Non, la réparation navale ne créera pas des centaines d’emplois dans les bassins Est

À la une
le 11 Juil 2016
7

Dans quelques mois, la forme 10 doit enfin être livrée. Ce bassin dédié à la réparation navale industrielle est le plus grand de Méditerranée. Il est le symbole du renouveau industriel du port, enfin pourvoyeur d'emplois. En réalité, la forme 10 ne devrait pas en créer. Le secteur dépend en grande partie des travailleurs détachés.

Non, la réparation navale ne créera pas des centaines d’emplois dans les bassins Est
Non, la réparation navale ne créera pas des centaines d’emplois dans les bassins Est

Non, la réparation navale ne créera pas des centaines d’emplois dans les bassins Est

“Monsieur, quelle formation faut-il faire pour bosser avec vous sur les bateaux de croisière ? – Il n’y a aucune école, on ne trouve personne pour travailler ici”. Cet échange doux amer a eu lieu il y a deux ans lors d’une visite éclair d’une classe de collège sur le chantier naval de Marseille. La question pleine d’espoir est posée par un jeune collégien. La réponse sans illusion tombe de la bouche d’un ouvrier du dernier chantier de réparation industrielle de la place portuaire marseillaise. Ce dialogue pourrait paraître anecdotique, il résume pourtant une grande partie des débats autour de la réparation navale depuis plusieurs années. À l’automne, le plus grand bassin de réparation navale de Méditerranée, la forme 10, doit être enfin livré. La rénovation de cet équipement destiné à réparer les plus grands bateaux du monde a nécessité 31 millions d’euros d’investissements, dont seuls 3 émanent du privé.

L’État a mis 10 millions, la région 2,1, le conseil général 1,6, le Grand port maritime 14 millions….  Mais pour combien d’emplois créés ? Cette question lancinante a longtemps été soigneusement tue. Depuis quelques semaines, celle-ci se fait entendre. Par exemple lors d’une grand messe organisée par la maison de l’emploi il y a quelques semaines à la Cabucelle autour de la réparation navale. Elle était aussi ressortie lors des auditions préparatoires pour le conseil municipal sur l’emploi. Avec, à chaque fois, la forme 10 en symbole.

Vingt embauches (au mieux) pour la forme 10

L’équipement construit dans les années 70 pour les pétroliers doit accueillir les bateaux de croisière qui ont fait de Marseille une de leurs destinations phares. Tout un symbole. Personne ne s’était pourtant avancé sur le nombre d’emplois que la forme 10 allait créer. Il y a deux ans, le patron du chantier naval de Marseille (CNM) qui exploitera la forme, Pierenrico Beraldo, expliquait que ce seraient d’abord les employés des formes voisines déjà actives qui y travailleraient. Fin mai, face aux élus, dans l’hémicycle municipal, alors que le représentant de la CGT du port Pascal Galeoté a ressorti le sujet, des chiffres clairs ont été avancés par le président de la même société, Jacques Hardelay : “J’avais prévu d’embaucher dix personnes, elles le sont pratiquement. Je pense que je vais en embaucher 10 de plus d’ici la fin de l’année, qui ne tiennent pas compte de l’impact de la forme 10.”  En somme : il n’y aura pas de créations d’emplois liées à la forme 10 en dehors des vingt personnes déjà embauchées ou en passe de l’être.

Lors de la réunion à la Cabucelle, organisée par la maison de l’emploi le 23 juin, le sujet a soigneusement été évité. Mais plus que le joli petit fascicule de 39 pages qui a été édité à cette occasion, c’est l’étude complète menée par le Pôle Mer avec l’association La Touline qui éclaire cette question de l’emploi.

Concernant les embauches, les entreprises interrogées disent procéder avant tout par le bouche à oreille. Les contrats sont pour la plupart saisonniers, avec un pic à l’automne, saison où les formes sont pleines. Les “sous-traitants restent prudents quant aux perspectives de contrats liés à la forme 10 et à l’heure actuelle ils n’anticipent pas d’embauches dans ce sens”, souligne effectivement l’étude. La forme n’a pas non plus vocation à être utilisée toute l’année, ce qui est habituel pour un équipement de cette taille destiné à accueillir les plus grands paquebots au monde. Le plus dur, pour l’heure, sera déjà de convaincre les armateurs, “frileux” selon Le Marin, d’y faire venir leurs bateaux, après des soucis techniques sur le bateau-porte qui ont entraîné un retard conséquent. Les embauches, s’il y en a, risquent donc de se faire attendre encore longtemps. Cette étude éclaire aussi d’un jour nouveau la problématique des travailleurs détachés et celle de l’offre de formation.

749 salariés mais bien plus de travailleurs détachés

Trois grandes entreprises

Les bassins Est accueillent trois grandes entreprises dans le secteur de la réparation navale industrielle, qui concerne les bateaux de croisière, les ferrys, les navires de commerce… Le chantier naval de Marseille, filiale du groupe italien San Giorgio del Porto, exploite deux formes et bientôt la forme 10. Ils annoncent une petite centaine de salariés. Côté yachts, qui font aussi partie de la réparation navale industrielle, l’italien Palumbo et Sud Marine occupent d’autres formes près du bassin de radoub à Cap Pinède.

L’étude du Pôle Mer commence par dresser un constat qui pose brutalement le sujet dans sa réalité : la réparation navale emploie 749 personnes réparties dans cinquante entreprises (chantiers, sous-traitants, armateurs…). On est très loin des 1700 employés des seuls chantiers Terrin, installés dans les bassins Est, avant leur fermeture à la fin des années 70. Sur ces 50 entreprises, 21 ont été interrogées en détail sur leur rapport à l’emploi. Chose étonnante, le questionnaire n’aborde pas la question des travailleurs détachés employés de manière directe ou indirecte via les sous-traitants. La problématique commence pourtant à monter en puissance dans les bassins Est. En avril 2014, Le Marin faisait état de plus de 1200 ouvriers en sous-traitance venus réparer un navire de la Regent Seven Seas Cruise. La nationalité de ces ouvriers, logés dans un ferry amarré à la digue du large, n’était pas connue. En avril 2016, deux ferrys à quais ont également été utilisés pour loger des travailleurs étrangers.

 “C’est vrai, on fait appel à des sociétés étrangères, capables de nous fournir la réactivité et le personnel qualifié”

“Sur un bateau comme le Saipem qui est une plateforme pétrolière rentrée en formes 8 et 9 il y a quelque temps [en 2015 NDLR], 500 travailleurs détachés ont été acheminés sur les formes du port pour traiter ce bateau”, s’indignait à ce sujet le représentant de la CGT des salariés du port, Pascal Galeoté lors des auditions de préparation du conseil municipal sur l’emploi en mai. “C’est pas qu’une question de compétences, il y a aussi le prix”, complète-t-il aujourd’hui. “C’est vrai, on fait appel à des sociétés étrangères, capables de nous fournir la réactivité et le personnel qualifié”, se défend Jacques Hardelay du chantier naval de Marseille.

Impossible d’évaluer le nombre de salariés étrangers qui travaillent en réalité dans les formes. Pour cette société italienne comme pour Palumbo, qui travaille plutôt sur des bateaux de haute plaisance, l’emploi local a un sens particulier, puisque ce sont souvent des ouvriers italiens de leurs autres sites qu’ils font venir quand les formes sont pleines. “Pour les deux chantiers marseillais contrôlés par des entreprises italiennes, la problématique des transferts de personnel italien pour traiter des chantiers de réparation à Marseille reste entière tant au plan humain, qu’au plan de l’émiettement des compétences”, confirme le Pôle Mer dans son étude.

Une offre de formation spécifique est-elle nécessaire ?

 “quatre ans pour former un soudeur, trois pour un chef de bord”.

L’étude montre que les entreprises du secteur, d’une taille moyenne de 15 employés, sont à la recherche de “salariés déjà formés et opérationnels”. La moyenne d’âge y est plus élevée que dans les autres secteurs. Par exemple, dans l’entreprise marseillaise de chaudronnerie ESTC qui compte 19 salariés, 80% d’entre eux ont plus de 46 ans.

La transmission du savoir-faire est d’autant plus centrale que pour les six métiers mis en avant – chaudronnier, soudeur, tuyauteur, mécanicien naval, hydraulicien, chef de bord – la formation se fait souvent en interne. Pour ces métiers, très différents de ceux de la plaisance, rien n’est proposé dans la région (la Maison de l’emploi de Marseille a réalisé une cartographie exhaustive). Il existe un “panel de formations adaptées au nautisme mais aucune formation fléchée réparation et maintenance navale industrielle, retient le Pôle Mer, citant l’absence de Lycée de la Mer existant ou programmé, à la différence de Sète ou d’Antibes. […] Le développement d’une nouvelle offre de formation ne semble pas être la réponse attendue par les entreprises”.  Durée de formation : “quatre ans pour former un soudeur, trois pour un chef de bord”. La solution retenue est celle de “formations courtes et très spécialisées”, ainsi, qu’entre autres, une “sensibilisation aux dispositifs de transfert de savoir” à l’égard des sociétés du secteur. Voilà qui répond en partie aux propositions faites pendant la campagne des élections municipales de 2014 par la plupart des candidats.

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. LaPlaine _ LaPlaine _

    Encore une belle anticipation et un magnifique retour sur investissements publics…

    Signaler
  2. Mourepiane Mourepiane

    Merci pour cet article très détaillé

    Par contre, concernant le titre et donc le fait qu’il n’y aura pas de création d’emploi, cette information est partagée par tous les acteurs de bonne foi depuis pas mal de temps.
    On retrouvera à ce titre les déclarations de Fernandino Garré faites à la Provence en mars 2013 (http://www.laprovence.com/photo/2273222/president-de-chantier-naval-de-marseille-groupe-san-giorgio-litalien-fernandino-garre-se-fait-rare-sur-la-scene-me) :

    • En apportant une précision importante qui vise à éviter de donner de faux espoirs aux élus locaux. “Notre but n’est pas de réunir au sein de notre chantier naval des milliers de salariés, mais de pouvoir compter sur un vaste réseau de spécialistes extérieurs. Or la constitution d’un tel réseau demande énormément d’efforts et de temps.”
    • ….la perspective de la remise en service de la forme 10, à l’horizon 2015.”Grâce à elle, nous allons pouvoir attaquer le marché de la transformation de navires ; une activité certes occasionnelle mais à très forte valeur ajoutée. Et je sais de quoi je parle. À Gênes, chez San Giorgio, nous avons réalisé récemment la transformation du paquebot Costa Romantica. Celanous a rapporté 90 Meuro; pour trois mois de travaux, soit un million par jour, en faisant travailler en permanence près de 1 200 personnes sur le chantier.
    • Une forme 10 dont le patron de CNM estime qu’elle va surtout permettre de sceller sa collaboration avec STX. « Eux construisent et nous, nous réparons ; ce qui est parfaitement complémentaire. Notre objectif est donc de travailler ensemble à la transformation de bateaux. Pour eux, l’intérêt est double. Non seulement ils vont pouvoir suivre leurs bateaux tout au long de leur vie, mais ils vont aussi disposer d’un débouché sur la Méditerranée, là où se concentre un grand nombre de paquebots de croisière, dont une partie construite par eux. Avec STX, nous allons pouvoir proposer des interventions de très grande envergure. Mais avant cela, nous devons d’abord nous stabiliser… »

    Parallèlement l’actionnaire majoritaire de STX France (le groupe sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding (2/3 du capital)) est sous administration judiciaire depuis le 9 juin dernier.
    On peut alors craindre un dépeçage des actifs et un départ du savoir-faire français vers l’Asie où les coûts sont inférieurs.

    Quid alors des beaux plans de Monsieur Garré au sujet de sa complémentarité avec STX ??

    Signaler
  3. leravidemilo leravidemilo

    — On n’est pas vraiment déçus, car on s’en doutait, depuis déjà quelques temps; Et si les médias ne mouftaient pas, et ne donnaient pas la parole aux syndicats sur ce sujet, on n’a jamais pris très au sérieux les communiqués de la compagnie lambda (loony truc…) qui indiquaient que les bateaux hôtels étaient consacrés à l’hébergement de ses salariés…
    — Les travailleurs dits détachés abondent, ici comme dans d’autres secteurs et, hors ce qui concerne les salariés italiens de l’italienne société à demeure, on n’est pas près de savoir la nationalité des travailleurs en question; Comme toute loi made in u.E, celle concernant les travailleurs détachés nécessite le secret, et il est méthodiquement gardé, aucune transparence à attendre sur ce point, ni du medef, ni du gouvernement, ni bien sur de la dite “u”.E qui préfère communiquer ad nauseum sur ses fétiches (Erasmus, Subventions du programme trucmuche et autres feder… qu’on a déjà payé par nos impôts…) et jamais sur cette circulaire, qui succéda (avec quelques chausse trappe juridiques supplémentaires ) à la circulaire Bolkeistein, retoquée par le “débat” sur le plombier polonais… (En matière de mise en concurrence des travailleurs, l'”u”.E ne renonce jamais, c’est d’ailleurs une des raisons qui la rendent irréformable et la ferons, heureusement, mourir).
    Bon, notons au passage que 31 millions d’euros de bon, et frais, argent public pour 20 emplois maximun, ça fait donc du 1,550 millions par emploi, soit le coût brut de 1000 s.m.i.c mensuels environ, et donc pour 20 emplois 50 mois de s.m.i.c brut. Même si on espère et on pense que ces travailleurs qualifiés ne sont pas payés à ce tarif, ça donne un ordre de grandeur en matière de “lisibilité”, celle dont les employeurs se plaignent de manquer…
    — Notons aussi que, de la Seyne aux bassins Est, en passant par La Ciotat, notre belle région ne manquait sans doute pas de soudeurs, tuyauteurs,et autres chaudronniers… jusqu’au tout début des années 80, pour transmettre les savoirs… La mondialisation et son relais/amplificateur de l'”u”.E (qui promettait de nous en protéger) sont bien passés par là, et pas qu’un peu! Plus de formation donc, les subventions ont dû tomber ailleurs…
    — Notre jeune collégien motivé devra donc relire St Exupéry, tombé d’ailleurs à quelques encablures : “Msieur, Msieur, s’il te plait, dessine moi un bateau…”
    ( Merci pour cet article, indispensable, et qui était ma foi fort attendu.).

    Signaler
  4. leravidemilo leravidemilo

    Désolé mais, vous l’aurez noté, je me suis quelque peu mélangé les pinceaux en divisant deux fois. Rapporté à un s.m.i.c brut, la “lisibilité” tant souhaitée par les employeurs est bien de 1000 mois. Disons 500 mois pour un double s.m.i.c mensuel, plus proche d’un emploi fort qualifié (quoique, par les temps qui courent …)

    Signaler
  5. JL41 JL41

    Je ne partage pas les analyses qui ont été développées ici, bien qu’elles soient confortées par des organismes et des rapports officiels. Au moins on ne nous fait pas de prévisions dithyrambiques et c’est déjà ça de pris.

    Le plombier polonais fait partie des images d’Epinal colportées par la fainéantise intellectuelle. Valls lui-même a eu recours à cette image avant de reconnaître qu’elle n’était qu’une explication commode : « Selon les calculs du rapporteur du Budget Valérie Rabault, « un salarié français rémunéré au Smic revient à son employeur à 1.609 euros par mois » contre 1.756 pour un polonais… » : http://www.20minutes.fr/economie/1880955-20160705-smicard-francais-coute-moins-cher-employeur-polonais-selon-rapporteur-budget
    Il se baladerait en Europe (on est dans une économie mondialisée) environ 300 000 travailleurs détachés. Leur nombre a cru assez rapidement au cours de la dernière décennie, il faut laisser aux chercheurs le temps de comprendre avant de reformuler les théories. Il y a d’ailleurs autant de salariés français qui vont exercer leurs talents à l’étranger (la compétence est bien payée, on est loin du plombier polonais). Cela se pratique, entre autres, chez Airbus Helicopters (là ils sortent), mais aussi dans la réparation navale (là d’autres entrent). Les Italiens qui travaillent aux chantiers de Marseille détachent des effectifs dans le monde entier. Ce qu’une entreprise italienne sait faire, pourquoi une française ne le saurait pas ? On est face à un haut niveau de compétences et d’organisation pour des travaux spécifiques pendant des temps courts de quelques semaines.
    Quant à la fraude, que le plombier soit polonais ou français, elle est universelle, avec notre complicité. Une amie, cadre à la DRTE, m’expliquait qu’elle faisait travailler au noir chez elle parce qu’elle n’était pas assez riche.

    Pourquoi la réparation navale a sombré à Marseille, La Ciotat, La Seyne ? Disjonction entre les savoir faire (déclinants) restés souvent assez grossiers et les attentes nouvelles de clients qui sont allés ailleurs. Avec parallèlement le maintien de salaires qui ont fait perdre leur compétitivité aux entreprises. Il aurait fallu que la dynastie Terrin ait un souci aiguisé des nouvelles compétences à acquérir, l’accord des syndicats pour sortir du cadre et des prestations de formation en PACA à la hauteur. Le discours de la région était d’améliorer la culture générale des salariés, pas de les rendre à nouveau employables, « ne manquerait plus que ça, rendre services aux entreprises qui les exploitent ».
    J’ai eu à intervenir dans le processus de reconversion, vers une opportunité de construction métallique en aluminium. Compétences non adaptées dans la soudure, pas de fromation disponible, tandis que le Bureau Véritas a introduit de telles contraintes pour un objet nouveau, qu’on est allé au ratage.
    J’ai également eu à expertiser ce qui avait été fait par Provence Industrialisation dans les zones d’entreprise (Aubagne, Gémenos, La Ciotat, La Seyne et quelques autres sites du Var) destinées à développer des emplois à la hauteur de ceux perdus : en moins de 5 ans, ces emplois ont été plus nombreux que ceux perdus. Les anciens des chantiers n’ont pas été nombreux à en profiter, ils ont préféré se lancer avec un camion à pizzas ou encaisser le chèque libératoire. Il y a des cabinets, ou l’université, qui ont été financés pour savoir ce que ces anciens, d’ailleurs souvent proches de la retraite, étaient devenus. Je n’ai jamais su.
    Il fallait que la réparation navale sombre, qu’il y ait une rupture, avant qu’autre chose recommence. Les premières années aucune entreprise ne voulait s’installer sur le site, par peur des grèves possibles durant la phase délicate du lancement d’une entreprise. Ça a démarré quand même quelques années plus tard dans les zones Athélia au débouché de l’autoroute. Et enfin sur le site des chantiers, grâce au CG 13 et à la Semidep : https://marsactu.fr/bref/grande-forme-de-ciotat-allemands-remplacer-compositeworks/#comment-83777

    Alors la réparation navale va-t-elle créer des emplois à Marseille ? A une condition, en toute certitude (j’ai été assez longtemps ouvrier, y compris pour financer les études que je n’avais jamais faites, je connais le monde de l’entreprise, où j’ai rencontré dirigeant, cadres et salariés plusieurs milliers de fois), c’est d’atteindre l’excellence pour une partie des salariés au moins (comme chez Airbus Helicopters), d’avoir des formateurs passionnés par leur boulot et à l’affut des évolutions de process. Il faut expertiser notre système de formation si l’on veut créer des emplois. Avec des salariés de qualité, l’entreprise engrangera marchés sur marchés et ces salariés seront bien payés. C’est aussi simple que ça. Mais ça ne cadre pas avec une ambiance intellectuelle générale, où le chef d’entreprise est considéré comme un exploiteur. Lui aussi il faut qu’il vaille quelque chose pour faire ce boulot.

    La forme 10 est un vieil investissement lourd du port, destiné aux réparations sur les gros tankers. Le temps que tout ça se fasse, la taille des tankers s’est réduite et l’ouvrage a rouillé tranquillement. Le coût de remise en service est important, mais au moins l’investissement initial n’aura pas été perdu. Il faut considérer l’amortissement d’un tel ouvrage sur une échelle de temps du même ordre qu’un barrage électrique. Ensuite, même si la mise en service de la forme 10 ne permet que le développement, vu des interviews de Marsactu, de 10 à 20 emplois sur site, l’ouvrage complète toute une chaîne de bassins et d’offres, à Marseille comme à La Ciotat et même jusqu’à Toulon et La Seyne. On atteint là une masse critique. L’outil est là, si l’on est capable d’élargir et de rehausser le niveau des qualifications, il se créera des emplois sur tout le littoral où ces entreprises bourgeonnent.

    Signaler
  6. leravidemilo leravidemilo

    Quelques “remarques” :
    * Méfions nous des remarques générales, à coloration morale (qui vole un oeuf vole un boeuf…) du type “ma voisine emploi sa baby sister au noir donc le patronat fait bien comme tout le monde, c’est universel, il n’y a pas de petits pêchés …”. Luxleak, panama papers and so, nous montrent à jets continus qu’on n’est ni dans les mêmes procédures, ni surtout dans les mêmes échelles; comme la cour des comptes itou qui évalue la fraude fiscale de l’ordre de 80 milliards d’euros/an (ça fait beaucoup de baby sister et de cours de soutien scolaire au noir!), et reste, bien sur, relativement muette pour ce qui est de l’évasion fiscale et des paradis ad hoc. On a bien à faire à un pillage des états, et l’on peut mettre sous écrou toutes nos voisines, ça n’y changera rien. On ne parle tout simplement pas de la même chose.
    * L'”u”.E est forcément opaque (c’est sa politique constante) concernant les résultats effectifs de son objectif (officiel) de mise en concurrence des travailleurs, mais nombre d’études situent leurs chiffres à un million. Pas plus tard que hier, un article du monde avance le chiffre de 760 000 pour les seules belgique (160 000), france (200 000) et allemagne ( 400 000). Le même article rappelle au passage que ces travailleurs ne touchent pas le même salaire que ceux du pays d’accueil et seules les cotisations sociales diffèrent (comme le dit la légende) mais que la seule obligation consiste à leur verser le salaire MINIMA du pays d’accueil. cf “Bruxelles va bel et bien réviser la directive sur les travailleurs détachés” Le monde du 20/07, JP stroobant et Cécile Ducourieux.
    * C’est que le dumping social, organisé par cette directive bât son plein, que l'”u”.e bât de l’aile et entame son plongeon… et que “bruxelles” doit bien essayer (comme valls) de faire croire qu’ils ont compris et vont faire machine arrière. Ils n’en feront rien (sauf bien sur si les luttes(oh!!!) les y obligent, tout comme pour le tafta qu’ils continuent à négocier tout en faisant croire qu’ils ne le signeront pas…
    * Vous devriez, concernant les chiffres vous méfier des “approximations”.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire