[Au bord de l’étang] Le maire de Martigues à l’assaut de l’Unesco

Reportage
le 14 Juil 2016
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Il forme une tache bleue au centre de la carte du département, au cœur de la métropole naissante. Et pourtant ses habitants ne retiennent de l'ancienne mer de Berre que les usines polluantes qui ponctuent son horizon. Cet été, Marsactu fait le tour de l'étang de Berre : balades, reportages, entretiens et décryptage pour tenter de mieux connaître ce patrimoine commun. Première étape de cet été au bord de l'étang à Martigues dont le maire, Gaby Charroux, veut faire inscrire l'étang de Berre sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

Photo : B.G.
Photo : B.G.

Photo : B.G.

Martigues parle au monde et s’offre l’étang de Berre en étendard. En proposant la candidature de l’étang de Berre sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, le 25 juin dernier, Gaby Charroux a réussi son coup. Au lendemain de cette annonce, la plupart des titres de la presse locale consacrait un article au sujet. Le service de communication municipal avait pris soin de soigner l’opération de com’ : accueil au centre de voile refait à neuf, petite balade en zodiac du chenal de Caronte à la pinède préservée de Figuerolles pour une “approche historique et environnementale”, puis conférence de presse de l’édile dans la toute nouvelle salle du cercle de voile avec l’horizon lacustre en toile de fond, interviews, rafraîchissements… Les petits plats dans les grands.

Vue de Martigues depuis l'étang. Photo B.G.

Vue de Martigues depuis l’étang. Photo B.G.

Adieu Maritima avaticorum

Entre temps, un petit caillou archéologique s’est glissé dans la chaussure martégale sur la grande route de la reconnaissance internationale de “la plus grande étendue salée d’Europe”. Il est proche d’un des points d’étape de la petite balade en zodiac, le site archéologique de Tholon. Marsactu a eu l’occasion d’évoquer la richesse des découvertes que le service archéologique de la Ville de Martigues a mis à jour au pied du lycée Paul-Langevin. Mais depuis, les bulldozers du chantier ont recouvert les vestiges de Maritima avaticorum d’une couche de sable avant de couler le bitume nécessaire à la réalisation du futur parking des élèves de l’établissement scolaire.

Le directeur du service d’archéologie municipale, Jean Chausserie-Laprée, a appris la nouvelle depuis la Guyane où il passait ses vacances. “C’est navrant, constate-t-il aujourd’hui. Je regrette que les collectivités locales n’aient pas su s’unir pour financer un projet patrimonial de préservation du seul site archéologique des rives de l’étang.” Il n’en dira pas plus. Quelques semaines plus tôt, son patron, le maire de Martigues n’avait pas de mots assez forts pour saluer “la découverte exceptionnelle du service archéologique de la ville, à la mesure des efforts considérables que la Ville consent en ayant le premier service archéologique du département”. Il est moins enthousiaste sur le reste : “C’est un peu plus compliqué de mobiliser les forces pour financer une préservation du site, y compris celles de l’État qui nous dit “on sait que c’est là, recouvrez-le””.

Visiblement, le mot d’ordre du service d’archéologie de la direction des affaires culturelles a été suivi à la lettre par l’ensemble des collectivités, à commencer par la région, maître d’ouvrage des travaux de rénovation du lycée. “On savait qu’il serait difficile de les solliciter alors qu’ils y ont déjà mis 6,5 millions d’euros dans la réhabilitation du lycée, dont 1,5 million de surcoût dû à la découverte d’amiante, commente Florian Salazar-Martin, l’adjoint à la culture, en guise de sous-titres. L’opération est coûteuse : 400 000 euros au bas mot sans compter le financement du gardiennage dans un site qui connaît de fortes contraintes. Nous ne pouvons pas engager le chantier de la restitution immédiatement. Il nous faut du temps.”

Le site de Tholon depuis le large. On peut voir les traces d'habitat gallo-romain et plus loin le lycée Langevin rénové. Photo : B.G.

Le site de Tholon depuis le large. On peut voir les traces d’habitat gallo-romain et plus loin le lycée Langevin rénové. Photo : B.G.

La réouverture du chantier est toujours possible mais Jean Chausserie-Laprée n’y croit guère après avoir échoué à convaincre les élus du bien-fondé de son projet. Du même coup, la Ville de Martigues a perdu un argument supplémentaire dans la constitution du lourd dossier de candidature au patrimoine mondial de l’Unesco. Une cité gallo-romaine dont les vestiges plongent jusque dans la mer de Berre où le port antique affleure encore, cela aurait eu de la gueule. “Mais vous savez, nous avons déjà mis un million d’euros sur le site de Tholon notamment dans la restauration du lavoir, grince Florian Salazar-Martin. Et je rencontre encore des gens qui se demandent où ils sont passés.” À Tholon, il reste tout de même plusieurs strates d’histoire entremêlées entre le lavoir restauré dont les vestiges s’étalent du XVe au XXe siècle, des citernes gallo-romaines déjà mises à jour et une chapelle du XIIe siècle.

Un étang unique et pollué

Né lors des derniers épisodes glaciaires, l’étang est constitué de deux parties, l’étang principal à l’Ouest et celui de Vaïne à l’Est. Ses rives sont exploitées depuis l’antiquité du fait de son sol fertile et des nombreuses rivières. La pêche y fut prospère jusque dans les années 60. En effet, depuis le XIXe siècle, l’étang de Berre est le théâtre d’importants investissements industriels. L’installation d’une centrale hydro-électrique à Saint-Chamas achève d’associer l’étang à la pollution. En effet, en rejetant les eaux douces et chargées en limons de la Durance dans l’eau salée de l’étang, la centrale perturbe le milieu marin et le prive d’oxygène. L’installation d’un syndicat mixte dédié à sa réhabilitation et le lissage des rejets d’EDF n’ont permis qu’en partie d’enrayer son déclin.

Une histoire peu commune

Le destin de ces vestiges est symptomatique de l’histoire très contemporaine de l’étang et des dix communes qui le bordent. Si elles ont la mer de Berre en partage, elles n’ont jamais fait montre du moindre esprit d’union. L’étang est bordé par dix communes qui sont membres de cinq des six conseils de territoire que comptent la métropole Aix-Marseille Provence. À l’époque, les ensembles intercommunaux avaient pour centres Aix, Marseille ou Salon, pas franchement tournées vers l’étang. De son aveu même, le maire de Martigues n’a pas placé sa démarche dans une logique métropolitaine. Au contraire, il cite à plusieurs reprises son récent ouvrage Métropole, un autre chemin (éditions Les Fédérés) et rappelle que ses propositions de porter “une eau publique en Provence” et de mettre en place un observatoire citoyen dans le cadre du pacte financier et fiscal “ont été balayées d’un revers de main”. Et il brocarde au passage “les îles pour permettre de bâtir des marinas dont on ne veut pas”, écho déformé de l’idée de l’architecte Corinne Vezzoni. Dans le cadre de la consultation internationale voulue par la mission métropole, celle-ci avait envisagé la construction d’îles artificielles au large de Marignane pour permettre les activités balnéaires et de plaisance tout en préservant les côtes fragiles.

Détail d'une image d'architecte de Corinne Vezzoni dans le cadre de la consultation internationale sur la métropole.

Détail d’une image d’architecte de Corinne Vezzoni dans le cadre de la consultation internationale sur la métropole.

Gaby Charroux n’a pas non plus battu le rappel chez ses homologues. Quand on lui pose la question des contacts établis avec les neuf autres maires du pourtour, il sort à son tour son revers de main. “Vous savez, c’est très facile de ne pas décrocher quand on vous appelle. Je l’ai déjà fait moi-même.” Pourtant dans trois communes riveraines, on garde peu trace de ses appels. Le maire socialiste de Vitrolles, Loïc Gachon, dit ne pas avoir été “informé de l’initiative” même s’il trouve la démarche fort louable. Même chose à Marignane ou à Istres. François Bernardini n’a pas senti vibrer son mobile mais il trouve l’idée “formidable” et attend la phase de concertation.

Entrée au patrimoine de l’Unesco, un processus lent

L’étang, au fond, s’impose. Des rives de Martigues, on embrasse d’un seul regard l’activité balnéaire, la pétrochimie de la Mède, la pointe effacée de la Sainte-Victoire et, par temps clair, le crâne chauve du Mont-Ventoux d’un côté et la Sainte-Baume de l’autre. Le maire égraine les atouts : “les 155 kilomètres carrés forment la plus grande lagune d’Europe avec 250 000 habitants qui vivent dans un bassin de 1700 kilomètres carrés. On y trouve des activités humaines, de l’habitat, de l’industrie, des loisirs, de l’agriculture, de la pêche même si elle fut bien plus développée en d’autres temps. Cet espace social correspond pleinement à la définition de l’Unesco de bien mixte qui concentre à la fois des paysages naturels et culturels.” La démarche d’inscription de l’Unesco offre pour lui trois avantages : “s’inscrire dans une communauté internationale qui sauvegarde des biens d’importance universelle, acquérir un prestige international et sensibiliser le public”.

Le chenal de Caronte permet de relier l'étang de Berre à la Méditerranée en traversant Martigues. Photo : B.G.

Le chenal de Caronte permet de relier l’étang de Berre à la Méditerranée en traversant Martigues. Photo : B.G.

Au fond de la salle, une main se lève. C’est celle de Roger Cervera, administrateur de l’association UFC-Que Choisir de Martigues et de l’étang de Berre. Même s’il trouve la démarche “fort sympathique” et qu’en tant qu’habitant “forcément un peu chauvin” il est “favorable à ce qu’elle réussisse”, il fait entendre ce jour-là une voix un peu discordante. “Il se trouve que j’ai regardé de près comment se passe l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, explique le militant associatif qui précise parler en son nom propre. Si on prend pour exemple la candidature du bassin minier du nord de la France, il a fallu dix ans entre l’acte de candidature et l’inscription au patrimoine mondial par l’Unesco.” Par curiosité, Roger Cervera a donc disséqué les différentes étapes de ce parcours du combattant.

Un parcours du combattant

Les candidats à la candidature doivent constituer un dossier qui réponde aux critères de l’organisme international, désigné du doux nom de “déclaration de valeur universelle exceptionnelle” dans une catégorie précise de bien (naturelle, culturelle, mixte…). Il doit ensuite soumettre sa candidature au ministère de la Culture ou de l’Environnement. Celui-ci décide alors d’inscrire la candidature sur sa liste indicative. À titre d’exemple, il a fallu huit ans pour que le bassin minier franchisse cet étape. Ensuite, la France présente deux candidatures par an parmi la centaine qui figure sur sa liste indicative. Parmi ces 37 sites, figurent la rade de Marseille et la Camargue (depuis 2002), la Sainte-Victoire et les sites cézanniens (depuis 1996). Gaby Charroux. se donne cinq ans pour franchir ces étapes. “Et ce n’est pas le maire de Martigues qui le portera. Il faut que la région, le département la métropole soit au cœur du projet à travers une association ou une fondation”, explique-t-il. Pour lui, l’inscription sur la liste indicative de la France peut intervenir dès 2017.

“Par exemple, les menhirs de Carnac attendent depuis 20 ans d’être proposés par la France, en vain, reprend Roger Cervera. Entre les menhirs et l’étang de Berre, même si je suis chauvin, il n’y a pas photo.” Cette année, la France présente “l’ensemble tectono-volcanique de la chaîne des Puys” et en collectif avec six autres pays “l’œuvre architecturale de Le Corbusier”, examinés en ce moment même. Deux candidatures déjà présentées et non retenues.  “J’ai 75 ans et quand j’entends le maire dire qu’il faudra cinq ans, j’ai des doutes. Je crains de ne pas le voir arriver au bout de mon vivant”, constate Roger Cervera.

Le maire lui-même ne nie pas  : “Il faut bien commencer un jour et nous avons toute la vie devant nous. Il faut faire comme si le temps n’existait pas”. Son adjoint, Salazar-Martin ajoute : “Vouloir, c’est pouvoir. Notre Ville a l’expérience des dossiers. Nous avons réussi à être reconnus comme station balnéaire et comme ville d’art et histoire. Nous savons monter des dossiers.”

Le chenal “haussmannien” de Caronte

Pourtant, même si l’environnement marin de l’étang de Berre évolue, il souffre toujours d’une image négative. La qualité des eaux de baignade y est parfois meilleure que dans la rade de Marseille, mais ses eaux saumâtres restent peu appréciés des baigneurs en dehors des riverains immédiats ou des amateurs de kite-surf qui se donnent rendez-vous sur la plage du Jaï. “Il a tout de même beaucoup progressé depuis les dizaines d’années où il a été abimé, reprend Charroux en saluant les efforts entrepris par le Gipreb, syndicat mixte en charge de la réhabilitation de l’étang. Je me souviens d’une époque pas si lointaine où Martigues était la seule commune a être équipée d’une station d’épuration. Aujourd’hui, elles le sont toutes.”

Car il ne faut pas se méprendre sur le sens de la démarche : si l’étang de Berre est au centre, Martigues en est la capitale. L’architecte de la Ville, Sophie Bertran de Balanda ne le dira jamais comme ça depuis le chenal de Caronte. Elle y vante “l’aménagement haussmannien” qui l’a fait basculer d’un rivage d’îles et de marais habité de pêcheurs “proche de la Camargue” au statut d’axe industriel entre les sites pétrochimiques de Lavéra et la Mède. “Dès le XIXème, Marseille a déjà des problèmes pour garder ses usines, explique-t-elle depuis le zodiac qui passe sous le pont levant. Les usines de soude et les huileries viennent donc s’implanter à Martigues.”

Vue du miroir aux oiseaux depuis le chenal de Caronte. Photo : B.G.

Vue du miroir aux oiseaux depuis le chenal de Caronte. Photo : B.G.

Cet aménagement industriel se poursuit au XXème siècle avec le creusement du chenal “qui voit disparaître une île”, les usines pétrochimiques, le pont ferroviaire en 1918 et le viaduc inauguré en 1982. “À chaque fois, les habitants ne voient pas ces constructions comme des catastrophes mais comme des avancées”, reprend l’architecte. D’un coup de zodiac, on passe ainsi de la carte postale du miroir aux oiseaux au coeur de l’île aux torchères de la Mède et plus loin à la pinède de Figuerolles qui a prospéré sur d’anciennes terres agricoles et offre une liaison arborée jusqu’à la commune voisine de Saint-Mitre. “Cela offre des séquences de paysages où on trouve, côte à côte et mêlés, la nature, industrie et l’habitat, reprend Sophie Bertran de Balanda. Cela pose la question de la façon de donner à lire un territoire aussi divers. Loin des enjeux d’une mise sous cloche, nous avons au contraire la volonté de faire comprendre que le paysage n’est pas que de la nature mais aussi de l’habitat et des activités. Faire comprendre cela doit nous permettre d’envisager quelle sera l’industrie de demain et comment nous allons ensemble habiter ce territoire.”

Marsactu part dans ces traces pour comprendre comment les rives de l’étang son aujourd’hui habitées par les pêcheurs de muges, les baigneurs, les kite-surfeurs et les oiseaux.

[Au bord de l'etang] Le maire de Martigues a l'assaut de l'Unesco 1


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Commentaires

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  1. veronique iorio veronique iorio

    Ils font l’inversent de l’UNESCO…. EUX !!
    Ils détruisent le patrimoine !! Un projet qui pouvait allier Culture, Enseignement et Tourisme !!…. Les élèves ne vous disent pas merci !!
    Ou est la logique? Pourquoi faire un « buzz électoral » d’une candidature de l’étang de Berre pour son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO ; si il n’est pas foutu de protéger le patrimoine Martégal !
    Mr Le Député-Maire Gaby Charroux, vous n’avez rien compris à l’UNESCO !
    Ils sont là pour la protection du patrimoine !! Pas inverse !!
    Le Député-Maire prétexte que la ville qui a un budget primitif 2016 de 194M€ (fouille déjà découverte) et n’a pas les 500 000 € pour financer le projet !!
    Pour rappel, 300 000€ pour la mosquée, 1M€ au FCM !
    Et l’autre, Christian Estrosi, qui se dit « grand défenseur du patrimoine et de la culture Provençal », n’est pas capable d’apporter une aide financière à ce projet. La Région, c’est plus de 2 milliards de budget annuel… et là, pas un centime !
    Pourquoi ne pas investir une partie de son enveloppe parlementaire dans ce projet ?
    C’est vrai, électoralement, ça ne rapporte rien !
    Plus d’info précis: Estrosi propose 400 000€ Charroux devait ajouter 100 000€ !! Bref, nous n’avons pas les mêmes priorités….

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  2. veronique iorio veronique iorio

    Les campeurs, les proprios de camping en ont rat le bol !! Le coté “balnéaire” a bien triste mine aujourd’hui !! Toute la côte est encore vandalisé par les “évangélistes” …

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  3. veronique iorio veronique iorio

    Vouloir, c’est pouvoir !!! Je me marre ! Eux prendre contact avec les autres communes, il va faire croire cela à qui ?
    Il est même pas foutu de faire de la mixité politique au sein du territoire, les vices-présidents sont EUX, EUX et encore EUX , même pas voulu la Maire de st mitre les remparts.
    D’ailleurs, elle se tourne vers Istres, elle veut changer de territoire !!

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  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Article passionnant. Mais à sa lecture, on se demande si ce projet d’inscription au Patrimoine de l’Unesco est autre chose qu’une opération de com de la mairie de Martigues : ne même pas prendre la peine d’associer à la démarche les autres communes riveraines, qu’est-ce que cette façon de procéder ?

    Il faut en tout cas espérer que la métropole saura fédérer des projets autour de l’Étang – contrairement aux intercommunalités précédentes qui lui tournaient le dos, au point d’ailleurs qu’il avait fallu créer un syndicat mixte, le SMITEEB, pour gérer un réseau de transport public adapté aux besoins des riverains : une construction baroque, unique en France, superposée à trois intercommunalités, qui montrait en creux les limites de ces dernières !

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