Série
L'Emprise
Marseille va cracker : comment le trafic s’étend en centre-ville
Depuis plusieurs mois, la consommation de la cocaïne sous forme de crack progresse dans le centre-ville, en lien avec la diffusion du trafic dans des points de vente de plus en plus mobiles. Dans ce nouvel épisode de l'Emprise, reportage au plus près de ces consommateurs.
Cet article est issu de plusieurs reportages réguliers durant l'hiver et le printemps 2025. Nous avons fait le choix de changer les prénoms de l'ensemble des personnes interrogées dans la rue.
Commentaires
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Le Lyrica dont il est question dans l’article est un médicament vendu sur ordonnance en pharmacie. Comment se trouve-t-il en vente “libre” dans la rue ? Grâce au vol d’ordonnanciers dans des cabinets médicaux, et par conséquent à l’établissement d’ordonnances frauduleuses. La plupart de celles-ci sont repérées par les pharmaciens, qui ne délivrent pas le médicament… au péril évidemment de leur sécurité.
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Il existe également des médecins et pharmaciens complices de ce trafic d’ordonnances et de médicaments (pas que le Lyrica, d’ailleurs).
Il existe également un marché noir officieusement alimenté par l’industrie pharmaceutique, comme la vente de cigarette. Ça entretient l’addiction et fait marcher le business.
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C’est terrible. J’ai l’impression de lire certains épisodes de The Wire, alors que cette série a 20 ans… Merci pour cet article, très éclairant sur ce qui se déroule en bas de chez nous.
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Bravo Clara Martot Bacry pour la qualité de cet article, proportionnelle au désespoir qu’il nous fait malheureusement ressentir.
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Pardon bravo Benoit Gilles !
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Super enquête et super illustration, merci pour ce travail important.
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C’est d’une tristesse… mais c’est le réel .
Ayant vécu à Stalingrad à Paris, j’ai l’impression que le Centre ville Marseillais va prendre le même chemin mais peut-être même en pire (avec une drogue plus accessible et de meilleur qualité ?)
A quand une vraie expérimentation de gauche sur le sujet ?! Des salles de shoot partout, de la prévention, des moyens, de l’hebergement, combiné a une police de proximité constante….
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Terrible. Mais la vraie question reste : que peut on faire ?
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On admire ce journalisme de terrain, qui ne va pas de soi, surtout lorsqu’il est couplé a de l’analyse. Le phénomène est juste proportionnel à l’ampleur du brassage qui fait Marseille. Mais il se répand aussi sûrement dans les villes moyennes ou autres territoires éloignés (plus calmes en apparence parce que la promiscuité y est moindre, et que les bonnes gens sont moins exposés à ce spectacle). L’inertie des pouvoirs publics, assumée par jean-Claude Gaudin lorsque la vente était l’apanage des quartiers Nord (« tant qu’ils se tuent entre eux… », va peut-être céder la place à l’action, maintenant que le centre ville en pâtit ? Quant on voit l’affolement que suscite la menace de fermeture des Galeries Lafayette…
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On admire ce journalisme de terrain, qui ne va pas de soi, surtout lorsqu’il est couplé a de l’analyse. Le phénomène est juste proportionnel à l’ampleur du brassage qui fait Marseille. Mais il se répand aussi sûrement dans les villes moyennes ou autres territoires éloignés (plus calmes en apparence parce que la promiscuité y est moindre, et que les bonnes gens sont moins exposés à ce spectacle). L’inertie des pouvoirs publics, assumée par jean-Claude Gaudin lorsque la vente était l’apanage des quartiers Nord (« tant qu’ils se tuent entre eux… », va peut-être céder la place à l’action, maintenant que le centre ville en pâtit ? Quant on voit l’affolement que suscite la menace de fermeture des Galeries Lafayette…
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une HSA gène dans un quartier. quel qu’il soit. gare st charles ou bd de la libération…. on assiste à un tollé sur le sujet et les “institutions” ne savent pas, ou n’ont pas la volonté d’imposer ces installations.
les habitants préfèrent assister aux spectacles déprimants (et dangereux) de gens qui se shootent sur les trottoirs, les mêmes trottoirs où ils ont refusé la présence de HSA parfois.
étonnant non.
dès qu’une opération de police dérange un point de deal, celui ci se déplace. au grand dam de tout le monde !
il faudrait envisager une installation obligatoire, voire forcenée de ces HSA.
et puis aussi tel que l’aborde Oscurio, de la prévention, des moyens…du social, du suivi….et après la police pourrait faire son boulot.
là, aujourd’hui, les “institutions” tapent d’abord, depuis des années, ça ne sert à rien, mais ça fait du buzz et des titres de journaux, parfois de belles photos.
changer de “logiciel”, comme ils disent, ne fait pas partie de leurs projets sur ce sujet. un seul but : la répression.
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On ne parle plus sérieusement de la légalisation des produits « doux » dans le débat public. Ne faudrait-il pas également encadrer la légalisation de la cocaine ?
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Merci merci. Du journalisme au plus près de la réalité quelle qu’elle soit. C’est terrible que de simples lecteurs puissent envisager les vraies solutions : prévention, HSA, et police de proximité, alors que les pouvoirs publics sacrifient les usagers et les habitants sur l’autel de la médiatisation pour servir la politique d’extrême droite.
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Très instructif . On aimerait en savoir plus sur ce qui distingue un Caarud d’une HSA ?
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Bonjour un Caarud, est un lieu d’accueil dédié à la réduction des risques. Il n’est pas dédié à la consommation à moindre risque. Dans les faits, la plupart des Caarud tolère la consommation en leur sein, mais cela peut se passer dans les toilettes par exemple, dans des conditions d’hygiène très relatives. Mais c’est parfois le seul espace disponible. Une HSA offre plus d’espaces dédiés à la consommation, dans des conditions dignes.
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mâche- shit – beuh
La nouvelle devise de la république française.
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Le reportage est absolument glaçant. Et il ne fait que confirmer une triste réalité : les consommateurs de crack sont (i) des hommes, (ii) sans papier, (iii) sans travail.
Il est cependant dommage qu’il ne prenne pas un peu de recul sur une partie des raisons qui ont conduit à l’existence de cette situation.
Essayons de faire cet exercice :
– “Vous savez, on a risqué notre vie pour venir ici en passant par la Libye et en traversant la mer”.
C’est exact. Il manque juste le mot “illégalement” entre les mots “ici” et “en”.
– “Et regardez dans quoi on vit”.
Personne ne remet en question l’extrême précarité dans laquelle se trouve cet homme.
– “On est obligés de voler, de trafiquer pour manger”.
Absolument pas. C’est même le contraire puisque voler et trafiquer sont interdits. En revanche, si cette personne a par exemple reçu une OQTF, elle est obligée… de quitter le territoire. Précisons au passage que les personnes retenues en CRA sont bien évidemment nourries par l’Etat.
– “On n’a nulle part où dormir et tomber dans la drogue, ça va vite”.
Encore une fois, les CRA sont là pour ça.
– “C’est le système qui veut ça”.
Non. Personne ne veut que des gens qui sont déjà dans la misère tombent en plus dans la drogue. L’autre nom du “système”, c’est la déresponsabilisation. Et pour ceux qui sont persuadés qu’il existe malgré tout un système, alors ce monsieur fait partie intégrante du système.
– “Certains se confient sur leur trajectoire cabossée d’anciens enfants placés”.
Malheureusement, l’ASE souffre de l’état catastrophique de nos finances publiques. Rien d’étonnant donc à ce que des anciens enfants placés fassent partie de ces malheureuses victimes. Si seulement Bercy savait gérer un budget…
– “De mineurs isolés, lâchés à la rue une fois la majorité acquise”.
Lâchés à la rue parce que l’Etat ne s’est pas donné les moyens de les expulser.
– “Ou de migrants dublinés, déclarées en demande d’asile en Italie et, de ce fait, ni expulsables, ni vraiment régularisables”.
C’est faux : ils sont expulsables en Italie, le temps que ce pays examine leur demande d’asile. Mais comme il n’existe aucune volonté politique de contrôler effectivement, sans modifier la loi actuelle, la frontière avec nos voisins italiens, l’Etat ne se donne même pas la peine de renvoyer les dublinés puisqu’il sait qu’ils reviendront sans aucune difficulté. Par ailleurs, ils ne sont en effet pas régularisables puisqu’ils ne remplissent pas les conditions pour l’être. Enfin, une fois que l’Italie a statué sur la demande d’asile, ce qui finit toujours par arriver, il existe deux possibilités : la demande d’asile est acceptée, et la situation administrative de la personne est régularisée (en Italie), ce qui cependant ne règle pas le problème du crack ; ou la demande est rejetée et la personne devient parfaitement expulsable par la France.
– “Il y a des torts des deux côtés, de l’État et du mien”.
Quels sont les torts de l’Etat, si ce n’est de ne pas avoir reconduit à la frontière une personne entrée illégalement dans le pays?
– “La police intervient. Elle pose un camion de CRS. Les flics sont sur leur téléphone, ne font rien et le trafic remonte de quelques mètres”.
C’est malheureusement exact. Comme quoi les CRS savent manifestement se servir d’un téléphone en plus des matraques et autres flash balls. A quand une enquête de Marsactu à propos de la part de fonds publics français dans le bénéfice de Candy Crush, grâce aux CRS?
Donc une autre grille de lecture quant à cette situation apocalyptique dans le centre de Marseille est : l’Etat, incapable de contrôler effectivement les frontières du pays, incapable aussi de lutter efficacement contre le trafic de drogue, compte sur des associations financées essentiellement par de maigres fonds publics pour porter à bout de bras des personnes dans une détresse abyssale qui, tout en étant victimes du trafic, troublent l’ordre public, contribuent (malgré elles) à l’existence des trafics, volent, et ne sont en rien capables d’aider le pays par leur force de travail.
Enfin, l’article garde le meilleur pour la fin, avec le saupoudrage de politique qui va bien :
– “On se retrouve avec […] cette hypocrisie [qui] nourrit le discours sécuritaire pro-RN”.
Mais de quelle hypocrisie parle cette personne? Et que viennent faire les incapables du RN dans cette histoire? Parce que si quelqu’un compte sur eux ou leurs tristes clones pour résoudre ce genre de situation, il se trompe lourdement.
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Ce qui glace dans cette lecture des faits c’est pas tant la situation décrite que la froideur du raisonnement, votre refus d’envisager la complexité humaine et sociale des trajectoires évoquées. Une telle approche ne dit RIEN de la réalité vécue par ces personnes — elle dit surtout quelque chose sur vous.
Réduire des parcours de migration, d’errance, d’addiction et d’abandon institutionnel à une simple question de légalité ou de choix individuels revient à effacer les logiques de domination, les inégalités d’accès aux droits fondamentaux, les effets durables des violences sociales et politiques. Ca revient aussi et c’est le plus important à faire abstraction de la dignité humaine.
Il ne tient souvent qu’au hasard de naître au bon endroit, dans la bonne famille, avec les bons papiers piur échapper à ce genre de destin tragique.L’ignorer c’est choisir une posture idéologique bien commode : celle qui dispense de toute responsabilité collective.
On ne devrait pas parler pas ici de l’échec de ceux qui survivent comme ils peuvent mais bien de celui d’un système incapable de garantir à chacun les conditions minimales d’une vie digne — et en vous lisant je me dis l’échec aussi de notre capacité à nous en émouvoir.
Les sciences sociales offrent des outils précieux pour comprendre les mécanismes à l’œuvre dans des situations comme celles racontées dans l’article. S’y intéresser, c’est accepter de complexifier son regard — et donc, in fine, de mieux voir. Je vous invite à vous y intéresser de plus près.
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Un raisonnement tout aussi froid qu’il soit, et j’en conviens, n’en est pas pour autant juste. Il s’agit d’un point de vue différent du vôtre. Bien souvent, une situation est en effet complexe puisqu’elle s’appuie sur la matière humaine, sujet le plus complexe qui soit ; et il n’existe pas une vérité unique de cette situation mais une multitude de prismes. Donc oui ces personnes sont nées au mauvais endroit, ont un destin plus tragique que le nôtre et sont dans une situation de souffrance qui touche gravement leur dignité d’être humain. Et oui ces personnes restent aussi illégalement dans un pays dans lequel elles n’ont pas le droit d’être et se livrent à des activités illicites. Cela justifie-t-il que la souffrance de ces malheureux doive, dans une moindre mesure certes, nous faire souffrir?
Vous parlez de “responsabilité collective”. Dont acte ; elle est en effet indispensable. Alors n’oubliez pas le sous-jacent sur lequel cette responsabilité collective s’appuie : la responsabilité individuelle. Sans responsabilité individuelle, point de responsabilité collective. Or, dans cette histoire, les crackeux sans papiers du centre ville ne font preuve d’aucune responsabilité individuelle. La responsabilité collective, c’est de les aider à retrouver de la dignité humaine ET de les expulser du territoire si un juge indépendant a rejeté leur demande d’asile.
Vous parlez de “posture idéologique bien commode”. N’êtes-vous pas vous-même dans une telle posture, celle qui sous couvert d’un regard bienveillant pense être la seule vision possible, celle du camp du bien?
Vous parlez “d’abandon institutionnel” et de “système incapable de garantir à chacun les conditions minimales d’une vie digne”. C’est très juste. Sauf que cet abandon et ce système sont avant tout situés dans les pays de départ des migrants. Certes, nos sociétés en France et en Europe sont imparfaites, nos pouvoirs publics défaillants, nos élus incapables. Mais ça n’est pas en accueillant les victimes du tiers monde sans aucun contrôle que nous ferons avancer nos institutions. Je me répète : la France applique le droit international en faisant examiner les demandes d’asile de toute personne qui le demande. Et donne quasiment sans restriction des papiers à tout migrant qualifié qui dispose d’une promesse d’embauche par un employeur. On en revient donc à la responsabilité : la première responsabilité d’un immigré, c’est de respecter les règles du pays dans lequel il souhaite s’installer.
Vous parlez des “sciences sociales […] qui permettent de complexifier son regard”. Alors si justement je suis abonné, entre autres, à Marsactu, à Mediapart et au Canard Enchaîné, qui font de l’investigation et donnent régulièrement la parole à des sociologues, c’est bien pour pouvoir disposer d’un regard alternatif sur des situations complexes.
Et vous, quels médias lisez-vous pour vous informer de manière complète sur ces sujets de société : Frontières, Valeurs Actuelles?
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Lire le dernier PUJOL : Cramés, les enfants du monstre : L’ASE à l’abandon, la drogue, la prostitution…
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