Un dépôt sauvage de déchets du BTP dans le viseur de l’État à Mimet
Depuis plusieurs mois, des habitants de Mimet et des élus dénoncent une décharge sauvage de gravats, le long de la route principale. Après une visite d'inspection de ses services, le préfet va transmettre au procureur ce cas qui est loin d'être isolé dans le département.
Photo DR
“Il a fait des bêtises, certes. Mais ce n’est pas Entressen, ça reste Mimet.” Georges Cristiani, le maire sans étiquette de cette commune des piémonts de l’Étoile est ennuyé. Au début du mois, le préfet a écrit à la conseillère départementale Rosy Inaudi (EE-LV) qui l’alertait au sujet d’un dépôt sauvage de déchets inertes.
Sur le terrain de l’entreprise de terrassement Arneodo, le long de la route principale de Mimet, un ballet de camions a déversé des monceaux de terre, voire de gravats du BTP. Des déchets qui normalement devraient être éliminés ou recyclables via des filières encadrées. De quoi donner une mauvaise image de sa commune, craint Georges Cristiani, qui apprécie peu la publicité autour de l’affaire.
Photos prises par des riverains.
Certes, l’ampleur des dépôts semble moindre que sur le site que nous révélions dans la carrière du Vallon (16e arrondissement de Marseille). Mais ce cas illustre une activité qui nécessite beaucoup d’attention des services de l’État, comme Marsactu le détaillera prochainement. Depuis plusieurs mois, des riverains et des élus s’inquiétaient, relayés assidûment par Radio Zinzine. Ils estiment les dépôts à plusieurs dizaines de milliers de tonnes. “J’ai convoqué ce monsieur, je lui ai écrit des courriers”, assure Georges Cristiani face aux accusations d’inertie, voire de mansuétude portées par l’opposition municipale. La responsabilité de la répression des dépôts illicites est partagée entre les maires et la préfecture, selon l’ampleur du site.
Un risque de glissement de terrain
Selon Georges Cristiani, ce propriétaire, Eric Arneodo, que nous n’avons pas réussi à joindre, tâcherait de restaurer d’anciennes restanques, “dégradées par de fortes pluies”. Une version qui étonne Martine Colombani, candidate sur les listes d’opposition Mimet transparence et compétence (MTC) qui y réside “depuis 1979” et n’a pas souvenir de ces “bancaous”. Dans son courrier au préfet daté du 19 janvier, le conseiller municipal MTC Patrice Busca évoquait un risque de glissement de terrain. Comme l’ont précisé à Marsactu des professionnels du secteur, ce genre d’aménagements nécessite de limiter les pentes et d’assurer l’évacuation des eaux de pluies. La question de la teneur exacte des déchets est également posée. “La Dreal a fait des sondages”, précise Georges Cristiani, pour qui “ce ne sont pas non plus des déchets nucléaires. On parle de déchets inertes”.
Pour autant, le courrier de Stéphane Bouillon à Rosy Inaudi annonce que la machine pénale est en route :
« Les services de la Dreal [direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, ndlr] ont effectué une visite d’inspection le 11 février dernier et s’orientent vers une mise en demeure de mise en sécurité et de remise en état du site. Le projet d’arrêté, en cours de finalisation, devrait être transmis à ma signature dans ce court délai. D’autre part, un procès-verbal de délit pour l’exploitation d’une installation de stockage de déchets inertes (ISDI) non enregistrée est également en cours de rédaction pour transmission au procureur. »
Si l’infraction constatée débouche sur une procédure pénale, la peine maximale encourue est de deux ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Mais la remise en état du site et l’élimination des déchets dans des installations autorisées pourraient alourdir la facture. Celles-ci sont prévues par l’arrêté, qui n’a pas encore été signé selon la préfecture. Des sanctions administratives pourront être décidées si cette mise en demeure n’est pas suivie d’effets.
Commentaires
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Je suis très étonné et même choqué par la phrase du maire de Mimet ” ce ne sont pas non plus des déchets nucléaires. On parle de déchets inertes” qui relativise l’insupportable, surtout dans un aussi beau village
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Les entreprises de terrassements, le plus souvent sous-traitantes de marchés publics ou privés importants, ne savent plus comment éliminer règlementairement les excédents de déblais. Pour optimiser leurs rendements, elles pratiquent désormais la politique du fait accompli. Le constat est dur, car il montre que ces dépôts de déblais sur des sites non autorisés resteront sur place, même après une action coercitive de l’Etat… Mais que font les maires pour enrayer ces abus ? Dès ce moment-là, leur passivité devient suspecte, car il faut le dire, ils sont alertés quasiment en temps réel, voire aux premiers déversements, par leur police municipale qui veille sur tout ce qui bouge sur leur territoire. — Selon Georges Cristiani, “ce propriétaire, tâcherait de restaurer d’anciennes restanques, « dégradées par de fortes pluies ».”Ce ne sont pas non plus des déchets nucléaires. On parle de déchets inertes ».— En tant que représentant de l’Union des maires, il doit savoir, lui, que toute modification d’emprise du sol en zone naturelle est assujettie à autorisation. Et puis connait-on réellement la provenance des ces déblais pour affirmer qu’ils sont vraiment inertes? Cette politique de la « porte forcée » menée par certaines entreprises, peu scrupuleuses, a fait ses preuves depuis que la règlementation s’est durcie pour les installations de stockage de déchets inertes. A qui profitent aussi ces délits que l’on peut voir se répandre sur d’autres communes riveraines de Mimet?
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A Mimet, l’absence de logements sociaux choque moins que ces dépôts de déchets. Ils ont une moralité élastique… Que les pauvres et les immigrés aillent donc ailleurs !!!
Pour M. Cristani, il montre encore une fois son incompétence et que le respect des lois ne l’intéresse pas.
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Il aurait été sympa de signaler que le groupe local Anticor 13 avait lui aussi adressé un signalement au procureur Kiriakides pour dénoncer cette décharge
Jean Sansone, coréférent 13
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