Parc des calanques : Danielle Milon présidente de peu

Personne ne le contestera vraiment : la place de président du parc national des calanques a été très disputée. Ce n'est qu'au troisième tour avec le basculement d'une petite voix que le conseil d'administration a départagé les deux candidats, 20 à 17 ^[1]. A ma droite, Danielle Milon, maire UMP de Cassis. Soutiens de poids : le maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin, le président du conseil général Jean-Noël Guérini et le patron PS de la communauté urbaine Eugène Caselli, qui a même tenu à lui proposer en personne d'être candidate. Entre sénatoriales et gouvernance partagée, la maire de Cassis jouait sur du velours…

"Elle avait la faveur des collectivités en général, commente Laure-Agnès Caradec, représentante de la mairie de Marseille dont elle justifie la position : "A l'heure où l'on construit la métropole, c'était bien de donner des signes envers les villes extérieures que Marseille n'est pas hégémonique". Pour sa part, elle gagne une place dans la commission chargée de proposer à la ministre de l'Ecologie trois noms parmi 29 candidats au poste de directeur ^[2].

Duel Copé-Fillon

A mon (autre) droite, Didier Reault, lui aussi UMP, qui a donc vu entre le deuxième et le troisième tour basculer une voix d'un camp à l'autre. On ne se risquera pas à en trouver l'origine, vu la multiplicité des acteurs. "Ma petite entreprise n'a pas fait le poids contre la multinationale, mais pas loin", ironise simplement le vaincu. C'est-à-dire de son côté un seul élu déclaré : Lionel Royer-Perreault, proche comme lui de l'ancien président du GIP Guy Teissier, filloniste et challenger de Gaudin.

Le conseiller municipal de Marseille délégué à la mer a aussi pu compter sur le vote d'Eric Scotto – personnalité qualifiée (sic) PS – qui tout en s'amusant de ce "duel Copé-Fillon" assure s'être porté sur "le plus compétent, point barre". Ce proche de Patrick Mennucci, n'a toutefois sans doute pas boudé son plaisir la candidate du duo Gaudin-Caselli, qui ne pensait pas trouver une telle opposition face à elle.

Tous contre l'Etat

Pour le reste, on peut penser que Reault a fait le plus gros de sa moisson du côté des associations de protection de l'environnement. "Chacun se présente avec ses atouts", éludait-il dans la matinée. De quoi conclure que la maire de Cassis, qui a notamment bataillé avec succès pour obtenir le retrait puis le maintien de la calanque de Port-Miou du coeur de parc, sera une présidente au rabais ? Les perdants calment le jeu, malgré l'intensité de la bataille, ajoutée à "l'affront" – dixit Lionel-Royer Perreault – de voir Guy Teissier refoulé du conseil par le préfet alors qu'il souhaitait "dire un mot pour passer le relais". "Je n'ai pas de crainte particulière, même si je serai attentif. Après le temps de l'élection, vient celui de la gestion", commente Didier Reault.

Car le principal danger qui guette le parc, outre une bataille de gouvernance qui l'affaiblirait, c'est de se retrouver sans véritables moyens de mener ses missions. "Il va falloir continuer, les tanner, leur casser les pieds. Ce serait normal que la ministre vienne s'expliquer", lance Marie-Françoise Palloix, suppléante (PCF) au nom de la communauté urbaine, qui rappelle qu'il doit faire face au caractère péri-urbain et maritime. "2,4 millions d'euros de budget, c'est en-dessous de ce que l'on peut attendre. On était à 1,7, on est sur la bonne voie mais il faut continuer", pose Lionel Royer-Perreault, qui se satisfait que "le message ait été repris par le maire de Marseille".

Laure-Agnès Caradec abonde : "On a vu une collégialité monter au créneau pour demander plus de moyens et Danielle Milon va dans le même sens, tout comme Pierre Aplincourt (président de l'Union régionale vie et nature, ndlr)". Réponse pour l'instant du sous-directeur du ministère, objet de toutes ces interpellations : "Je ne peux rien vous promettre, la seule certitude est que le budget 2014 sera supérieur au 2013 et l'augmentation dépendra des comptes publics du pays", retranscrit Eric Scotto. On sera en tout cas loin des 7 à 10 millions d'euros qui auraient permis d'embaucher une soixantaine d'agents, lesquels devraient être 23 dans un premier temps.

[1] Au premier et au deuxième tour (19/19 et 19/18), la majorité absolue était requise, plus au troisième.

[2] Elle partagera cette tâche avec Danielle Milon, Denise Bellan-Santini, présidente du conseil scientifique du parc, et trois représentants de l'Etat. Ont également été élus, au poste de vice-présidents, René Olmeta (CG13) et Cyril Gombert (association Naturoscope) et pour siéger au comité de gestion de la marque collective Parc national Marie Bouchez (conseil régional), Bernard Hamel (Club alpin français) et Monique Cordier (présidente de la confédération des CIQ). Au cours de la séance, le réglement intérieur du parc a également été adopté à l'unanimité.