Marseille en grand : le pilote du plan de rénovation des écoles est sur un siège éjectable

Info Marsactu
le 3 Juin 2024
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Avec l'accord de l'État, la mairie de Marseille s'est, selon nos informations, mise en quête d'un profil à même de remplacer Vincent Bourjaillat, l'actuel directeur général de la société publique des écoles marseillaises.

Vincent Bourjaillat, directeur de la Spem, le 10 avril 2024. (Photo : Emilio Guzman)
Vincent Bourjaillat, directeur de la Spem, le 10 avril 2024. (Photo : Emilio Guzman)

Vincent Bourjaillat, directeur de la Spem, le 10 avril 2024. (Photo : Emilio Guzman)

Pas assez vite, pas assez fort… Depuis plusieurs mois, les couloirs de la mairie bruissent de critiques sur la conduite du plan écoles qui, grâce au milliard apporté par l’État, en dons et en prêt, va permettre la rénovation ou la reconstruction de 188 écoles dans la ville. Tous les regards se tournent alors vers la Société publique des écoles marseillaises (SPEM) que préside lui-même le maire, Benoît Payan.

La cible est toute désignée, en la personne de Vincent Bourjaillat, le directeur général de la société. À ce titre, il est le pilote opérationnel de la mise en œuvre de ce pan de Marseille en grand, le grand plan d’investissements annoncé par le président de la République, Emmanuel Macron, en septembre 2021. Réputé peu présent sur le terrain, Vincent Bourjaillat avait, selon nos informations, d’emblée fâché la mairie en exigeant de mener ses propres études préalables plutôt que de s’appuyer sur celles réalisées par la direction municipale dédiée. Depuis, la Ville a parfois regretté que les marchés que doit lancer la SPEM ne le soient pas plus rapidement.

La situation est nourrie par une ambigüité sur le rôle de la SPEM dans le dispositif. “Initialement conçue pour permettre à l’État de participer au pilotage du plan écoles, la SPEM agit en réalité en qualité d’opérateur de la Ville de Marseille, a constaté la chambre régionale des comptes amenée à auditer le plan Marseille en grand. Les aspects stratégiques du plan, notamment la planification générale des opérations et le choix des sites, demeurent sous la responsabilité de la Ville.”

Un cabinet de chasseurs de têtes missionné

Décidée à le remplacer, la Ville a, de sources concordantes, obtenu le feu vert de l’État. Un préalable nécessaire : pour l’écarter en conseil d’administration, il faut que l’intégralité des administrateurs, issus de l’État comme de la Ville, votent en faveur de son départ. Mais l’État ne semble pas décidé à s’impliquer davantage dans le dossier et laisse le soin à la Ville de trouver la personne idoine. Selon nos informations, un cabinet de chasseurs de têtes a été missionné pour suggérer des CV à même de correspondre au poste. Une tâche ardue, note un proche du dossier : “C’est la seule société du genre en France, on sait ce qu’on perd, mais on ne peut pas savoir ce qu’on gagne”.  

Déjà, le recrutement de Vincent Bourjaillat avait pris beaucoup de temps. Comme l’avait détaillé Les Echos à l’époque, la mairie, qui portait la candidature de l’ex-directeur de cabinet de Michèle Rubirola Christophe Pierrel, n’avait pas obtenu de l’État cette nomination et s’était rabattue sur son profil. Cette fois encore, le processus semble prendre du temps. Un temps prévu pour le conseil d’administration du mois de juin, la question ne devrait pas être à l’ordre du jour cette fois-ci et pourrait patienter jusqu’à la rentrée.

À l’approche des municipales 2026 où se croiseront vraisemblablement les ambitions de Benoît Payan et de la ministre chargé du plan Marseille en grand, Sabrina Agresti Roubache, la pression s’annonce forte pour donner de premiers coups de masse à défaut de couper des rubans. “Nous savons qu’il y a un enjeu important d’amplifier, parce qu’il y a un retard à rattraper, une attente forte, beaucoup de situations qui ne sont pas normales, expliquait Vincent Bourjaillat à Marsactu mi-avril. Et en même temps, chaque école est un cas particulier, une communauté éducative particulière, une relation à son quartier, parfois une histoire. Ça ne sert à rien d’arriver en force en disant : “maintenant on a décidé””. Un avertissement qui sonnait aussi comme la conscience du caractère sensible de son poste.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Sommes vraiment à jamais les premiers pour programmer les retards et la liste est longue: transports,logements, écoles. Marseille est au moins bonne à quelques chose .

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  2. MarsKaa MarsKaa

    Dans ce domaine il est urgent d’attendre, c’est vrai… 🙄

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  3. Malleus Maleficarum Malleus Maleficarum

    Stratégie politicarde simple mais efficace :
    – Payan voulait absolument C. Pierrel, Macron lui a fait perdre plus d’un an pour le refuser et Payan n’a pas eu la vista de voir venir le coup (Pierrel était au cab de Hollande pendant sa présidence, et Macron était le seul ministre avec qui il était en conflit, c’est ballot)
    – l’Etat impose sans forcer Bourjaillat (Caro étant déjà pris à la SPLA-IN), sachant qu’il n’a pas l’équipe ni l’environnement nécessaire pour y aller à fond, donc que ça va coincer
    – Macron prévoit l’arrivée de Sabrina dans le paysage, il laisse la SPEM ramer sur la plage, sachant que la Ville est incapable de redresser la barre
    – au moment des élections, Sabrina portera la charge notamment là-dessus, avec l’argument massue : “on vous a avancé l’argent”

    Résultat ? Confirmation que le système institutionnel marseillais est une catastrophe (incompétence, inertie, etc.), et des écoles toujours au fond du trou. Et tant pis pour les citoyens, pour les minots et pour l’avenir. Ce qui compte, c’est le siège à la tribune.

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  4. Andre Andre

    L’analyse de Mars est intéressante et, si c’est le cas, ce qu’on peut penser, une fois de plus des calculs politiciens se font sur le dos des citoyens.
    Mais au-delà de ce cas un peu particulier, on assiste depuis trois ans dans cette mairie à une valse des responsables : un directeur général des services vite remercié, remplacé par un second qui est rapidement parti suivi d’une troisième (malheureusement pour elle) actuellement en indisponibilité . Le “turn over” des directeurs et chefs de service comme celui des cimetières ne cesse pas de même que le plan école qui a aussi connu il y a peu le départ pour le privé d’un cadre important.
    Je rajouterai à cela la valse des chargés de mission contractuels et sous-payés que l’on a préféré embaucher plutôt qu’ avoir recours à de vrais recrutements. La “gauche” se méfierait elle des agents titulaires du service public?…
    Rien d’étonnant à ce que rien n’avance et que les marchés publics et autres DSP se fassent régulièrement retoquer.
    A ce rythme là, Macron pourra en effet, dans trois ans, essayer de placer ses pions. Mais attention aux mauvaises surprises…

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    • PineGap PineGap

      Vous avez raison sur un point André, comme toujours avec cette équipe, au final ce sont les fonctionnaires ou les technos qui sont responsables. Jamais les politiques, le Maire et son cabinet…
      Désespérant…
      En revanche, ils ne riquent rien, au regard de l’offre en face…
      Ici comme ailleurs, on a le personnel politique qu’on mérite.

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    • Jeanne 13 Jeanne 13

      Bravo André pour cette analyse malheureusement réaliste de l organisation actuelle de la mairie de Marseille !

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    • Malleus Maleficarum Malleus Maleficarum

      André, vous mettez le doigt sur une réalité : le PM a massivement recruté tous azimuts car il n’a aucune confiance dans l’effectif existant, système clientéliste oblige.

      Problème : ils recrutent à leur manière, au feeling. Exemple : il y a désormais un “service de l’espace public” à la mairie du 6/8. On pourrait croire à un service “voirie” car ils suivent les projets et chantiers de ce secteur. Hors ce n’est pas de leur compétence administrative et ils n’y ont recruté que des gens qui n’ont aucune connaissance technique de ces métiers.

      Résultat : des effectifs en plus, des gens placés là non pas par clientélisme mais par affinité intellectuelle et pas par l’adéquation entre leurs compétences et les besoins. Et un effectif historique inamovible.

      Donc un coût ahurissant, et une inertie grandissante.

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  5. Patafanari Patafanari

    Caremba! Encore cagué.

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    • Marc13016 Marc13016

      Chef, je l’ai encore fait glisser !

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  6. julijo julijo

    mouais, entre maladresses peut être du directeur général, flou de la spem, le plan marseille en grand…les bisbilles…j’en oublie.
    il y en a quelques uns qui doivent être contents ! souvent que la mairie tergiverse, qui c’est le chef ?
    il y en a plusieurs ; et bien on n’est pas sauvé.

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