Marseille l'hebdo se fait Sortir de La Provence
Marseille l'hebdo se fait Sortir de La Provence
Encore un canard qui meurt… Comme annoncé, le dernier numéro de Marseille l'hebdo est sorti en kiosque ce mercredi 25 juin. Créé en 2000 pour élargir l'offre éditoriale du groupe La Provence, l'hebdomadaire a connu plusieurs jours de parution, formules et équipes au fil de son existence. Le directeur des rédactions, Olivier Mazerolle, a annoncé lui-même la fin probable du titre aux personnels en septembre dernier devant ses troupes, en plein lancement de la nouvelle formule du quotidien. Dans la foulée, un groupe de travail avait été mis sur pied pour réfléchir une poursuite du titre ou à sa transformation. Mais, depuis lors, l'arrêt de l'hebdomadaire paraissait inéluctable.
Au printemps, c'est l'une des responsables de la rédaction locale de Marseille notamment en charge de la culture et des suppléments, Olga Biblioni, qui a été missionnée pour réfléchir à la forme que devrait prendre cette suite ou fin. Olivier Mazerolle a défini sa feuille de route en interne : "mettre au point la nouvelle formule de l’Hebdo, plus axée sur les loisirs, spectacles, balades, voyages et autres activités de week-end". Suivant cette logique, le groupe La Provence a annoncé par voie de communiqué une fusion avec l'actuel supplément Sortir dédié à la culture et aux loisirs.
Afin d’offrir à ses lecteurs un nouvel élan, Marseille l’Hebdo (…) va se fondre dans ce nouveau supplément Sortir, l’hebdo de La Provence, sous une formule rénovée. Dans la continuité du supplément Sortir, ce magazine se consacrera aux loisirs en famille, aux escapades, aux sorties nocturnes, aux programmes de cinéma et de théâtre, mais également aux bons plans shopping, soit à l’ensemble des offres et opportunités ludiques et culturelles, à Marseille et dans notre région : mille et une bonnes idées pour programmer ses soirées et préparer ses week-ends.
Dans une formulation qui fleure bon le marketing, le quotidien se propose donc de sabrer ce qui faisait l'identité du titre en le transformant en un Sortir à peine amélioré. D'après nos informations, ce dernier ne compterait qu'une quarantaine de pages et la même qualité de papier que l'actuel supplément, celui du quotidien. Au service communication du quotidien on se refuse à tout autre commentaire : "Les choses peuvent encore évoluer d'ici septembre." Au vu du projet actuel, cela sent tout de même la version frelatée. "À sa création, l'Hebdo a été pensé sur une offre triple : de l'actu, de l'info pratique et de la culture. Avec cette fusion, il n'y aura plus d'actu du tout", explique un ancien du titre. Cela aurait pour premier effet d'éliminer tout le poil à gratter qui restait entre les feuilles.
Déjà, en 2008, le précédent directeur des rédactions, Didier Pillet avait remplacé l'équipe "historique" du journal par moitié moins de journalistes et une petite armée de pigistes. L'année suivante, le journal voyait ses ventes en kiosque baisser de 28%. Certains sont restés jusqu'au bout attachés à la rubrique dont ils avaient la charge. Ainsi, le piéton de Marseille, Michéa Jacobi, chroniqueur depuis le premier numéro de l'Hebdo s'est vu proposer de poursuivre ses balades à petits pas en élargissant sa démarche à toute la Provence. Ce sera d'ailleurs là une particularité du nouveau Sortir : mieux coller à la zone de diffusion en tâchant de sortir de Marseille. Adieu donc le city guide.
Arrêt de mort
La grande inconnue reste les raisons de cet arrêt. L'Hebdo n'a certes jamais drainé un important lectorat : en 2013, le titre déclarait environ 1100 abonnés et vendait en moyenne 1600 exemplaires au kiosque par semaine. Mais il est toujours resté sur la crête de la rentabilité sans jamais être une danseuse aux coûts exorbitants. Ce support permettait d'élargir l'offre publicitaire et de capter une partie des annonces légales. Le supplément Sortir même augmenté de quelques pages loisirs n'aura pas les mêmes qualités commerciales. Pourtant le communiqué a cette formule mystérieuse : "Le Groupe La Provence capitalise ainsi sur ses produits piliers d’information, que sont le quotidien La Provence, son portail internet LaProvence.com et son journal gratuit Direct Matin Provence."
Or, le groupe La Provence n'est pas en situation de se priver de la moindre ressource. La raison est à aller chercher du côté des ressources humaines. Le quotidien doit faire face aux départs de nombreux journalistes qui ont fait jouer la clause de cession après la prise de contrôle de La Provence par Bernard Tapie. L'ouverture de cette clause particulière permet aux journalistes de quitter l'entreprise avec des indemnités et le droit au chômage.
Le nouveau boss a beau pester : il doit pallier l'absence de 35 journalistes. Les anciens de l'Hebdo devraient donc être répartis dans les rédactions du groupe. Déjà, l'ancien rédacteur en chef, Guilhem Ricavy, a accepté de devenir directeur départemental dans les Alpes tout en supervisant de loin la fin du canard dont il a assuré la rédaction en chef pendant six ans. Le quotidien manque de ressources et doit absolument se renforcer sans embaucher. Attendu demain, dans la salle des rotatives, le nouveau proprio devrait tenir un discours rassurant sur le plan financier face à ses employés. Avec notamment le développement de nouveaux projets évènementiels plutôt éloignés du cœur de métier du groupe de presse. Or, sans ses plumes, un canard meurt toujours.
Précision : l'auteur de ces lignes a été journaliste à Marseille l'hebdo de 2003 à 2006.
Commentaires
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Dommage … C’est le seul hebdo local que j’achetais de temps en temps pour ses infos pratiques et ses dossiers sur Marseille (même si ça restait bien trop souvent au raz des pâquerettes, il faut bien l’avouer).
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L’Hebdo n’existait plus vraiment depuis 2008. Le tuer définitivement n’en reste pas moins une erreur industrielle. Etonnant de la part de gens qui ne jurent que par le business…
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Beh la Marseillaise ferait bien d’en profiter !…
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pour moi, L’hebdo est mort en 2008.
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J’étais abonné depuis 2001.
RIP Marseille l’Hebdo !!!!
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Il semble qu’il y ait unanimité des commentaires pour constater le tournant dans la médiocrité en 2008 et j’ai arrêté de l’acheter à ce moment là. On ne pourra que regretter une fois de plus la disparition d’un périodique qui avait sa place et que seul un groupe de presse “entreprenant” (?) pouvait réaliser …mais la présentation était toujours la même, idem pour le papier, pour la pub (et les annonces légales dans un hebdo de ce type n’ont pas leur place), la médiocrité des dessins d’humour.Avait on vraiment envie de lire cet hebdo ???
J’ai souvent regretté que nous n’ayons pas à Marseille l’équivalent de Lyon Capitale (qui est plus cher et qui n’appartient pas à un groupe de presse)Il y a eu quelques tentatives de croisement qui n’ont pas perduré : les rédactions n’étaients pas sur les mêmes créneaux…Il est vrai que nous ne sommes pas dans une capitale (même si on nous l’a fait croire en 2013 !)Il reste quelques magazines gratuits avec de belles photos et quelquefois des articles de fond, mais ils reposent sur la pub (8ème art par ex.) Le véritable city magazine marseillais n’est toujours pas en kiosque
Marseille l’hebdo va rejoindre les fonds des bibliothèques et des archives pour les futurs chercheurs (je vais d’ailleurs donner ma collection jusqu’en 2008 aux AD 13 pour qu’elles compètent leurs lacunes
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Quelle tristesse !!! J’ai régulièrement (presque chaque semaine) acheté l’Hebdo en kiosque depuis son début. Il va beaucoup me manquer maintenant.
Il faut se demander pourquoi Lyon peut avoir trois city magazines, et Marseille n’est même capable d’en faire vivre un ….
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