[Ô mon bateau] Pour mettre son bateau à l’eau à la Pointe-Rouge, il faudra payer le parking
Ils donnent à la côte un air de riviera. Les bateaux individuels sont un plaisir estival pour certains et un rêve inatteignable pour beaucoup. Cet été, Marsactu se penche sur les coutumes et les petites combines des plaisanciers. Pour ce deuxième épisode, détour par la Pointe-Rouge, où la privatisation du parking de la mise à l'eau crée des remous.
Les cales de mises à l'eau à la Pointe-Rouge / Ana Rougier
Serge est originaire d’Allauch et vient souvent mettre son bateau à l’eau au port de la Pointe-Rouge. Il gare sa voiture sur le parking gratuit en face des cales. Avec la récente décision de rendre ce même parking payant, il craint de devoir se rapatrier sur l’Estaque. “Le prix du stationnement, plus l’essence pour le bateau et la voiture, ça commence à faire cher”, s’agace-t-il.
Le 16 mai dernier, le conseil métropolitain votait en faveur d’un stationnement payant faisant face à trois cales de mises à l’eau au port de la Pointe-Rouge, éloignant de fait les plaisanciers n’ayant pas les moyens de payer le stationnement de leurs remorques. Le futur plan de stationnement prévoit de garder des zones distinctes pour les véhicules seuls (100) et les attelages avec remorques (70, qui paieront 6 euros hors saison et 12 euros en saison). L’entrée sera dotée d’une caisse pour le paiement. Le parking prévoit même une zone avec un camion-restaurant. D’après la capitainerie du port de la Pointe-Rouge, même si les travaux ont pris du retard, la clôture et les rénovations du parking vont être terminées d’ici fin juillet.
“On pénalise les petits plaisanciers”
Yves Moraine, maire LR des 6e et 8e arrondissements évoque une forte demande de la part des usagers, du Yachting Club de la Pointe-Rouge et des professionnels du nautisme pour rationaliser les mises à l’eau. Pas d’inquiétude à avoir selon lui, les plaisanciers qui ne veulent pas payer le stationnement pourront continuer à effectuer les mises à l’eau mais devront se garer à l’extérieur de la zone. Jean-Claude Dusserre, membre de l’association des plaisanciers indépendants de la Pointe-Rouge (APIPR) voit mal comment. “Il n’y jamais de place pour les remorques à l’extérieur des parkings”.
Et à en écouter Luc Talassinos, conseiller métropolitain qui est intervenu sur cette question en plénière, cette réorganisation du parking et des mises à l’eau est un prétexte pour faire le tri parmi les usagers. “On pénalise les petits plaisanciers. Une fois sur place, il y a des files d’attente, des disputes. Donc l’argument de la métropole, c’est de dire que cette situation n’est pas gérable”. Plutôt que de pénaliser les plaisanciers plus modestes en les forçant à mettre la main à la poche, il souhaite l’augmentation du nombre de mises à l’eau gratuites pour désengorger les ports.
Une mise à l’eau critiquée
Plusieurs problèmes se sont accumulés sur le port de la Pointe-Rouge. Jean-Claude Dusserre de l’APIPR se désole pour sa part de l’impraticabilité des cales de mises à l’eau proche du parking. “Cette zone est mal foutue, les voitures partent vite dans l’eau car la rampe est trop inclinée”, indique-t-il. D’autres désagréments viennent s’ajouter à cette situation. Martin, plaisancier de la région est gêné par les baigneurs : “La journée c’est n’importe quoi, les gens viennent parfois à côté des cales pour se baigner. Et c’est impossible de faire une mise à l’eau avec des gens agglutinés à côté”.
D’après Josette Chanou, présidente du CIQ Pointe-Rouge, ce sont surtout les nuisances sonores qui ont rendu le quotidien insupportable. Elle qualifie de “voyous” ceux qui viennent profiter du parking du port jusqu’à tard dans la soirée et qui seraient en partie responsables de la réorganisation de celui-ci. La présidente attend avec impatience l’arrivée d’un vigile pour assurer la sécurité du parking. Didier Réault, l’adjoint en charge de la mer, est de cet avis : “il est évident que quelqu’un doit se charger de la surveillance et de l’organisation du stationnement”.
Une privatisation sous-jacente
En juin 2018, la gestion et l’animation d’une partie du port de la Pointe-Rouge était à nouveau confiée par la métropole à l’YCPR pour une durée de 10 ans. La direction du club assume cette transformation du type de stationnement. Christian Tommasini, président de l’association compare le parking au Bronx. “Le soir c’est un véritable va-et-vient, il fallait améliorer le site”. Par amélioration, le président entend le lancement de travaux de rénovation du parking mais aussi des cales de mises à l’eau, notamment dans le cadre de la préparation des Jeux Olympiques de 2024.
Effectivement, dans un avenant de délégation de service public, un avis a été émis en faveur de l’accueil des entraînements et des épreuves de voile dans le cadre des Jeux Olympiques de 2024 sur les zones de mise à l’eau de la Pointe-Rouge. Un avis qui interroge sur la privatisation progressive de cet espace.
Ainsi, il est prévu de réaliser une extension du périmètre géré par le délégataire jusqu’à la zone de stationnement mitoyenne de l’actuel périmètre et comportant une zone de mise à l’eau. Ladite zone ne faisant pas l’objet à ce jour d’un entretien suffisant, génère des troubles quant à l’accès à la mer et à la bonne gestion du port. Le projet a ici pour objet de restaurer l’espace et d’y adjoindre une gestion afin de favoriser l’arrivée et la mise à l’eau de plaisanciers. Ce même espace, du fait de sa restauration, constituera un point d’accès à la mer au cœur de la préparation des épreuves olympiques et dont l’espace serait à même d’accueillir plusieurs équipes, c’est pourquoi la gestion de celui-ci apparaît aujourd’hui centrale.
Selon Didier Réault, rien n’est encore acté. “L’utilisation des zones de mise à l’eau pour les Jeux Olympiques se fera si la météo est capricieuse. Ces espaces pourraient être mobilisés pour accueillir des délégations étrangères”. Pourtant, Christian Tommasini assure que l’accueil des délégations aura bien lieu. “C’est une grosse manifestation sur une période de trois semaines où les cales de mises à l’eau seront utilisées. Je pense que les Marseillais peuvent faire un effort.”
Concernant les plaisanciers qui souhaitent mettre leur bateau à l’eau, ceux qui ne veulent pas payer le parking auront trente minutes pour déposer leur bateau et se garer en dehors de la zone. Christian Tommasini est conscient du problème que peut entraîner l’absence de stationnement gratuit pour les remorques à la Pointe-Rouge. “C’est contraignant pour la masse populaire”, concède-t-il. De plus, la zone de mise à l’eau située au cœur du port et son parking attenant vont être réservés aux professionnels du nautisme ainsi qu’au secours.
Au total, le montant des investissements est évalué à 260 000 euros financés par la métropole. Les futurs clients souhaitant laisser leur remorques sur le parking vont débourser autour de 12 euros par jour en pleine saison, d’avril à septembre. Un prix comprenant une place de parking ainsi qu’un apport en eau pour nettoyer les bateaux et de l’électricité. Les revenus reviendront directement à l’YCPR. Dans le département, les cales de mises à l’eau gratuites se raréfient. À Marseille, il en existe quinze dont neuf réservées aux clubs nautiques d’après des données publiques. Quatre sont toujours en accès libre.
Commentaires
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Je n’ai pas de bateau et suis ignorante du problème. Mais à la lecture de l’article, je constate qu’il y a moins de places de parking que de remorques. Rien n’est gratuit : il parait injuste que les “pauvres” soient pénalisés, mais est-on pauvre quand on a un bateau et une remorque? Et pourquoi la collectivité devrait-elle payer l’aménagement des parkings ? Je n’ai pas compris si actuellement la zone est privée ou non : si elle ne l’est pas, il se peut que les baigneurs gênent les plaisanciers pendant les mises à l’eau et que les fêtards, qualifiés de voyous les gênent aussi. triste, triste! Tendez-moi un mouchoir!
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Les pauvres de la plaisance sont plutôt ceux qui vivent sur un bateau épave, mais sachant qu’une place de bateau au port c’est environ 2000€ / an , il y a des plaisanciers moins riches qui n’en ont pas les moyens.
La collectivité peut payer un parking pour faciliter l’accès, comme elle paie un stade de foot à ceux qui aiment voir des matchs de foot, un trottoir à ceux qui veulent marcher dans la rue … avec toujours une question de la véritable généralité de l’intérêt.
La gêne des mises à l’eau est aussi une question de sécurité: un moteur de bateau, un engin de plusieurs centaines de kilo peuvent tuer : tout nageur ou fêtard de parking inconscient: se met donc en danger .
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12 euros, sur le prix d’une sortie en mer, c’est pas grand chose. un grog sodiac consomme 15 euros par heure d,essence. Alors, oui les sortie en mer c’est un luxe!
Si ça pouvait financer des structures sportives en ville pour tous plutôt que le cercle de l,YCPR ce serait encore mieux.
Car si non c’est une privatisation de plus du bord de mer.
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12 euros, sur le prix d’une sortie en mer, c’est pas grand chose. un gros zodiac consomme 15 euros par heure d’essence.
Alors, oui les sorties en mer c’est un luxe!
Si ça pouvait financer des structures sportives en ville pour tous plutôt que le cercle de l,YCPR ce serait encore mieux.
Car si non, c’est une privatisation de plus du bord de mer.
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Il n’y a pas que l’ycpr sur le port. Y a aussi l’ASPTT, de petits clubs Kayak…. Tous pénalisés. Car pour se garer ailleurs ça va être génial !
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sinon concernant l’impossibilité de se garer , les transports en commun existent ( bus , navette maritime ) et le vélo aussi .je parle pour ceux qui se rendent dans les clubs de kayak par exemple!
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“Au total, le montant des investissements est évalué à 260 000 euros financés par la métropole. Les futurs clients souhaitant laisser leur remorques sur le parking vont débourser autour de 12 euros par jour en pleine saison, d’avril à septembre. Un prix comprenant une place de parking ainsi qu’un apport en eau pour nettoyer les bateaux et de l’électricité. Les revenus reviendront directement à l’YCPR. ”
Contrat léonin ?
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Sommes toutes faites c’est la solution intelligente pour écarter les fauteurs de troubles de ces dernières années, en effet il faut aller sur place et vivre la rentrée le soir à pas d’heures et le retour de braillards avinés avec marmaille qui ne respectent pas la file d’attente. Sans parler des vols de remorques….Enfin un peu d’ordre!
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Que les naviguants-bagnolards à moteurs se rassurent, ils pourront toujours stationner sauvagement sur les trottoirs du boulevard du littoral, au-dessus du port.
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