Malgré un procès à venir, Guérini se rappelle aux bons souvenirs des grands électeurs
En toute discrétion, le sénateur Guérini fait le tour des communes pour œuvrer à sa réélection à la haute assemblée à la tête d'une liste 13 au cœur qui rassemble ses fidèles. L'ancien patron du PS, renvoyé en correctionnelle au printemps prochain, mise sur la défiance à l'égard de la métropole pour conserver son siège.
Jean-Noël Guérini lors de sa campagne départementale en 2015. (Photo : JML)
Il fait son tour des mairies, serre la main du moindre conseiller municipal d’opposition qu’il croise. Qu’on se le dise, Jean-Noël Guérini est de retour, non pas dans les médias qu’il fuit désormais mais dans les hôtels de ville auprès d’élus qu’il a dorloté quinze ans durant à la tête du département. Dimanche 27 septembre, le sénateur tentera de garder le siège qu’il détient plus qu’il n’occupe depuis 22 ans.
La candidature est déposée alors que depuis plus de dix ans, Jean-Noël Guérini est aux prises avec la justice. Cela ne l’a jamais empêché de candidater à sa réélection, réussissant en 2015 à emporter son canton aux départementales en binôme avec Lisette Narducci comme à conquérir trois postes de sénateur sur son nom en 2014. Cette fois, son renvoi en correctionnelle pour prise illégale d’intérêts ne l’a pas freiné. Son passage devant le tribunal judiciaire est attendu au début du printemps au côté d’un frère auquel il ne parle plus. “Il est complètement aberrant que des procédures durent aussi longtemps et permettent à des gens de se présenter tout en ayant sur eux la suspicion de la culpabilité”, commente Jean Sansone, le co-référent départemental d’Anticor, association anticorruption partie civile au procès.
Une liste de fidèles
Comme en 2014, la liste “13 au cœur” de Jean-Noël Guérini n’a le soutien d’aucun parti, contrairement à ses principaux concurrents qui alignent les logos (Jean-Pierre Serrus pour LREM et le Modem, Patrick Boré pour LR et l’UDI, Stéphane Ravier pour le RN et Jérémy Bacchi pour le PCF, EELV et le PS). Mais elle possède tout de même des soutiens solides, des fidèles : la numéro deux Mireille Jouve est sénatrice sortante, Jean-Louis Canal et Jean-Louis Lepian qui la suivent sont respectivement maires de Rousset et Plan-d’Orgon. Positionnée entre eux deux, Danièle Garcia a géré 23 ans la mairie d’Auriol avant d’intégrer in extremis la chambre haute à la faveur du retour de Michel Amiel à la mairie des Pennes-Mirabeau en mai.
“C’est vrai que sur sa liste, il y a des gens qui comptent ou ont compté. Cela montre qu’il a encore une influence”, admet Jérémy Bacchi. Le secrétaire départemental du parti communiste qui brigue son premier mandat à la tête d’une liste d’union de la gauche module : “Pas facile de savoir ce que ça représente”. Comme lui, les habitués de la politique locale peinent à analyser le maigre corps électoral de 3488 élus et délégués dont entre 350 et 450 devront pencher vers la liste Guérini pour lui permettre de garder son fauteuil.
Face aux grands électeurs, Jean-Noël Guérini reprend une ritournelle habituelle : son combat contre la métropole. Soutien affiché, Michel Amiel l’a reçu en mairie aux Pennes-Mirabeau : “Comme il nous l’a dit, il a eu tort d’avoir raison trop tôt”, dit-il en référence à sa position sur une métropole de projets à l’écoute des maires, un discours désormais repris par Martine Vassal. “La loi 3D [pour décentralisation, déconcentration et différenciation, ndlr] va arriver au Sénat. Il faudra des voix qui portent pour défendre le territoire et Jean-Noël Guérini est de celles-là.” C’est effectivement le refrain entendu par Christian Amiraty (ex-PS) qui l’a reçu à sa mairie de Gignac-la-Nerthe : “Il nous a dit principalement que c’est la commune et la proximité qui comptent et que la loi 3D est fondamentale pour les maires. Il dit que le Sénat est l’émanation des collectivités et, comme les autres, il s’est engagé à être à l’écoute du terrain.”
La “dette” de l’aide aux communes
Mais il mise surtout sur son passé. “Il ne faut pas oublier qu’en tant que président du conseil départemental, il a fait des choses qui plaisaient aux uns et aux autres”, expose-t-on dans l’entourage de Mario Martinet, maire de Berre-l’Étang et président du groupe majoritaire au département sous la présidence Guérini. Parmi ses armes de l’époque, il y avait la puissante aide aux communes départementale dont il avait largement privé Marseille. “Il joue sur la dette qu’il estime avoir à récupérer”, maugrée un grand électeur bien implanté dans l’ouest du département.
Depuis, la relation n’a jamais été coupée : “Je recevais des coups de téléphone régulièrement pour voir si tout allait bien. Il n’y a pas eu de rupture du tout, il a gardé des relations avec tous les maires. Monsieur Guérini ne se présenterait pas s’il se disait qu’il s’était coupé des maires et des réalités territoriales”, raconte Christian Amiraty. Mais cela ne suffit pas forcément. Désormais étiqueté “divers centre” après avoir été membre du Parti socialiste jusqu’en 2015, Christian Amiraty ne votera pas pour lui. “Grâce à Martine Vassal, je suis membre du bureau de la métropole, j’assumerai mon choix”, dit-il. Ce qui n’empêchera pas Jean-Noël Guérini de convaincre une partie de la vingtaine d’élus de Gignac, pense-t-il : “Mon conseil municipal est pluriel. A partir du moment où il y a des gens proches des Républicains et d’autres de la gauche unie, la répartition va se faire assez naturellement.”
Lui se voit “incontournable”
En campagne, Jean-Noël Guérini se décrit, selon deux de ses interlocuteurs, comme “incontournable dans la future reconfiguration politique dans le département aux élections de l’année prochaine”. Lors des dernières municipales, plusieurs candidats l’avaient volontiers accueilli comme soutien. Il n’est pourtant pour certains clairement plus un choix d’avenir. Au département, Martine Vassal sait elle aussi user de l’aide aux communes et la dernière de la liste de droite pour les sénatoriales a depuis sa réélection à la tête de l’intercommunalité adopté une ligne proche de la sienne sur le rôle de l’institution. Et si un rapprochement s’est opéré ces derniers mois entre les deux, difficile de savoir ce que cela peut apporter à Jean-Noël Guérini dimanche. Ailleurs, les têtes se renouvellent, comme à Marseille. “Il a essayé d’appeler des élus ou des délégués mais il est complètement démonétisé”, sourit un conseiller municipal de la majorité Rubirola qui n’a pas oublié que Jean-Noël Guérini a soutenu la droite lors des dernières élections.
À l’arrivée, il pourrait aussi profiter du désamour d’électeurs fâchés avec leur famille politique. “Je pense qu’à gauche, il va y avoir de la déperdition, explique un conseiller municipal EELV. Le choix de Jérémy Bacchi du PCF comme celui de recaler le maire de Miramas Frédéric Vigouroux qui aurait pu incarner les territoires ne joue pas en la faveur de cette liste.” Dimanche soir, le vote Guérini pourrait aussi ressembler à un vote protestataire.
Commentaires
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“le sénateur” (sic 🤐) ” tentera de garder le siège qu’il détient plus qu’il n’occupe depuis 22 ans. ”
Excellent résumé d’un verrouillage incroyable.
Pour un conseiller municipal, faut vraiment pas avoir de figure pour voter encore pour ce vieux crabe qui continue à polluer la nasse…. ” Des dettes”…. Dettes, ou casseroles ?
Sa dernière “élection” a la présidence du CG 13 avait permis de voir dans son parti, feu le PS, qui avait un peu d’honneur. Pas grand monde donc, y compris certain(e)s qui devaient (re) devenir ministres ou député(e)s
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Le Parrain fait le tour de ses obligés. Bacio la mano……
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En région parisienne on a aussi connu des élus inamovibles…………
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Dans le langage professionnel 3D signifie “Dératisation, Désinsectisation, Désinfection”. Ca ne s’invente pas…
Si la procédure judiciaire est aussi longue le concernant, ce n’est certainement pas un hasard.
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Un seul mot : HONTEUX !!!
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Bien d’accord, on reste, hélas, dans la vieille politique… À quand le procès Guerini attendu depuis bien longtemps ?
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