Noche catalana…pas si on the move
Noche catalana…pas si on the move
On a récemment entendu parler d’un groupe Facebook marseillais en défense des sorties de nuit, adapté d’un groupe similaire créé à Paris. Que ce soit à Paris ou à Marseille, les noctambules français en manque de fête prennent souvent l’exemple de Barcelone comme une ville où oui, on sait faire la fête. La ville vient justement de célébrer « la Festa Major de Gràcia », une fête de quartier d’une semaine qui n’est pas sans soulever protestations de riverains et nostalgie des fêtards. Regards croisés.
« Paris s’ennuie…la banlieue s’emmerde » titrait récemment le premier numéro de Mégapolis (un magazine dédié à l’urbanisme), on ne peut faire plus clair ! Et le problème intéresse puisque l’Express y consacre plusieurs pages dans son dernier numéro, en prenant largement parti pour les « anti » : ceux qui réclament la tête des noctambules. On parle de la fête comme un problème, fruit du laxisme des élus, qui empêche les français et les européens de dormir.
Barcelone véhicule toujours une image de fête dans la rue jusqu’au petit matin, alors que la réalité est parfois différente. Les inscriptions « Volem dormir » (on veut dormir) s’alternaient avec les drapeaux catalans aux balcons des immeubles du quartier de Gràcia, qui célébrait du 15 au 21 août ses fêtes traditionnelles. Et si l’ambiance générale est plutôt bonne, voire très bonne lorsqu’on est habitué aux nuits marseillaises ou parisiennes, il suffit d’entamer la conversation avec les jeunes du quartier pour apprendre que ces dernières années, les autorités ont largement serré la vis. « Ils ont assassiné la nuit ! » nous dit Ignacio.
Ils ? Le gouvernement catalan a depuis quelques années voté un certains nombres de lois encadrant l’activité nocturne, parmi lesquelles l’interdiction des « open bars », des opérations 1 verre acheté = 1 verre offert, la fermeture des lieux de nuit à 5h (contre 6h auparavant), l’interdiction plus stricte de consommer de l’alcool dans la rue… Et en parallèle, les revendications des riverains contre le bruit ont déjà eu raison de plusieurs discothèques, notamment La Paloma, que l’on voyait dans le film consacrant la « vida loca » barcelonaise : « l’Auberge Espagnole ».
A Gràcia cette année, les concerts se terminent vers 2h en semaine et 3h30 le week-end, « alors qu’avant, on pouvait continuer jusqu’au petit matin » ajoute une habituée de ces fêtes populaires nées au milieu du XIXème siècle. Et pour être sur que les égarés regagnent vite un club fermé ou leur maison, il est fréquent que les équipes de nettoyage arrosent les places : diaboliquement efficace ! Même si on note un peu plus de laisser-aller pendant les fêtes du quartier par rapport à un samedi classique.
Alors si même Barcelone se met à maltraiter les noctambules, où va-t-on devoir aller pour faire la fête sans torturer les riverains ? A Beyrouth, on a par exemple pu voir des discothèques installées sur le toit d’immeubles de bureaux, un peu comme si le dernier étage de la tour CMA-CGM accueillait la Maro devenue non-grata aux Goudes, même avec une terrasse, elle n’y dérangerait plus personne. A Séoul, format de la ville oblige, c’est des quartiers entiers qui sont réservés à la nuit : aux 7 ou 10 étages des immeubles on trouve des bars, cinéma, restaurants, discothèques, toutes portes et fenêtres ouvertes etc… impossible d’y vivre, à cause du bruit et surtout parce qu’il n’y a pas d’habitations. Plus près, on salue le courage de la mairie de Toulouse qui tient à sa réputation de ville étudiante et jeune.
C’est qu’attirer les noctambules présente de nombreux avantages, à commencer par les retombées touristiques et économiques. La ville de Paris avait commandé l’an dernier une étude sur le dynamisme de la nuit à l’institut de guerre économique. Les analystes ont ainsi analysé les retombées économiques mais aussi les aspects socioculturels et légaux de l’activité nocturne dans quatre grandes villes d’Europe présentant des profils différents : Amsterdam, Barcelone, Berlin, Londres et Paris. Le constat est en faveur d’une promotion encadrée de la nuit : outre ses fonctions de socialisation, les activités nocturnes sont une source de travail conséquentes pour les professions artistiques, elles représenteraient 2,8 milliards de chiffre d’affaires en France (2003). Un chiffre très bas selon le rapport car ils ne prend pas en compte les dépenses indirectes : par exemple celles de l’industrie de la nuit elle-même. Ils montrent également qu’une ville « nuit-friendly » attire plus de city-breakers urbains, ces groupes ou couples qui viennent découvrir une ville le temps d’un week-end, une tendance lourde du tourisme, qui profite à fond de l’existence de low-cost comme Ryanair.
Si on comprend bien ce rapport, qu’on observe ce qu’il se passe à Barcelone et ailleurs, Marseille a une carte à jouer en ouvrant ses bras aux fêtards de France et d’ailleurs. Profitant du climat et des opérations de rénovation urbaine pour aménager des rues dédiées à la nuit avec des théâtres, bars, salles de concert, discothèques en plein air… et adopter une législation plus souple dans ces quartiers là. Ça, ça serait vraiment « on the move ».
Rapport sur le dynamisme de la nuit à Paris
Marseille : la nuit meurt en silence
Le site officiel des fêtes de Gràcia
Commentaires
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D’ici à ce que Marseille devient un ville de fête, on sera mort … Absolument tout est changé dans la ville pour que ça devienne le cas. Quand on sait l’immobilisme marseillais, c’est pas demain la veille …
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Centre ville de Marseille, le dimanche matin : canettes en verre explosées partout, presque pas une porte d’immeuble sans une flaque de pisse dessus et au pied, poteaux de signalisation courbés ou cassés, poteaux de trottoirs descellés pour garer la bagnole, magnifique “éclatés” de vomis verts, marrons ou violets (tendance 2010) un peu partout, nouvelles séries de tags sur les murs (une semaine sur deux en moyenne).
La movida a bon dos, les porcs sont partout.
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De quoi espérer : il parait que le festival Borderline était un succès ! Et sans problèmes en plus !
http://www.frequence-sud.fr/article.php?id=8938
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En espagne, lorsqu’il y avait les Botellons – genre un peu les apéros Facebook d’aujourd’hui-, les lendemains matins, les places étaient nettoyées et il n’y a aucune traces de fêtes (Bon d’accord, l’état espagnol PP les as supprimées), lorsqu’il y a les feria de la média dia, c’est la même chose, à 20 heures il n’y a plus un gobelet, une assiette d’arroz qui traînent.
C’est donc aussi une histoire de politique de gestion de la propreté des rues, problème récurrents ici.
Marseille aurait pu avoir l’opportunité d’utiliser ces docks destinés aux bureaux pour en faire des lieux festifs pour les noctambules, mais la mairie ne l’a pas souhaité et elle déjà bien dérangé par les festivals en place, voir Marsattack.
Marseille, ville du Sud avec un esprit bien planplan, tous tranquille chacun chez soit.
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