Marseille anticipe l’arrivée de réfugiés ukrainiens
Plusieurs dispositifs ont été mis en place ces derniers jours pour répondre à l'arrivée potentielle de réfugiés ukrainiens à Marseille.
Le gymnase Ruffi dans le 3e arrondissement a été transformé en centre d'hébergement d'urgence. (Photo : Marie Lagache)
Sur le parvis de la gare routière, une foule s’agglutine autour d’un car. Journalistes, personnels de la préfecture et équipes municipales attendent l’arrivée de réfugiés ukrainiens. Plus d’une centaine de personnes fuyant la guerre avec la Russie sont annoncées. Aux environs de 16 heures, après plusieurs heures d’attente, seulement neuf Ukrainiens descendent d’un véhicule pour rejoindre leur famille ou des associations déjà contactées.
Les cars avec la plus grande partie des réfugiés acheminés depuis la Pologne roulent toujours en direction de Marseille. “800 Ukrainiens sont arrivés sur le sol français” depuis le début du conflit, affirmait Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, jeudi dans la matinale de France Inter. Mais à ce stade personne n’a d’estimation du nombre réel de réfugiés attendus à Marseille.
“Il faut pouvoir assumer les promesses de Benoît Payan”
Pour ce qui est de l’organisation de l’accueil, le préfet des Bouches-du-Rhône dit avoir pris “attache avec élus du département afin de répertorier les propositions et coordonner les initiatives envisagées, en lien avec le secteur associatif”. Elle conseille pour le moment aux “ressortissants ukrainiens qui ont réussi à rejoindre notre territoire”… d’appeler le 115. Comme toutes les personnes à la recherche d’hébergement d’urgence, qui connaissent déjà les délais extrêmement longs de ce dispositif saturé à Marseille. Pour les réfugiés ukrainiens qui auraient besoin d’un titre de séjour, elle conseille là encore de s’en référer au droit commun, c’est-à-dire de se rendre sur le site de la préfecture dédié, rue Saint-Sébastien (6e).
La mairie de Marseille revendique quant à elle sa volonté d’être une ville d’accueil. Elle veut donc se présenter en première ligne pour leur arrivée. “Il faut pouvoir assumer le fait que Benoît Payan a promis d’accueillir les réfugiés“, glisse-t-on à la mairie. Un protocole a été ficelé en urgence dans la nuit de mercredi à jeudi. Les équipes municipales, en collaboration avec celles de la préfecture, s’occuperont d’un premier recensement à la gare Saint-Charles, où sont censés arriver tous les cars en provenance de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. Certains réfugiés pourraient continuer leur route vers l’Espagne. Les Ukrainiens ayant besoin d’un hébergement d’urgence, pour une durée plus ou moins longue, seront eux dirigés vers le gymnase Ruffi dans le 3e arrondissement.
Des lits de camp, du thé et des masques pour tout le monde
Sur place, des lits de camp, des paravents, des jeux pour enfants, un poste de secours et un espace pour se restaurer ont été mis en place par les équipes municipales. L’espace, encore vide, était ouvert à la presse jeudi après-midi. Les repas et le thé sont chauds. Le Samu social, l’association Sara Logisol ou encore la protection civile attendent. Il ne manque plus que les Ukrainiens. “On est prêts pour un afflux massif dans les prochains jours“, confirme Jean-Pierre Cochet, adjoint au maire de Marseille en charge de la sécurité civile, sans vraiment savoir ce qu’il adviendra. Le gymnase, souvent utilisé pour les hébergements d’urgence, comme dans le cas d’évacuation de squat, peut accueillir plus d’une centaine de personnes. La mairie tient cependant à rappeler que ce site reste “un lieu de passage le temps que les réfugiés rejoignent quelqu’un ou soient hébergés“.
Dans le gymnase Ruffi les différentes initiatives locales seront relayées. De nombreux Marseillais se manifestent déjà pour recevoir chez eux des réfugiés. Comme par exemple via le groupe Facebook Solidarité Ukraine qui comprend plus de 500 membres et plusieurs dizaines de propositions d’hébergement sur Marseille. Ou celle du maire des 11e et 12e arrondissements, Sylvain Souvestre, qui a lancé un appel aux habitants de son secteur via les réseaux sociaux pour centraliser les bénévoles. Il partage le dernier message reçu : “Je dispose d’une chambre avec une douche et un canapé lit dans ma maison individuelle“, et explique transmettre ensuite les informations à l’Église grecque-catholique ukrainienne.
“Des solutions provisoires avec un peu de pérennité”
Le département a lui aussi installé un dispositif d’urgence aux Pennes-Mirabeau. Situé au sein de l’Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique, il peut accueillir une cinquante de personnes, a annoncé Martine Vassal sur BFM Marseille. À Luynes, “l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers peut aussi héberger une quarantaine de réfugiés”, ajoute la présidente du département.
D’autres se positionnent sur l’hébergement à plus long terme, comme le bailleur Habitat Marseille Provence (HMP). Son président, Patrick Pappalardo, a reçu mercredi 2 mars les journalistes afin de présenter les actions de ses équipes. Le président de HMP explique pouvoir rendre disponible “dès mi-avril 75 logements sur trois tours” au 24, 37 et 52 avenue Frais-Vallon, dans le 13e arrondissement. Les appartements, actuellement en cours de réhabilitation, devaient initialement être livrés cet été. Le bailleur social attend des dérogations sur les commissions d’attributions délivrées par le préfet pour réserver ces logements à des ressortissants ukrainiens.
La nouvelle a pourtant déjà provoqué des réactions. Patrick Amico, adjoint chargé du logement à la Ville de Marseille, a partagé son étonnement sur Twitter : “Heureux d’apprendre que HMP avait 75 logements vacants immédiatement disponibles…”. “Ces logements sont quand même destinés aux demandeurs sociaux, rassure Patrick Pappalardo. Ce sont des solutions provisoires avec un peu de pérennité. Pour nos demandeurs ce n’est qu’un report de quelques mois“. À Marseille comme ailleurs en France, les moyens déployés pour l’arrivée de réfugiés ukrainiens peuvent parfois mettre en lumière les limites des dispositifs déjà existants.
Commentaires
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On reste quand même perplexe, choqué et même horrifié devant la différence de traitement entre ces malheureux Ukrainiens et tous les autres réfugiés qu’ils viennent de Syrie, du Soudan, d’Érythrée ou de n’importe quel coin du Maghreb… La presse a mis un peu trop longtemps à pointer le paradoxe, y compris lorsque les politiques les plus réactionnaires ont fait assaut de bienveillance, avant que finalement Mediapart ne documente ce scandale. Quant à réserver des logements sociaux opportunément apparus à la dernière minute, en demandant juste un peu de patience à leurs véritables destinataires (qui souvent attendent depuis des années), c’est d’un cynisme que la volonté de trouver quelque chose à dire dans un communiqué ne justifie pas. L’indécence, avec cette nouvelle crise, atteint des sommets. Respect, cependant, à toutes les générosités sincères qui s’expriment spontanément : elles maintiennent la foi en l’homme.
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je partage totalement le commentaire ci- dessus .. Démonstration est faite avec la réfugié.es ukrainiens que quand les frontières s’ouvrent, pas de morts sur les routes de l’exil, pas de passeurs, et un accueil sans difficultés.. Mais faut il être seulement ukrainiens, blancs pour bénéficier de telles politiques ? Etonnant tout de même que la Mairie du Printemps Marseillais qui affirme sans cesse que l’accueil des réfugié.es ne relève pas de sa compétence ( 6 000 personnes en demande du droit d’Asile sur Marseille vivent des conditions de grande précarité) considère ,à propos des Ukrainiens que ce principe ne vaut pas … La Mairie ferait elle le tri comme la Maire LR de Calais, comme bien d’autrés Maires du RN etc… ?
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on espère bien que ces solutions soient pérennisées et dupliquées pour l’accueil de réfugié.e.s d’autres pays et continents qui continuent d’arriver petit à petit ! trop de réfugié.e.s obligés de dormir dans la rue c’est une HONTE
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