Le ministère du travail autorise Sodexo à licencier un délégué CGT à Marseille

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le 6 Juil 2016
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En janvier, l'inspection du travail avait refusé la demande de Sodexo de pouvoir licencier pour faute lourde un délégué CGT marseillais. Le ministère du travail vient d'annuler cette décision. Le délégué central CGT de l'entreprise dénonce une décision politique, sur fond de mouvement contre la loi travail.

Les grévistes en décembre 2015. Photo Elodie Crézé.
Les grévistes en décembre 2015. Photo Elodie Crézé.

Les grévistes en décembre 2015. Photo Elodie Crézé.

“Pour nous c’est politique. Le ministère veut se payer un délégué CGT.” Gilles Sevilla n’en revient pas. Vendredi, dans un contexte de mobilisation contre la loi El Khomri, le délégué syndical central CGT de Sodexo, a appris la validation par ce même ministère du licenciement d’Yvon Caprice, délégué CGT à Marseille. Le site Rouge midi du cégétiste Charles Hoareau s’en est fait l’écho dès lundi. Hoareau s’exprimait aussi dans La Marseillaise ce mardi. Cette décision gouvernementale invalide celle de l’inspection du travail des Bouches-du-Rhône, le 25 janvier, qui avait refusé la demande de l’entreprise de restauration collective

Entre novembre et janvier, 23 chauffeurs-livreurs de la cuisine centrale de Pont-de-Vivaux avaient mené une grève pour protester contre leurs conditions de travail. Sodexo avait licenciés les grévistes pour faute lourde. Motif invoqué ? “Abandon de poste” car un accord de sortie de conflit avait déjà été signé par trois syndicats (CGT, FO et CFDT). La grève et ces licenciements avaient directement impacté les cantines marseillaises, obligeant l’entreprise de restauration collective a servir des repas de substitution froid aux élèves.

En janvier, la direction avait ensuite accepté de négocier la réintégration de ceux qui le souhaitaient. Mais Yvon Caprice, délégué CGT et donc salarié protégé, avait refusé la proposition, souhaitant faire établir par l’inspection du travail l’irrégularité de son licenciement. Il ne cachait pas sa volonté d’en profiter pour négocier son départ. “Ils comptaient sans doute sur l’effet dévastateur des licenciements pour nous mettre à genoux, mais on bouge encore”, affirmait-il en janvier, lorsque nous l’avions rencontré avec deux collègues dégoûtés par l’attitude de leur employeur.

“Deux petites pages, du travail bâclé”

Saisi d’un “recours hiérarchique” de la part de Sodexo, le ministère du travail en a donc décidé autrement. “En principe, on a quand même un minimum d’argumentaire avec 15 ou 20 pages. Là, on a 2 petites pages. C’est du travail bâclé”, dénonce Gilles Sevilla. Cette décision devrait à son tour faire l’objet d’un recours devant le tribunal administratif, cette fois-ci de la part d’Yvon Caprice. Contactés, ni le ministère ni la direction de Sodexo n’ont donné suite à nos demandes d’entretien.

Dans sa décision, le directeur général du travail reprend une grande partie des arguments de l’employeur et s’appuie sur un jugement du tribunal de grande instance, saisi en référé en décembre. Celui-ci considérait que la poursuite de la grève était “illicite”. Le ministère prend le contre-pied de la décision rendue par l’inspection du travail en janvier qui reconnaissait le droit de continuer leur mouvement aux chauffeurs-livreurs, y compris à un délégué syndical ayant signé un accord de sortie de conflit.

“Le problème, c’est que ce n’est pas suspensif. S’il reçoit sa lettre cette semaine et que ça dure un ou deux ans, comment fait-il ?”, interroge le délégué central qui envisage de porter la contestation sur un autre plan : “On va répondre à ça par des actions, même si pour juillet et août ce sera compliqué avec la fermeture des cuisines centrales.” La rentrée scolaire s’annonce agitée dans les cantines.

 

 

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Commentaires

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  1. corius corius

    Et les enfants dans tout ça?! On s’en fout royalement! Entre les gréves des tatas et de la Sodexo, se sont les parents et les enfants qui ont subit les conséquences.

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    • Happy Happy

      Entre être licencié brutalement et manger quelques repas froids, qui subit les conséquences les plus lourdes ? Les grèves des tatas, c’est une autre histoire.

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  2. toine toine

    La CGT paie le prix de son comportement jusqu’au boutiste et va-t-en guerre pour n’importe quel prétexte! Dorénavant, peut être réfléchiront-ils à 2 fois avant de se lancer dans des grèves interminables! Etre syndiqué n’est donc plus synonyme d’être au-dessus des lois! Dont acte!

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    • Pierre Pierre

      @toine : vous convenez donc que ce salarié paye son appartenance à la CGT.
      Sinon, votre diatribe n’est pas publiée sous le bon article.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Ah bon, faire grève reviendrait donc à se placer “au dessus des lois”. Valls a dû changer la constitution aussi, car jusqu’à présent le droit de grève était reconnu et protégé par celle-ci…

      Quant à savoir si la grève qui a touché Sodexo a été déclenchée “pour n’importe quel prétexte”, les salariés concernés sont certainement les mieux placés pour en juger.

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    • toine toine

      @Pierre: Je ne conviens de rien, je constate simplement que dorénavant, même en étant syndiqué, on peut être jugé pour ses actes comme n’importe quel salarié lambda (soit les 3/4 des salariés Français)!
      Pour moi, voila une belle avancée sociale!

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    • Pierre Pierre

      @toine : Je vous cite : “peut être réfléchiront-ils à 2 fois avant de se lancer dans des grèves interminables” “La CGT paie le prix de son comportement”
      Je maintiens donc, vous reconnaissez (et approuvez ?) qu’on juge et condamne un salarié en fonction d’une appartenance syndicale et non pas en fonction de ces actes.

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    • toine toine

      @Pierre: si vous me citez, ayez au moins l’obligeance de reprendre également ma conclusion: “Etre syndiqué n’est donc plus synonyme d’être au-dessus des lois! Dont acte!”
      Je crois que c’est assez clair!

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    • Pierre Pierre

      @toine : oui, c’est clair. Tout autant que les phrases de votre message que j’ai citées et qui ne laissent aucun doute sur ce que vous convenez.

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