L'UMP des Bouches-du-Rhône tient sa droite

L'UMP des Bouches-du-Rhône tient sa droite

Elles sautent comme des cabris en arrivant à la fédération des Bouches-du-Rhône de l'UMP. Sylvie Carrega et Caroline Pozmentier arborent un large sourire trois heures après la clôture du vote pour la présidence de l'UMP. "On l'a explosée ! Elle est morte !", lâchent-elles enlaçant fougueusement chacun des militants présents. "Elle", c'est la députée Valérie Boyer, Filloniste, qui n'a pas réussi à faire triompher son candidat dans sa circonscription. Copé a même fait 72 % pour la plus grande joie de Carrega et Pozmentier, soutiens de l'autre élu fort du secteur Roland Blum qui avait opté pour le maire de Meaux.

Pourtant, pendant des semaines, chacun essayait de faire bonne figure sur le mode "Vous savez, nous, chez [insérer ici le nom de votre candidat favori], on considère qu'il faut se garder de toute interprétation locale". Mais, derrière ce discours de façade, chacun faisait ses petits comptes. Dans la première circonscription, il fallait ainsi tester la légitimité d'un ticket plaçant Blum devant Boyer pour conduire une liste dans le secteur aux municipales de 2014. Boyer balaie ce score en soulignant que, dans une section tenue par Roland Blum depuis 30 ans, elle n'a "pas eu accès au fichier militant" et qu'il serait donc malvenu d'en tirer des conclusions.

Un recours à La Ciotat

La victoire de Jean-François Copé est nette et a priori sans trop de bavures – les huissiers ont encore frappé – malgré un recours poussé par les fillonistes concernant "des procurations anonymes" distribuées dans les files d'attente du côté de La Ciotat.  Un peu plus de 7000 personnes ont voté et le score se situe dans la moyenne, sans plus, des estimations des derniers jours de vote : 62 % pour l'actuel secrétaire général du parti.

Bruno Gilles dans le 4/5 et Roland Blum donc ont amené Copé au-delà des 70 % comme Bernard Reynès du côté de Châteaurenard et Bernard Deflesselles dans le pays d'Aubagne. À noter, la petite forme des 6e et 8e arrondissements, ceux de Dominique Tian et du maire Jean-Claude Gaudin avec 64 % : l'électorat bourgeois a pour partie mal digéré le pain au chocolat, explique-t-on chez les copéistes.

À 38 %, François Fillon limite la casse, ces principaux soutiens ayant réussi à l'amener en tête dans leur circonscription comme Guy Teissier à Marseille (57 %) et Éric Diard sur la Côte bleue (53,44 %). Dans la 3e circonscription de Marseille (qui correspond à gros trait au 13/14), Valérie Boyer, la responsable de la section (qui n'est donc pas sa circonscription d'élection), a sauvé la face d'une voix dans un secteur où le parti compte peu de militants (233 votants).

Ces résultats acquis, chacun reste prudent ce lundi et les téléphones sonnent désespérément dans le vide. En cause bien sûr, le gigantesque cirque national des annonces et démentis et l'attente de la fumée blanche en provenance de la désormais célèbre Cocoe – la commission de contrôle. Une victoire claire de Fillon aurait donné du crédit à Guy Teissier dont l'entourage avait fait du choix de Fillon "le premier étage de la fusée" qui devait lui permettre d'alunir en tête lors des municipales. L'étroitesse du succès éventuel devrait largement limiter le décollage espéré.

La motion Peltier largement en tête

De manière générale, le nouveau pape n'aura que peu d'influence dans les Bouches-du-Rhône. Bruno Gilles est bien assis dans son fauteuil de secrétaire général : "C'est Copé qui m'a nommé et cela a été validé par le comité départemental. Si Fillon veut me remplacer, je lui souhaite bon courage pour trouver une majorité !" Quant à Jean-Claude Gaudin, il abandonnera, quel que soit le vainqueur, la présidence de la très stratégique mais chronophage commission nationale d'investiture.

L'orientation future de la fédération UMP 13 est déjà inscrite dans le marbre des motions. Elle renforce son secrétaire départemental. Les militants des Bouches-du-Rhône ont placé en tête avec 32% des suffrages La droite forte, l'orientation proposée par Guillaume Peltier, ex lepéniste et villiériste, représentant la droite du parti. Ajouté à la déclinante droite populaire et ses 18 %, la frange la plus décomplexée mènera la danse. Tant pis pour Gaudin qui avait donné meeting pour la France moderne et humaniste avec Jean-Pierre Raffarin. "On n'a pas fait campagne pour les motions", calme Yves Moraine, fidèle soutien du sénateur-maire.

Donné vainqueur au niveau national, Peltier s'est donc taillé un beau succès, lui qui multiplie ici les formations avec les militants et fait même du media training avec les élus locaux comme, récemment, avec ceux du conseil régional. "On veut coller aux thématiques que l'on entend sur le terrain : autorité, travail, respect", explique Monique Robineau qui, interrogée sur les propositions précises de la motion Peltier, reporte la discussion car elle ne s'y est "pas vraiment penchée". Aidons-la donc un petit peu : "reconnaissance de la tradition chrétienne de la France", "signature d'une charte républicaine pour les musulmans", "40 heures de travail hebdomadaire" pour tous, "suppression du logement social au profit de la propriété sociale" et "plafonnement des aides à 75 % du Smic" entre autres. Tout un programme.