"on ne peut plus protéger le savon de Marseille"
"on ne peut plus protéger le savon de Marseille"
La compagnie des détergents et du savon de Marseille est une des plus anciennes savonneries marseillaises. Installée à Sainte-Marthe, créée en 1850, elle est issue au départ de la fabrication de bougies. Alors qu'au début du siècle dernier près de 30% de la population active marseillaise travaillait à cette activité, le savon étant produit à partir d'huile végétale qui était importé des "colonies" depuis le port de Marseille, et revendu dans la France entière, comme un produit de consommation courante. Ce marché va commencer à être fortement concurrencé entre les deux guerres. Ce sont les produits de synthèse issus des grandes multinationales actuelles comme Palmolive, Procter, et Unilever qui vont révolutionner ce marché, en terme d'innovation, mais aussi de prix, de distribution et de marketing.
Les entrepreneurs marseillais ne sauront pas s'adapter, ni s'unir -préférant d'ailleurs souvent se faire la guerre entre eux- et seront bien vite balayés par ces puissants "lessiviers". Ce déclin de l'empire du savon dans le courant des années 50, amorce l'inexorable "désindustrialisation" de Marseille. Seules quelques savonneries artisanales subsisteront, comme celle de Sainte-Marthe. Après avoir changé de propriétaire à plusieurs reprises, dont le lessivier Henkel – qui en profita pour partir avec la marque "le chat machine" pourtant à l'origine développée ici – la savonnerie du fer à cheval sera rachetée en 2003 par ses cadres, dont Bernard Demeure, l'actuel PDG.
Un savon dans le domaine public
En difficulté de trésorerie, la société est en redressement judiciaire et en période d'observation de 6 mois. Si le combat de Bernard Demeure pour sauver un des derniers producteurs de savon de Marseille a été très médiatisé, en réalité, son activité est aujourd'hui concentrée dans la production de détergents, notamment pour les marques distributeurs.
Demeure est d'ailleurs assez confiant pour sauver cette activité qui concerne une douzaine de salariés sur un total de vingt. Pour ce qui est du savon de Marseille, il n'y a pratiquement aucun espoir. D'autant que la marque comme le process de fabrication ne possèdent aucune protection juridique, relevant même aujourd'hui du domaine public, ce sera donc très compliqué.
Même si la députée UMP Valérie Boyer veut déposer un projet de loi pour sauver "le savon de Marseille", la messe semble dite depuis longtemps. La ville elle-même n'a pas su protéger sa marque, comme ont pu le faire d'autres villes comme Paris ou Saint-Tropez. Cela permet, par exemple, à la multinationale américaine Johnson & Johnson de fabriquer et de distribuer dans le monde entier "le petit Marseillais" sans qu'un seul pain soit produit ici. Du 100% made out of Marseille.
Commentaires
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“Les entrepreneurs marseillais ne sauront pas s’adapter, ni s’unir -préférant d’ailleurs souvent se faire la guerre entre eux- et seront bien vite balayés par ces puissants “lessiviers”, dans le courant des années 50, amorçant l’inexorable “désindustrialisation” de Marseille”.
C’est une allégorie de la Métropole ?
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D’après Wikipédia, la marque “Le petit Marseillais” n’a pas été lancée à Marseille mais dans le Vaucluse, par un ancien journaliste du Dauphiné Libéré. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Laboratoires_Vend%C3%B4me. Créée en 1982, la marque a été rachetée en 1985 par une société de Dijon qui a été rachetée à son tour par Johnson&Johnson en 2006. Dès le début, le lien avec Marseille est plutôt ténu (ce qui, on en conviendra, est une mince consolation).
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La Savonnerie LE SERAIL située également à Sainte-Marthe avait sollicité la mairie, il y a quelques années, pour pouvoir aller s’installer avec du matériel neuf, dans la zone franche au Nord de Marseille. La réponse de la mairie avait été négative !! Aujourd’hui, ils survivent avec quelques employés mais je ne pense pas qu’ils puissent tenir encore longtemps. Il faudrit qu’ils se délocalisent à l’étranger où ils seraient accueillis à bras ouverts.
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Un savon de Marseille de 30 tonnes pour nettoyer nos rues ? Super bonne idée !
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Peut etre la raison pour la quelle Fer à Cheval est en redressement judiciare et que moins de personnes veulent payer pour son savon? Je supposes que tous les ingrédients pour son savon venais de Marseilles, fais par des Marseillais?
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L’histoire du savon de Marseile n’est pas propre ! Tristesse.
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