Marseille Provence Métropole : incinérateur, prix de l'eau et transports en débat
Marseille Provence Métropole : incinérateur, prix de l'eau et transports en débat
A défaut d’un vrai débat sur les marchés publics de collecte des déchets de la communauté urbaine, qui valent à son désormais ex-directeur adjoint chargé de la propreté Michel Karabadjakian une mise en examen, les élus de Marseille Provence Métropole (MPM) se sont penché sur trois dossiers aux enjeux de fond peut-être encore plus cruciaux : l’incinérateur, l’eau et les transports.
Même si l’incinérateur touchait directement aux déchets, la droite n’a pas saisi la perche pour revenir à la charge sur l’affaire Guérini. Perche d’autant plus tentante que le rapport concernait la décharge du Mentaure de La Ciotat, gérée par le frère du président du conseil général. Le communiste Frédéric Dutoit ne s’est lui pas privé de dénoncer « l’absurdité » de cette décision, qui envoie les déchets des six communes de l’Est de MPM vers l’incinérateur au lieu du Mentaure, ce qui « conduit à multiplier par 10 le rayon de transport (…) La même incohérence touche les déchets de Septèmes-les-Vallons, traités sur place jusqu’à ce jour ». En rappelant que c’était « la conséquence du contrat voté par la précédente majorité avec la société Everé ».
Les banques font banquer MPM
Autre rapport présenté sur l’incinérateur : un avenant à ce contrat augmentant de 29 873 426 euros la redevance financière due par MPM à Evéré au titre de la construction de l’incinérateur. En quel honneur ? « Les banques se sont saisies de l’annulation de la délégation de service public pour imposer des conditions supplémentaires financières à Evéré. Ce qui déséquilibrait totalement le retour sur investissement de l’opération », nous explique Eugène Caselli. Dommage pour la société espagnole, a-t-on envie de dire. Surtout que le président de la communauté urbaine poursuit en se félicitant que l’institution a par ailleurs gelé les taux du contrat au meilleur moment, gagnant ainsi 46 371 322 euros. Pas de bol à nouveau pour la compagnie ibérique, se dit-on. Et bonne affaire pour les contribuables de la communauté urbaine.
Pas tant que ça en fait : le contrat impose à MPM de payer une partie des pots cassés pour Evéré. Drôle de jeu de qui perd gagne. Et le groupe communiste de dénoncer « le rôle négatif des banques n’hésitant pas à spéculer sur des incertitudes juridiques pour augmenter leurs rémunérations ». Chez Europe Ecologie-Les Verts, Joëlle Boulay préfère noter que « l’équipe précédente semble avoir donné carte blanche au délégataire, a manqué de vigilance au niveau des termes du contrat ».
Il y a tout juste un an, il avait d’ailleurs fallu voter un autre avenant pour prendre acte de l’impossibilité d’Evéré à démarrer l’incinérateur à la date prévue, à cause d’un retard pris dans les travaux. Retard en partie dû aux changements demandés par la nouvelle majorité d’Eugène Caselli, qui a souhaité augmenter la part de la méthanisation. Toujours est-il que même avec des « conditions financière plus avantageuses », comme le reconnaissait Lionel Royer-Perreaut (UMP), MPM a dû rallonger 4 millions d’euros et renoncer aux pénalités de retard de 14,2 millions d’euros. Si les soupçons qui pèsent sur Alexandre Guérini sont lourds, au niveau des montants il peut aller se rhabiller… Et les banques dorment chez elles l’esprit tranquille pour paraphraser Jean-Claude Gaudin.
La SEM renonce à quelques profits
C’est aussi le cas de la Société des Eaux de Marseille (SEM), filiale de Veolia, qui vient de consentir une baisse du prix de l’eau de 5%. Enfin plutôt « une non-augmentation, a noté Laure-Agnès Caradec (UMP) : au lieu de passer à 3,31 euros au 1er janvier, le m3 restera à son niveau de début 2009, soit 3,15 euros. « Et en échange vous acceptez de libérer le délégataire d’un certain nombre de travaux », ajoute-t-elle. Pour 12 millions d’euros, a confirmé Eugène Caselli, qui précise que la SEM fait donc au final « un effort financier de 11 millions d’euros ».
« C’est un début de réajustement des tarifs », a commenté Sylvie Nespoulous (Europe Ecologie-Les Verts). Qui rappelle un audit réalisé en 2009 concluant à un « taux de rentabilité du service avant impôt de 14,8% » et notant que « les mécanismes de calcul des charges relatives aux investissements permettent de masquer une partie de [la] rentabilité ».
« N’est-ce pas une nouvelle fois confirmer le besoin urgent de transparence quand à la gestion réelle de ces contrats. N’est pas une reconnaissance supplémentaire que les marges bénéficiaires et la rémunération des actionnaires sont substantielles », a embrayé Frédéric Dutoit. Un peu plus tôt, Laure-Agnès Caradec appelait à la création d’une commission paritaire pour étudier les possibilités qui s’offrent à MPM dans l’optique de l’échéance des contrats de l’eau et de l’assainissement. « Cette commission existe déjà et elle est présidée par Martine Vassal (UMP) », lui a répondu Eugène Caselli.
Martine Vassal qui défend régulièrement le bilan et la compétence de la SEM et se positionne dans la ligne du maire de Marseille Jean-Claude Gaudin : pas question d’un retour en régie. Ce qui n’est pas le cas des communistes, des Verts et du Modem, qui ne manquent pas une occasion de pousser Eugène Caselli dans ce sens. « Il y aura bientôt une réunion. Une décision doit être prise en avril 2011 car après il risque d’être trop tard », a précisé ce dernier.
Et la droite s’élève contre une taxe pour les transports
Mais c’est sur la question des transports que la position inconfortable de l’UMP s’est le plus fait sentir. La séance de ce vendredi a été marquée par la signature d’un nouveau contrat pour 8 ans avec la RTM, qui lui donne notamment la main sur le service de transport des personnes handicapées, jusqu’à présent assuré par le privé. Mais aussi l’adoption d’une hausse du versement transport des entreprises, permise par la loi Grenelle 2. Soit 15 millions d’euros de plus par an dans l’escarcelle des transports en commun.
« Vous recherchez des financements et vous taxez les entreprises privées », a déploré Marie-Louise Lota, vice-présidente de MPM déléguée aux transports (UMP). Comme Jean-Pierre Fouquet, on n’a « pas très bien compris » le reste, à part qu’« il serait plus judicieux pour le contribuable de rechercher plutôt la réduction du déficit (…) Croyez-vous qu’il soit attractif d’appeler les entreprises et de dire : « venez donc on vous prépare une taxe plus importante pour pallier notre déficit chronique car ici il fait bon vivre » ? &raqu
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Réponse sur le fond de Vincent Coulomb (PS) : « dire que la marche en avant des entreprises ne dépend que de l’imposition est faux ». Pour le communiste André Molino, président de la commission transports, au contraire, « les entreprises vont ainsi avoir un meilleur service pour transporter leur salariés ».
C’est Karim Zeribi, conseiller Europe Ecologie-Les Verts et patron de la RTM, qui rappelle l’UMP à ses responsabilités : « il ne vous a pas échappé qu’il y a eu des nouvelles lignes de tram, des nouvelles stations de métro. Comment voulez-vous avoir des frais de fonctionnement fixes ? » Nouvelles réalisations à mettre sur le compte – hormis quelques lignes de bus récemment inaugurées – de la mandature Gaudin. Et Eugène Caselli, sans se départir de son flegme habituel, d’appuyer là où ça fait mal : « le métro de La Blancarde à La Fourragère, avec 5000 à 6000 usagers par jour (soit trois fois moins que prévu, ndlr), nous coûte en exploitation 7 millions d’euros par an. » Et on n’a vu personne s’inquiéter du futur boulevard urbain Sud qui, pour nécessaire qu’il soit, coûtera 250 millions d’euros et profitera pour l’essentiel aux automobilistes…
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