Manifestation “Stop Macron” : mobilisation à géométrie variable chez les syndicats et partis
Le rassemblement de ce samedi 14 avril, fruit d'un appel conjoint de syndicats et partis de gauche, a débouché sur une mobilisation moyenne. La France insoumise était particulièrement présente avec des militants venus de tout le pays mais les syndicats n'ont pas fait le plein.
Les organisateurs ont annoncé 58 000 manifestants quand la police en distinguait 6000.
Place Castellane, alors que la manifestation “stop Macron” se termine ce samedi, un homme frappe sur un tambour à l’arrière d’un camion et crie “Résistance”. C’est le député Jean-Luc Mélenchon qui bat la mesure pour le slogan de ralliement de la France insoumise, le mouvement créé peu avant la dernière présidentielle. L’élu du centre-ville avait souhaité faire de ce rendez-vous départemental une démonstration de la “nécessaire rupture de la cloison entre le mouvement social et l’action politique”. Le fruit d’un appel syndical relayé par le collectif pour le progrès social créé en 2014 et qui mêle syndicats (CGT, Solidaires, FSU), partis (quasiment toute la gauche sauf le PS) et associations (comme Attac ou le mouvement de la paix).
Les “Insoumis” avaient été invités à converger vers Marseille pour cette journée placée sous le signe de la lutte contre plusieurs réformes du gouvernement : SNCF, entrée à l’université, code du travail… Des cars ont été affrétées pour l’occasion d’un peu partout en France. On pouvait ainsi croiser des militant au “phi” venus de Lyon, de Grenoble ou encore de Paris pour constituer un imposant cortège aux couleurs de leur mouvement. “Les syndicats ont pris l’initiative d’une mobilisation et ont appelé les organisations qui voulaient s’y joindre. Donc il m’a semblé que c’était quelque chose d’exemplaire dont je souhaite qu’il puisse être reproduit partout dans le pays”, a salué le parlementaire.
Une mobilisation dans les standards
Mais la mobilisation rêvée par Jean-Luc Mélenchon, qui défend l’existence d’un “cratère marseillais”, n’a pas impulsé la dynamique espérée. Avec 58 000 personnes annoncées par les organisateurs et 6000 par la préfecture de police, la mobilisation reste dans les standards habituels de ce type de rendez-vous. “C’est une manif de militants”, constate dans le cortège une habituée de ces mobilisations.
La CGT, à l’initiative de cette journée, n’a clairement pas fait le plein de ses troupes, de même que la FSU, très présente dans les services publics. Cela n’empêche pas le secrétaire départemental de la CGT, Olivier Mateu de se féliciter de la mobilisation du jour : “Cette journée me semble plutôt réussie. Il est nécessaire que les organisations progressistes décident d’appeler ensemble à faire converger les luttes, les colères et les revendications parce que nous faisons partie du même camp, le camp des exploités.”
Chez les autres partis, l’importance prise par les “Insoumis” et leur leader dans ce rendez-vous a été diversement goûtée. Chacun a développé sa propre stratégie, un ton en dessous des amis de Jean-Luc Mélenchon. Ceint de son écharpe bleu-blanc-rouge, le député de Martigues Pierre Dharréville se félicite de “cette belle dynamique née sur ce territoire où on fait souvent les choses de manière un peu particulière” mais pas pour en faire un modèle duplicable : “C’est une contribution marseillaise mais moi, je me garderai de donner des leçons à tout le pays”. Les communistes du département, élus en tête, se sont largement mobilisés. Ils n’ont toutefois pas convié leurs voisins, une manière de “respecter le sens départemental de l’appel lancé par les syndicats, qui ont l’initiative dans le domaine social”, avait annoncé son secrétaire départemental Jérémy Bacchi dès vendredi.
Philippe Poutou en “contrepoids”
A ses côtés, le patron départemental a trouvé un autre candidat à la dernière présidentielle, Philippe Poutou du Nouveau parti anticapitaliste. Celui-ci s’est extrait du mouvement qu’il mène contre la fermeture de l’usine Ford de Blanquefort (Gironde) pour un détour marseillais lors duquel il a aussi rencontré les cheminots mobilisés à la gare Saint-Charles. “Il y a un vrai symbole ici. Beaucoup vont retenir l’unité politique des chefs de gauche mais au-delà c’est l’unité du mouvement social qui est en jeu pour nous, pour reconstruire dans l’unité un élan profond qui est le seul moyen de changer la donne”, est-il venu rappeler.
“Nous avons beaucoup bataillé pour qu’il vienne, confiait un militant marseillais du NPA. Il fallait faire contrepoids à la présence de Mélenchon pour faire ressortir le caractère collectif du mouvement”. Dans la semaine, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent avait décliné sa participation de même que Benoît Hamon dont on peinait à distinguer les quelques partisans, militants du mouvement Génération.s.
Autre force à passer inaperçue : le parti socialiste dont la nouvelle direction fédérale, issue de la gauche du parti, a appelé, sans faire partie des organisateurs, à se joindre au défilé “pour faire reculer le gouvernement [et] défendre les droits des salariés”. Tous ont rendez-vous jeudi 19 avril, pour une manifestation interprofessionnelle, à l’appel des seuls syndicats cette fois.
Commentaires
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En dépit de l’appel à la “rupture”, une vieille tradition typiquement marseillaise est scrupuleusement respectée : l’écart de 1 à 10 entre l’estimation de la police et celle des organisateurs. Si caricatural que ça fait rire la France entière : partout ailleurs, l’écart est de 1 à 2 ou de 1 à 3.
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L’essentiel des participants à ces manifestations sont des encartés syndicaux ou politiques, là en l’occurrence c’était un samedi pour permettre aux salariés du privé d’y participer (on notera la nuance induite, les salariés du public syndiqués “pouvant” manifester la semaine…). La question que l’on peut se poser est, pourquoi si peu d’engouement des “gens” à suivre ce flambeau insoumis? Le “grand soir” rêvé par JLM a bien du mal à prendre forme. 99% des habitants de la planète sont peu ou prou “exploités”, les “gens” semblent l’avoir un peu compris.
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« nécessaire rupture de la cloison entre le mouvement social et l’action politique » nous dit JLM… on croirait entendre son maître à penser, François Mitterand https://www.youtube.com/watch?v=X80cOupMgY4 , quand dans les années 70 il nous vendait la “rupture avec le capitalisme” https://www.youtube.com/watch?v=VDAYp0SsI0k .
Finalement tous ces “gens” sont des grands nostalgiques de ces années là : ils rejouent le Larzac avec ND des Landes, la lutte des Lip avec la SNCF, le Programme Commun d’Union de la Gauche avec Pierre Laurent et JLM dans les rôles de Marchais et Mitterrand et les Black Blocs dans le rôle du SO de la LCR de l’époque…
Comme le disait Mitterrand de son disciple : “«Jean-Luc Mélenchon est l’un des plus doué. Il ira loin… à condition que sa propre éloquence ne l’enivre pas.»
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Sans oublier “mai 68” dans les universités…
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Ce n’est pas parce que les années 70 ont donné lieu à la trahison des années 80 que les utopies (ou les projets) de ces années-là se trouvent disqualifié(e)s, bien au contraire : si le mouvement social porte une histoire (souvent mélancolique, parce que toujours déçue http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-M__lancolie_de_gauche-9782707190123.html), il puise aussi en elle des forces pour lutter. Le passé n’est pas qu’une illusion : il peut être aussi une espérance ?
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Arnaud, si je peux me permettre une remarque critique : le passé n’est pas une illusion mais on peut se faire facilement des illusions en embellissant le passé. Le projet de la gauche et de l’extrême-gauche de ces années là n’a pas été trahi. Pour partie, il a été dépassé par les faits : on ne peut pas dire que le tiers-mondisme progressiste ait tenu ses promesses émancipatrice, ni en Asie, ni en Amérique Latine, ni en Afrique, ni dans le monde arabe… et ce n’est pas la faute à une quelconque “trahison”. Pour partie il a très bien réussi, même si le combat d’émancipation des femmes, de la jeunesse et des “minorités” est loin d’être achevé, de réels progrès ont été fait mais la forme contemporaine de ces “progrès” c’est l’accès à la liberté individuelle de ces catégories de personnes. En cela le projet de Macron, hérite sans doute plus de cette époque que celui des “Insoumis”.
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