Marseille Provence Métropole : Europe Ecologie met la pression sur l'eau et cacophonie sur les transports

2 heures 30 minutes, pas une de plus. C’est le temps qu’il a fallu au conseil de la communauté urbaine de Marseille pour avaler les 150 rapports au menu, dont un gros morceau : le budget primitif. Peu avant 9h30, les élus discutaient surtout du second tour des cantonales de la veille. Et c’est d’ailleurs en félicitant les sortant réélus et les nouveaux élus que le président Eugène Caselli a ouvert une séance sans sel.

Premier amendement pour EELV

Mais une arête doit rester en travers de la gorge du flegmatique ancien premier secrétaire de la fédé des Bouches-du-Rhône. Pas l’intervention de Renaud Muselier – que vous pouvez lire ici – bien qu’il y dénonçait « des choix budgétaires particulièrement fades et insipides » et un manque de soutien à Marseille des conseils général et régional, gérés par la gauche : sans augmentation de la fiscalité sur les ménages (taxe d’habitation, sur les ordures ménagères…), le président du groupe d’opposition avait peu de grain à moudre.

Ce qui a donné un peu de piment au débat, c’est le pavé dans la mare jeté par ses co-listiers d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) autour de leur cheval de bataille : la gestion de l’eau et de l’assainissement, dont les contrats de délégation au privé arrivent à échéance en 2012 et 2013.

Dans l’hémicycle, l’exposé de la démarche avait déjà réussi à faire perdre patience à l’opposition, qui l’a bien fait comprendre en chahutant Sylvie Nespoulous avant un rappel à l’ordre sur le temps de parole, traditionnellement calculé au pifomètre. Mais quand elle est revenue à la charge pendant qu’Eugène Caselli faisait voter le budget, demandant à ce qu’il soit égréné par chapitres, c’est le placide président de MPM qui a haussé le ton.

La laissant tout de même prendre la parole, regardant en l’air, se balançant sur sa chaise, croisant les mains, il a accueilli avec soulagement la fin de sa « thèse » par une sentence qui, si elle était accompagnée du classique « toutes les options sont sur la table », en dit long sur son état d’esprit : avec EELV, « il faut baisser les coûts, faire toujours plus d’investissements tout en assurant la sécurité. Cela ne me parait pas très compatible. Moi j’attends que la régie parisienne diminue son prix. Cela fait trois ans elle ne l’a toujours pas fait. » Sauf que depuis la prise de contrôle total, la part eau potable a été stabilisée, et doit même baisser de 8% en juillet, même si cette annonce est à relativiser.

Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin buvait en tout cas du petit lait… Une préférence de plus en plus claire des socialistes qui, à travers les déclarations de Patrick Mennucci, monsieur Eau du PS13, est d’ailleurs à l’origine du coup de pression d’EELV, nous confiait Sylvie Nespoulous. Et peut-être l’exemple réussi des amendements EELV et Front de Gauche au budget du conseil régional ?

BHNS HS ?

Après cette mise en bouche mouvementée, et mis à part un petit accrochage sur le vote de la participation à la rénovation du Vél’, seuls les transports ont tiré les élus de leur torpeur post-électorale. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’à part pour le PS, le menu – les trois lignes de bus à haut niveau de service Bougainville-Saint-Antoine, Saint-Jérôme-Château-Gombert et Castellane-Luminy – ne semblait plus être totalement du goût des conseillers. Avec en filigrane des interrogations sur le plan décidé de concert entre le conseil général et MPM.

Du côté des socialistes Samia Ghali, maire du 15/16, et Christophe Masse, en charge de la concertation pour le BHNS Saint Jérôme-Château-Gombert, la réponse est nette : il y a peut-être des remarques à intégrer, mais le temps presse et pas question de retarder davantage la mise en place d’une vraie offre de transports, avec le risque de bercer les habitants d’illusions sur des projets qui mettront 20 ans à être financés et achevés.

Gouvernance partagée encore et toujours

Le débat aura au moins été l’occasion d’entrevoir une nouvelle fois les limites de la gouvernance partagée, comme sur le tunnel Prado Sud, hérité de l’ère Gaudin. « Un choix qui s’est fait pour ainsi dire de lui-même », a expliqué Eugène Caselli, mais qu’il endosse pourtant désormais, l’estimant « indispensable pour la circulation ».

Sauf que ce tunnel, ajouté au chantier du Vélodrome, rend « très compliqué » celui du BHNS Castellane-Luminy. Eugène Caselli ne s’est pas étendu sur les dates, mais la lettre Sud Infos évoquait récemment des échéances fin 2018 et fin 2020 pour les tronçons Mazargues-Rond Point du Prado et Rd Point-Castellane… Quant Lionel Royer-Perreault, bras droit du maire des 9/10 Guy Teissier (UMP), qui s’inquiétait du retard à l’allumage de ce BHNS, il devrait en toucher deux mots à son camarade Jean-Claude Gaudin, qui siège quelque rangs plus bas.