Marseille Provence 2013 n'en a pas fini avec ses histoires de logo…
Marseille Provence 2013 n'en a pas fini avec ses histoires de logo…
Il y a dix jours, La Provence a malgré elle ravivé la querelle entre l’association Marseille Provence 2013 (MP2013), chargée de préparer les festivités de la capitale européenne de la culture, et les designers. Rappelant que l’événement n’avait « toujours pas de logo », le quotidien invitait ses lecteurs : « pourquoi pas imaginer le vôtre ? » Depuis le concours est arrivée aux oreilles des professionnels, déjà échaudés par un autre concours, qui ont vivement réagi sur les réseaux sociaux. Retour sur un imbroglio qui dure depuis plus d’un an, avec François Caspar, président de l’Alliance française des designers.
Marsactu : en quoi le concours de logo de La Provence pose-t-il problème ?
François Caspar : On se doute bien que c’est un concours ouvert au grand public comme il en existe depuis des années. Ce qui est agaçant, c’est que l’on fait passer un logo pour quelque chose que tout le monde peut faire. Mais c’est comme la cuisine : chacun peut cuisiner, mais cuisinier c’est un métier. Nous avons réagi quand on a eu une remontée de beaucoup de professionnels qui nous ont écrit « regardez, ça continue », parce qu’ils sont déjà excédés. Le problème est là : cela vient s’ajouter à tout un tas d’événements. Nous avons téléphoné à l’association et ils nous ont assuré qu’ils n’avaient pas organisé le concours de La Provence. Mais il fallait absolument expliquer cela car tout le monde faisait l’amalgame.
Ce qu’elle a fait via sa page Facebook. Mais quel est l’objet du malentendu avec l’association ?
En juillet 2009, nous avons été informés du concours de logo lancé par MP2013. Nous avons regardé le règlement et constaté que cela ne convenait pas, car on demandait des projets dans la phase de consultation sans qu’ils soient indemnisés. Pour faire une réponse juste à quelque chose comme MP2013, il faut passer beaucoup de temps. Ce qui est visible, le logo, ce n’est que l’aboutissement d’une réflexion en amont de 5 à 10 jours. C’est d’ailleurs notre travail : rendre tangible des choses abstraites. Quand on demande ce savoir-faire sans le payer, c’est ne pas reconnaître au designer sa compétence. (Actualisation : l’association Marseille Provence 2013 indique avoir précisé suite aux remarques de l’AFD qu’elle n’attendait pas de lettre d’intention graphique. Mais pour l’AFP des ambiguïtés demeuraient)
Quelle approche préconisez-vous ?
Il n’y a pas forcément d’avantage à faire un concours, surtout lorsqu’on n’est pas tenu par le code des marchés publics. Celui-ci permet juste de faire une recherche spontanée au lieu d’avoir à trouver par soi-même des candidats potentiels. Mais ensuite, lorsqu’on a 150 personnes qui se présentent avec une formation suffisante, des références et des créations dans le domaine, il faut bien étudier leur dossier, voire les rencontrer. Et pourquoi pas demander à plusieurs d’entre elles de proposer un projet, mais alors il faut mettre les moyens pour les indemniser.
Où en est-on aujourd’hui ?
MP2013 a déclaré le concours infructueux et créé un studio en interne qui fera l’identité visuelle pour éviter tout problème. Mais nous allons rester vigilants, car il faut regarder qui on recrute, comment, avec quelles compétences, pour quelles conditions de travail et de rémunération. Surtout par rapport aux droits d’auteur. Ceci dit, MP2013 a pris contact avec l’AFD pour mettre tout cela à plat. Je pense qu’ils ont compris qu’il y avait tout intérêt à faire les choses correctement. Ce genre de problèmes est très fréquent en France, car le design commence seulement à passer dans la culture des entreprises, contrairement à l’Allemagne et aux pays Anglo-Saxons. Ce qui a fait effet de loupe sur MP2013 c’est que cela se passse sur le terrain de l’industrie culturelle…
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