoquer un “survol” de la “baie de Cassis“. Il ne mentionne pas non plus qu’une autre autorisation est nécessaire vue la nature du lieu. Contactée pour obtenir des précisions, la préfecture n’a pas donné suite à notre demande.

Bernard Hamel, représentant des sports de nature auprès du conseil d’administration, regrette que le directeur, François Bland, n’ait pas consulté le conseil d’administration. Dans un mail à destination de l’ensemble des membres du Parc, le 19 mai, il considère que “cette manifestation publique jette une nouvelle fois le discrédit sur le fonctionnement et le rôle du PNC dans sa capacité à protéger ce territoire”, faisant, au passage, référence au triste épisode des rejets en mer d’Alteo. Ce dernier souligne une autre décision qui accrédite l’idée d’un parc à deux vitesses. “La direction a, il y a peu, refusé une demande de survol des calanques à une personne qui souhaitait faire des prises de vue avec un drone. L’argument invoqué était que l’appareil pouvait effrayer les oiseaux. Comme si une dizaine d’avions de chasse faisait moins de bruit…”

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Commentaires

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  1. CAN. CAN.

    L’indépendance du Parc vis à vis des puissants reste hélas à démontrer.
    La Maire de Cassis en étant Vice Présidente semble mettre en évidence que l’objectif premier des élus est l’apport commercial qu’apporte le PNC et non la protection de l’Environnement.

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  2. neomars neomars

    Quel rapport entre la tradition du vin et les avions de chasse ? La position des communes par rapport au parc reste assez conservative: contrôle municipal des routes de sormiou et morgiou, calanque de port-miou et terres du frioul hors du coeur de parc, … et en effet l’attitude très, très vigilante du parc sur toute exploitation commerciale de l’image du Parc (plongée, photo, évènement …) est un combat de chaque jour, perdu ce 15 mai. C’est surtout le symbole qui dérange, en espérant que le fruit du travail quotidien ne sera pas perdu.

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  3. LN LN

    Nous avons rencontré pour la première fois le 8 mai à Morgiou, un agent du Parc . Nous en avons profité pour connaitre les modalités de circulation de toute nature (on venait de se faire bousculer par 2 VVTistes) La réponse fut édifiante mais on s’en doutait un peu….
    1) Trop péri urbain et trop étendu, il est difficile de mettre en application le peu qui est dévolu à la réglementation du parc.
    2) Trop de dérogations en fonction des sensibilités politiques notamment pour les bateaux qui font visiter les calanques (ils dépassent les dernières bouées pour aller au fond des calanques )
    Nous n’avons pas abordé les bateaux de plaisance au mouillage
    3) Trop de véhicules qui roulent et stationnent sur les voies d’accès aux secours. (Là encore beaucoup de dérogations/autorisations aux barrières d’accès de la part de la mairie )
    On avait pas pensé aux avions…. Bien qu’à Sugiton certains sautent en parachute de la falaise.
    Quand on se rappelle comment l’élection de la présidence du Parc a pu soulever tant de combines et de copinage, qui plus est dans notre région marseillaise, tout cela relève possiblement de la gabegie. Altéo, les rejets du bassin Ganay, les vieilles conduites d’égouts, la loi littoral… Il y a tant à faire ! Mais laissons-leur le temps de prendre leurs marques (ne serait-ce que celles limitant le parc avec les infos correspondantes), On peut y croire non ?
    Il paraîtrait qu’une réglementation va être mise en place pour interdire les vélos sur les sentiers pédestres hors DFCI.

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    • one live one live

      Du temps de la gestion par la ville de Marseille, les vélos étaient tout simplement interdits et la pratique, lorsqu’elle existait , ressortait de l’incivisme. Puis vint le temps de la tolérance sur certains axes(dfci) et de l’autorisation. Aujourd’hui rien n’est plus respecté, les vtt dévalent à fond les pistes, les promeneurs risquant leur vie derrière chaque virage. Les vtt n’hésitent pas à prendre les layons, débusquant par le fait de jeunes couvées qui le plus souvent ne s’en remettront pas. Certains endroits en pleine nature sont carrément aménagés pour les sauts . Il y a quelque temps on a même vu une brigade cycliste de douze personnes portant leur vélo à la pointe cacao…….Quelle tristesse ! Et quel danger!

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  4. one live one live

    “Quant à la Ville de Cassis, elle considère « qu’il s’agit-là d’un problème interne au parc national des Calanques »

    En clair, le président a dit oui à la vice présidente, mais l’administration n’a pas suivi car elle ne pouvait pas le faire. Incorrigibles ces élus, et mutations à prévoir.

    Comme dab!

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  5. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    Un endroit où le le lâcher de gibier semi-domestique est pratiqué avant de servir de cible est-il un parc national ou une énorme farce ? (pardon, une galéjade….)

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  6. Tarama Tarama

    Ce parc est une coquille vide. Merci aux élus pour ce résultat.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      C’est fou le nombre de trucs que l'(in)action de M. Gaudin a transformés en coquilles vides : la Communauté urbaine MPM, le Parc national, et maintenant la Métropole AMP…

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