Opération “finie partie” pour la première mission d’information sur la collecte des déchets
Les élus du Printemps marseillais ont dévoilé leurs propres conclusions tirées de la mission d'information et d'évaluation des déchets avant sa présentation publique, ce jeudi, en conseil métropolitain. Même s'ils saluent la reprise d'une partie de leurs propositions, ils fustigent les écarts constatés dans le niveau de service d'une commune à l'autre.
Des camions-bennes de la métropole dans le garage Rabatau, 10e arrondissement. (Photo : SL)
Le document fait 40 pages, tout en couleur, émaillé de cartes, graphiques et photos d’illustration. Il vient conclure un mois d’enquête menée par 21 élus métropolitains de tous bords, au rythme d’une benne pressée de rentrer au dépôt. Le sujet de cette première mission d’information et d’évaluation de l’histoire métropolitaine porte sur un sujet brûlant, qui déclenche force commentaires et avis tranchés : la collecte des déchets sur le territoire d’Aix-Marseille Provence.
Déclenchée suite à une demande du groupe Pour une métropole du bien commun, qui rassemble les élus de la majorité municipale marseillaise de gauche, l’expérience est saluée d’un “peut mieux faire” par sa présidente Sophie Camard. Elle a rédigé un avis séparé presque aussi épais que l’original, qui sera présenté ce jeudi, en préambule à l’ordre du jour du conseil métropolitain.
Via le service presse de la métropole, le vice-président délégué aux déchets Roland Mouren goûte peu le commentaire des opposants avant même la présentation du document. Celle-ci devait être faite par leur collègue déléguée à la propreté Christine Juste, membre de la majorité municipale marseillaise. “C’est vraiment faire peu de cas du respect de la pluralité des sensibilités politiques des élus qui ont participé à cette mission dans une volonté d’apaisement et de cohésion“, tance-t-il. Lui préfère souligner “le travail collectif de grande qualité conduit en toute transparence” et regrette que cet “esprit de consensus soit brisé pour des raisons politiques“.
Deux rapports concurrents
“La raison d’être de ces deux rapports est que nous sommes toujours en discussion avec la métropole sur les amendements que nous souhaitons faire au document final, avance Sophie Camard. La plupart des propositions de bon sens et consensuelles que nous avons faites ont été intégrées au document final, mais il y en a d’autres, plus substantielles, qui nous ont été refusées“. Ce préalable mis à part, la présidente de groupe se dit plutôt satisfaite de la qualité de l’accueil des services, même si un déplacement jusqu’à Lyon pour voir si l’herbe y était plus verte était espéré. “Dans le temps imparti, cela n’était pas possible“, regrette-t-elle.
Les 21 élus, représentants les principaux groupes, emmenés par Christine Juste, la présidente de mission, ont pu aller à la rencontre des agents, les suivre en tournée, aussi bien à Marseille qu’à Istres et Martigues. Ils ont aussi pu échanger avec les services au cours de plusieurs longues réunions. Les élus saluent donc le degré d’ouverture du capot, un peu moins de la qualité du moteur.
La première des remarques est d’ordre structurel. Toute jeune institution, la métropole est encore peu “coagulée” : les conseils de territoire qui reprenaient les anciennes intercommunalités fusionnées ont été supprimés il y a tout juste un an, en juillet 2023. “Nous avons découvert que les découpages en trois grandes zones [Marseille, étang de Berre et Aix/Aubagne, ndlr] datent de la même année, poursuit la maire des 1/7. Avant cela, tout était décidé au niveau du territoire avec un rôle prépondérant des maires des villes-centres.” Une habitude que les élus marseillais aimeraient voir appliquer dans leur ville.
Effet ciseau sur le budget
Mais ce qui retient le plus leur attention est l’effet de dispersion financière induite par ce fonctionnement en territoires. “De 2021 à 2026, on a constaté une hausse du budget spécial principalement induit par les différents marchés publics, poursuit Sophie Camard. Il y a un véritable dérapage lié aux délégations de service public, mais aussi à la politique d’achat, à l’entretien des machines… Cela représente 230 marchés distincts. C’est une demi surprise, du fait des effets de l’inflation et des marchés infructueux qui entraîne une hausse des prix. Mais c’est une surprise tout de même puisque la métropole elle-même est en cours d’analyse“. Une lecture des faits qui entraîne un peu de toux dans les couloirs métropolitains, où l’on souligne que les échanges se sont prolongés jusque tard dans la nuit de mardi. “Et nous leur avons transmis l’intégralité des marchés“, souligne-t-on.
Dans le document final, la métropole n’évoque certes pas le poids de ces marchés. En revanche, elle ne fait pas mystère de “l’effet ciseau” budgétaire né de “l’écart entre les charges totales et les recettes (…). Dans cette prévision, nous devrions donc avoir recours uniquement à l’emprunt à partir de 2026“, pour équilibrer le budget.
“Et quand on sait les investissements qui sont encore devant nous, c’est un gros point d’interrogation, souligne Sophie Camard. En 2030, le marché de l’incinérateur de Fos-sur-Mer doit être renouvelé. Il représente 50 millions par an juste pour les déchets de Marseille. Or, il y a un enjeu fort à arrêter l’enfouissement pour les déchets du reste de la métropole.”
Effet de contraste
Ces grands enjeux n’effacent tout à fait les effets de contraste ressentis par les élus marseillais quand ils sont allés à la rencontre des maires d’Istres ou de Martigues. “On a découvert que le changement de rythme de collecte à Istres avait été discuté pendant un an avec les agents avant d’être mis en place, s’étonne Sophie Guérard. À Marseille, les agents des secteurs concernés par le changement de rythme ont été mis devant le fait accompli. Ils vivent cela comme une punition.”
Autre surprise, la différence de rythme de collecte entre les communes. Là où Marseille ne connaît que les collecte de “C2” à “C7”, pour deux à sept fois par semaine, les élus ont découvert qu’Aix, Martigues, Aubagne ou Marignane pouvaient avoir des cycles en C13 ou C14. “Cela veut dire que dans les centres-villes de ces communes, les bennes passent deux fois par jour, s’étonne Sophie Guérard. Nous proposons donc que le même rythme soit adopté dans le centre-ville de Marseille“. Une fréquence que l’on retrouve tout de même dans les secteurs touristiques autour du Vieux-Port.
Il y a de nombreux autres points où les élus d’opposition sont tombés d’accord avec les services de la métropole pour explorer des pistes d’amélioration : sur le verdissement du parc automobile, le réemploi et le recyclage, la capacité des centres de tri ou l’effort mis sur la prévention, avec le déploiement des éco-ambassadeurs. “Je crois que la base de la pédagogie est la répétition, martèle Sophie Guérard, professeure des écoles dans le civil. En 24 ans de carrière, ils sont venus une fois dans une de mes classes. Or, je crois que la culture du tri doit passer par les enfants.”
Il n’est pas certain que le débat métropolitain retienne ces points de consensus comme base d’un dialogue fécond. L’élu marseillais Yannick Ohanessian retient ainsi que la gestion des dépôts sauvages relève intégralement de la métropole “puisque c’est elle qui est propriétaire de la voirie et responsable de l’enlèvement des encombrants comme des jets clandestins“. Une lecture juridique qu’on ne retrouve pas dans le document final et qui est loin de faire l’unanimité sur les bancs métropolitains. Il n’est donc pas certain que la métropole se lance dans une nouvelle mission de ce genre avant les prochaines élections locales.
Commentaires
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Je suis très, très curieux de savoir combien d’heures (voire de jours, soyons fous) Mr Roland Mouren en charge du dossier à la Métropole, a passé avec les acteurs du ramassage à Marseille pour se faire une idée des problèmes concrets?
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Ils avaient piscine
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Le retour des chicayas.
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Verdissement du parc: à Clermont Ferrand juste après la guerre le ramassage se faisait avec des véhicules électriques et la technologie des batteries n’avait rien à voir avec celle de maintenant.
Simplement il y avait un entrepreneur nommé Claret qui avait déjà construit le premier réseau de tramways électriques de France à Clermont.
80 ans après rien n’a bougé : encore et toujours du diesel bien polluant. Alors, à quand le 1er marché de camions électriques ? Je crains fort de les voir passer de St Pierre.
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J’ai rien compris M’sieur. Suis je un peu simple ou ça ne s’adresse qu’à des gens qui ont Métropole+ 5 ?
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Oui l’article est assez confus.
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