"MP2013 ne pourra pas à elle seule créer la Métropole"
"MP2013 ne pourra pas à elle seule créer la Métropole"
Marsactu : Quelle analyse géographique portez-vous sur l'organisation de Marseille-Provence 2013 ?
Boris Grésillon : D'abord, j'ai longtemps reproché à Marseille-Provence 2013 de ne pas mettre en avant l'outil cartographique. Ce n'est pas une obsession géographique de ma part, mais MP2013 porte sur un périmètre immense et pour les habitants, les responsables politiques et les opérateurs culturels, ce territoire n'a pas de visibilité. Il faut l'incarner à travers des cartes, afin d'éclairer les choses mais aussi pour lever certains malentendus.
Lesquels, par exemple?
Notamment l'idée selon laquelle Marseille concentrerait tous les équipements, le budget, et vers laquelle convergerait tous les regards. Bien sûr, c'est en partie vrai, mais c'est logique puisque c'est une grosse ville et qu'il y a un effet rattrapage en matière culturelle dont n'ont pas besoin Aix-en-Provence ou encore Arles. Il est vrai que l'année capitale culturelle se concentre surtout sur l'axe Aix-Marseille-Arles. C'est encore une fois normal car ce sont les trois capitales du département, trois villes qui ont des identités diverses et particulières, ancrées dans des territoires eux-mêmes très dissemblables. En revanche, une ville manque cruellement au triptyque : Toulon. Hubert Falco ne souhaitait pas se rapprocher de Marseille, tout comme Aix, par crainte d'être intégré à une grande métropole et par là, intégrer une commune pauvre, Marseille.
Justement, l'organisation du territoire par Marseille-Provence 2013 préfigure-t-elle celle du projet métropolitain ?
Je l'aurais souhaité. En 2008, il était écrit que MP2013 ne préfigurait peut-être pas mais pouvait du moins instituer un levier pour une future métropole. Je suis devenu plus pessimiste vue la levée de boucliers permanente pour collaborer, notamment de la part de Maryse Joissains. La culture à elle seule n'a pas cette force-là, à côté, il faut une volonté politique et économique. MP2013 ne suffira pas à créer une métropole même si cela n'empêchera pas les artistes de monter des productions en commun.
Les petites communes ne sont-elles pas les oubliées de l'année capitale ?
Au contraire, certaines petites communes seront très actives sur le plan culturel comme Aubagne, Gardanne, même Istres et Martigues qu'on attendait moins, qui vont développer des choses originales. Il ne faut pas oublier non plus le GR2013, le grand 8 qui passe par tous les lieux centraux, par toutes les petites communes rurales, le projet Chemins de Traverse, ainsi que le projet Transhumance, avec un grand rendez-vous dans la plaine de la Crau. Cela donne une vision différente du territoire et de la culture.
Quel regard portez-vous sur l'organisation géographique de MP2013 à Marseille intra-muros ? Certains reprochent à l'événement de se concentrer dans le centre et de délaisser les quartiers.
Il ne faut pas confondre les équipements et les événements. Toute une bande littorale allant du Mucem au Silo est concernée par les nouveaux équipements. La ville a besoin d'être identifiée et d'avoir des équipements culturels phares. Et pour le coup, ce n'est pas MP2013 qui a décidé de mettre ces équipements là. Pour ce qui est des événements, l'association a fait l'effort d'en créer là où on pouvait ne pas s'y attendre. Le week-end d'inauguration le 12 et 13 janvier sera très fort pour la capitale européenne de la culture. Il aura lieu sur le terre-plein, un terrain vague en contre-bas du carrefour Grand littoral des quartiers Nord. Il fallait oser. Et il ne faut pas sous-estimer les quartiers créatifs dans les quartiers Nord, ce n'était pas évident à mettre en place. C'était un vrai risque.
Bien qu'on ne doive pas confondre événements et équipements, c'est quand même en partie lié, non ?
C'est le lot commun de toutes les capitales culturelles européennes. Il me semble là encore assez logique que l'on retrouve des grandes expositions au musée Granet d'Aix, par exemple. Mais il y aura aussi des expositions dans le J1, sur un môle portuaire, plus excentré géographiquement. Bien sûr, il y aura des événements dans le centre ville, mais au contraire de ce qui est dit, MP2013 fait preuve d'une volonté de décentraliser les manifestations culturelles, à l'échelle de Marseille et de ses quartiers, ainsi qu'à l'échelle métropolitaine.
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On signe la pétition pour la métropole: http://manifestemetropolitain.fr/
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