Pape Diouf : "Je donnerai ma réponse fin janvier"

Pape Diouf : "Je donnerai ma réponse fin janvier"

Avez vous pris une décision quant à votre participation aux élections municipales à Marseille ?

Souvent la question m'est posée. Aujourd'hui, je réponds ni oui, ni non parce que je suis dans la position où j'évalue une situation avec tous les éléments possibles. Je n'ai jamais affiché une quelconque volonté de m'investir en politique. On est venu me trouver parce qu'on pensait pouvoir bénéficier de l'aura d'un people. Mais je ne suis pas cela. Je suis quelqu'un qui observe la société. Aujourd'hui, beaucoup de personnes ne se reconnaissent plus dans les blocs gauche/droite et veulent pour Marseille une alternative. Certaines de ces personnes pensent que je peux être celui autour duquel se construit cette alternative. Parce que c'est une ville que je connais, où je vis et je travaille, et que j'ai envie de la voir sortir de la léthargie où elle se trouve.

C'est la vision que vous avez de Marseille ?

On associe volontiers cette ville à la violence en oubliant au passage la situation vécue à Paris ou à Lyon. Marseille vit avant tout un vrai problème social incarné jusqu'à la caricature par la cassure Nord/Sud. Nous vivons dans cette ville dans le côte à côte et le dos à dos. On ne peut pas régler la question de cette violence par des moyens sécuritaires. Il y a d'autres moyens d'agir. Aujourd'hui vit dans cette ville toute une population dont les parents, voire les grands parents sont venus de très loin pour travailler ici. Quand on n'a plus eu besoin d'eux, on les a renvoyés à la lisière de nos villes. Cette question est vraie à Marseille comme ailleurs. Ces populations et leurs enfants on appris à vivre dans l'exclusion et le système D. Pendant ce temps les prébendes sociales étaient distribuées aux populations les plus promptes à aller voter. Pas à ceux qui n'apparaissaient sur aucune liste, ni électorale ni même du chômage. Entre temps, le monde a changé de nature. Le bloc de l'Est a explosé, la guerre s'est répandue partout comme au Mali ou en Syrie. Les armes se sont mises à proliférer jusque sur les rives de la Méditerranée. A Marseille, certains jeunes s'en sont emparées et les kalachnikkov ont commencé par faire du bruit et des ravages. Or, ce tintamarre masque une crise plus grave incarnée par cette fracture Sud/Nord. Je veux travailler pour que Marseille ne soit plus cette ville à deux têtes. Non pas pour retrouver un équilibre car la fracture est trop profonde mais y contribuer par l'action publique qui sera la mienne. Et je dis bien l'action publique et non politique. Je n'appartiens à aucun mouvement, à aucune idéologie. Je ne suis pas quelqu'un que l'on force, à qui on peut mettre une camisole de force.

Pouvez vous en dire plus sur vos intentions? 

Ce que j'ai pu dire à certains des politiques qui sont venus me trouver en quête d'un petit morceau de notoriété, c'est aussi ce que j'ai dit aux gens du Sursaut avec qui j'ai le plus abondamment parlé : ce n'est ni un oui, ni un non mais une volonté d'évaluer le plus clairement possible la situation. Je ne suis pas dans une démarche politique, mon temps n'est pas politique. Je ne suis pas inscrit dans ce calendrier. En revanche, j'ai bien compris qu'il y avait un intérêt technique à bien se préparer. Il reste deux petits mois pour parfaire cette évaluation. Je me donne jusqu'à la fin du mois de janvier pour donner ma réponse.

Est-il vrai que vos intentions ont suscité de l'intérêt jusqu'au plus haut sommet de l'Etat ? Auprès de Jean-Marc Ayrault, de François Hollande ?

Oui. Vous savez, j'ai été un des tous premiers soutiens de François Hollande d'abord pour battre Nicolas Sarkozy qui compromettait toutes les valeurs qui ont fondé la France. Ces valeurs que nous autres jeunes Africains avions en admiration. Nous avions les yeux de Chimène pour ce pays et regardions tous ceux qui voulaient poursuivre leurs études en Angleterre ou même aux Etats-Unis comme des fous. Aujourd'hui, je ne pense pas qu'un pays seul puisse enrayer la crise que nous traversons… Enfin, vous savez à quel point Marseille est une ville importante aux yeux du gouvernement. Je n'ai pas besoin d'aller plus avant dans l'explication. Alors oui nous avons évoqué la situation de Marseille quand François Hollande m'a remis la légion d'honneur. J'en ai aussi parlé avec le premier ministre, Jean-Marc Ayrault.

Vous ont-ils demandé de rejoindre Patrick Mennucci ? 

Pas aussi directement. Ils connaissent mon indépendance. Je ne suis pas un militant. Nous avons eu des échanges sur la situation de la ville mais ils n'ont pas manqué de me faire comprendre qu'ils apprécieraient de voir soutenir leurs actions par mes idées. Encore, une fois, je vais m'impliquer dans la consultation électorale qui vient, comme un citoyen, comme vous-même en tant que journaliste. A quelle place ? Aussi modeste que soit au final ma contribution, je n'ai pas défini aujourd'hui cette place.