Le nombre d’appels d’urgence au 115 a doublé en cinq ans dans la région
La Fondation Abbé-Pierre a présenté ce mardi la déclinaison régionale de son rapport annuel sur le mal-logement. L'offre d'hébergements d'urgence et de logements sociaux est selon elle particulièrement préoccupante.
Le nombre d’appels d’urgence au 115 a doublé en cinq ans dans la région
“La trêve hivernale s’achève aujourd’hui. Ce qui signifie une reprise des expulsions, une grande source d’inquiétude pour les locataires et pour nous-mêmes”, pose d’emblée Aude Lévêque, chargée de mission à l’agence régionale de la Fondation Abbé-Pierre, qui rendait public ce mardi son rapport annuel. L’année dernière en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 642 ménages ont été expulsés. 1 500 autres ménages ont quitté leurs logements d’eux-mêmes, sans attendre d’y être contraints. “C’est autant de foyers susceptibles de n’avoir pas trouvé de solution de logement”, souligne Aude Lévêque. Une situation particulièrement préoccupante au vu de la dégradation des services d’hébergement d’urgence.
À l’échelle régionale, le nombre d’appels au 115 a doublé en cinq ans, atteignant 123 000 demandes l’année dernière. Parmi elles, un tiers n’aboutit pas, “sans compter les demandeurs qui n’arrivent jamais à avoir un interlocuteur au bout du fil, puisque les lignes d’appels sont saturées”, ajoute la chargée de mission. Pour les autres, les réponses apportées sont souvent de l’ordre du très court terme. En particulier dans les Bouches-du-Rhône où, selon une règle locale, le 115 ne peut attribuer que dix nuitées à l’hôtel par demandeur et par an.
Les membres de la Fondation constatent ainsi une “saturation des dispositifs d’hébergement dans les Bouches-du-Rhône”. Les centres d’hébergement sont occupés par des publics désireux d’accéder à un logement pérenne, mais l’offre manque. Dans le département, 53 500 nouveaux foyers demandeurs étaient inscrits au 1er décembre 2017. Soit, 9 000 demandes supplémentaires en un an. Au final, seuls 7 800 logements ont été attribués dans les Bouches-du-Rhône sur l’année.
Les très précaires écartés des logements sociaux
En septembre, la présentation d’un plan quinquennal pour le “Logement d’abord” a redonné un peu d’espoir à la Fondation. Ce plan prévoit de créer 40 000 logements par an pour des publics très précaires, et autant dans le parc locatif privé. Vendredi, 24 territoires ont été sélectionnés pour accélérer la mise en place du plan. Mais Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, se dit surpris par la non-réactivité locale : “Beaucoup de territoires avaient répondu à l’appel pour participer. Nous n’avons vraiment pas compris pourquoi la métropole d’Aix-Marseille ne l’a pas fait. C’est la seule métropole de France à n’avoir pas candidaté.” Autre particularité régionale soulevée avec regrets par la Fondation : la région compte toujours 72 des 269 communes de France carencées en logements sociaux.
“Il faudrait attribuer les logements sociaux en priorité aux ménages les plus pauvres”, souligne la Fondation Abbé-Pierre. Or, actuellement, la politique dans la région serait plus favorable aux demandeurs gagnant le SMIC, qu’aux ménages à très faibles revenus. À l’automne dernier, Aix et Marseille avaient été pointées pour le manque de logements dits très sociaux. Ainsi, dans la région, un demandeur percevant moins de 500 euros par mois n’a qu’une chance sur cinq d’accéder à un logement social dans l’année selon la Fondation. Mais le recours aux procédures DALO, pour droit au logement, ne donne suite dans la région qu’à des résultats très limités. Moins de la moitié des recours acceptés débouche sur l’attribution d’un logement.
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