Marseille regarde Odessa et réciproquement

À la une
le 20 Juin 2014
3
Marseille regarde Odessa et réciproquement
Marseille regarde Odessa et réciproquement

Marseille regarde Odessa et réciproquement

L'exposition les "chemins d'Odessa" prévue en octobre au Mucem est toujours suspendue à une actualité ukrainienne plus sereine. Autour gravitent un certain nombre de projets menacés de report, d'annulation ou seulement marqués par l'incertitude. Une exposition retraçant les regards croisés de deux photographes entre Marseille et Odessa devrait tout de même voir le jour en janvier prochain, à la bibliothèque de l'Alcazar. Pendant trois semaines, l'Ukrainien Alexandre Sinelnikov s'est installé en résidence à la Gare Franche, afin d'apporter son regard sur Marseille. Le Marseillais Matthieu Parent part à Odessa fin août.

Cueilli en ce début de journée de juin à la Gare Franche, le photographe parle "seulement" le russe et l'ukrainien. C'est la première fois qu'il foule le sol marseillais et, en quelques jours, il a déjà capturé certains instants de la vie marseillaise. "Il y a des gens bizarres ici", lâche-t-il, l'air amusé, en guise de préambule. Déjà, au cours de ce début de séjour, Alexandre Sinelnikov a arpenté la ville, de la Corniche au Prado en passant par le marché aux puces. Et notamment à la tombée de la nuit, entre chien et loup. "Pour montrer la ville dans son intégralité, il faut travailler le matin tôt et le soir. Je trouve que certaines choses ressemblent à Odessa, notamment le bord de mer, les calanques. Mais il y a aussi des rues qui me font penser à d'autres villes d'Europe, comme l'Italie ou encore Tallinn, en Estonie. C'est très diversifié."

Miska le Japonais

La seule règle que se fixe l'artiste est simple : montrer Marseille telle qu'il la voit, et "non pas d'essayer d'établir une comparaison spéciale avec Odessa." L'une et l'autre ont gardé les traces d'une période grecque. Leurs fonds marins respectifs regorgent d'amphores qui l'attestent. Au-delà de l'histoire, Marseille et Odessa sont des villes de fantasme. Le mythe des bandits reste l'un des plus tenaces : "Dans les années, 20 ou 30, avant la révolution on parlait beaucoup des voyous, notamment Miska le Japonais, un bandit très connu. C'était un justicier, il avait de l'honneur : il ne volait que les riches", ironise-t-il. Avant de s'assombrir : "Aujourd'hui, il y a beaucoup de bandits au gouvernement. ils n'ont plus de règles". Alexandre Sinelnikov a pris des photos de la crise qui secoue son pays. Il était présent lors de l'incendie de la Maison des syndicats où des dizaines de personnes ont péri. De cette épisode, il n'en dira pas plus. Sans doute n'est-ce pas un jour pour réveiller les vieux démons.

Avec Matthieu Parent, le photographe marseillais, ils se sont rencontrés et ont pu échanger, malgré la barrière de la langue. Le Marseillais a téléchargé une application sur son téléphone, qui traduit simultanément l'ukrainien. Pratique, mais "aléatoire" plaisante-t-il. Il ajoute : "Je crois qu'en plus Alexandre n'est pas un grand bavard. En tout cas, ce soir, je l'emmène en moto, pour saisir les ambiances nocturnes." Durant son séjour à Odessa, Matthieu Parent prévoie de rester trois semaines sur place et de photographier la ville à travers des personnages, des artistes, des ouvriers, des chefs d'entreprises, des fonctionnaires. Il emportera dans son sac un appareil photo numérique mais aussi un appareil ancien avec chambre noire. "Pour les portraits, c'est mieux, c'est moins agressif. Il y a d'abord la pose de l'appareil, la mise en scène, un temps de discussion. Un rapport avec l'histoire aussi. Et une certaine fierté de se retrouver devant cet appareil."

"Esthétique russe"

A la fin du séjour, mi-septembre, il devrait embarquer à bord du ferry le Soleal de la compagnie du Ponant, direction Istanbul pour une traversée de neuf jours. "Le littoral, tout ce qui est connecté au bord de mer m'intéresse", explique celui qui a déjà emprunté la route maritime entre Fos et Malte pour un autre projet. Au final, chacun des photographes exposera 30 ou 40 clichés avec des photos d'archives. Alexandre Sinelnikov devrait travailler en couleurs, et Matthieu Parent davantage en noir et blanc. Mais les deux hommes ne sont pas réellement concertés. "Je ne sais pas comment Alexandre travaille. Nous avons deux cultures différentes, nous venons de deux mondes photographiques distincts. L'approche de la photo est certainement différente en Ukraine. Il existe une esthétique russe. Quand je regarde les photos d'Alexandre, j'y trouve un côté glamour qu'on trouvait en France dans les années 50, avec les studios Harcourt, une lumière très travaillée".

Dans les deux cas, au terme de leurs résidences, les artistes auront pu s'immerger dans le pays, "croiser leurs regards", comme le veut le titre provisoire de l'exposition. "Trois semaines, c'est à la fois long et très court. J'aime prendre mon temps. Chercher la lumière, laisser reposer les choses", insiste Matthieu Parent. Ici, dans son atelier, le temps semble compté. Le projet a déjà failli être annulé. En mai dernier, alors que Matthieu Parent s'apprêtait à s'envoler pour l'Ukraine, la révolution a tout remis en cause. Les organisateurs ont préféré reporter le voyage. Matthieu Parent, lui, assure qu'il y serait tout de même allé, "même si je ne suis pas photojournaliste et que je ne couvre pas les conflits". Tant qu'il n'aura pas mis les voiles, il scrutera l'actualité, espérant une relative stabilité qui ne compromettra pas le projet.

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Gepetto Gepetto

    Je préfère ces images à celles données par les voyous qui ont tout cassé après Algérie Russie
    Il faut rétablir le bagne pour qu’ils puisent déverser leur haine sans conséquence pour les honnêtes citoyens.

    Signaler
  2. GM GM

    Rien à voir !!!!!!!!!!!!

    Signaler
  3. Anonyme Anonyme

    Venir de si loin pour deux photos réussies grand max… quel intérêt de photographier un centre commercial et un yuppies center ? et alors la photo du pharo ou l’on peut compter pas moins de quatre aberrations de nôtre chère ville… le MuCEM, les voûtes de la major, les terrasses du port et la tour cma cgm, non vraiment ce serait les photos d’un dossier de presse euromed que ce ne serait pas étonnant…

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire